Beaucoup désespèrent et parlent de crise de l'engagement, de dépolitisation, de crise du lien social, du déclin d'intérêt pour la chose publique... Plutôt que de partir de ce « lamento », Jacques Ion pose la question en ces termes : « Et si l'ainsi nommée crise du militantisme n'était que le produit de l'aveuglement à voir le nouveau quand l'ancien se défait ? ». En fait, le titre de l'ouvrage de Jacques Ion étudié ici, La fin des Militants ? (1997) est révélateur du but que s'assigne l'auteur. Face aux mutations observées des groupements que l'on dit volontaires, intervenant dans l'espace public (partis, syndicats, associations), l'auteur prend appui sur le modèle classique français, « l'engagement militant », dans le but de définir, par distinction, le type d'engagement actuel : « l'engagement distancié ». D'où le titre de l'ouvrage qui à la fois évoque le poncif d'une crise du militantisme (au sens large d'engagement) et sous-entend la thèse de Jacques Ion du passage du modèle « militant » au modèle « distancié ». L'auteur va ainsi montrer que la fin du modèle « militant » comme modèle dominant n'est pas la fin de l'engagement : « La configuration militante [...] se révèle de moins en moins efficace. Ceci ne veut pas dire que l'intervention bénévole dans l'espace public serait aujourd'hui en régression [...] Cela veut seulement dire que le militantisme tel qu'il s'est exercé depuis un siècle n'est peut-être qu'une modalité parmi d'autres de l'engagement et que de nouvelles formes de participation sociale sont en gestation, correspondant à l'évolution des rapports entre la société et l'individu. »
Il s'agira donc pour nous d'étudier le passage de l'engagement « militant » à l'engagement « distancié », qui constitue, en somme, la thèse globale de l'ouvrage. Comment celui-ci s'effectue-t-il ? Quelles caractéristiques sont attribuées à chacun des modèles ?
[...] ) que dans les groupements intervenant dans l'espace public que l'auteur étudie spécifiquement. D'ailleurs, on peut expliquer le développement d'organisations auto- centrées comme une réaction à l'affaiblissement de l'aspect sociabilité des groupements intervenant dans l'espace public, à l'individuation, et non pas comme un phénomène premier et majeur. C'est pourquoi l'auteur n'adhère pas à l'hypothèse du tribalisme proposée par Michel Maffesoli et affirme la puissance du phénomène d'individuation actuel face à Maffesoli qui parle de fin de la civilisation individualiste. II. [...]
[...] ) tout en admettant une transitivité des adhésions aussi bien qu'une temporalité limitée (des militants font partie de plusieurs mouvements, d'autres passent du PS à la LCR ou de la LCR au PS . Ainsi on refuse de nommer post-it ce qui reste un engagement quasi professionnel tout en admettant que si on le nomme timbre (c'est-à-dire que le combat du militant fait partie intégrante de sa vie), le militant a la capacité de le retirer plus facilement qu'avant. La typologie semble donc trop stricte et l'engagement dépendra aussi de l'âge du militant, du fait qu'il ait des enfants ou pas . [...]
[...] Mais un propos parfois contestable sur la forme Il convient d'abord de préciser rapidement que l'ouvrage présenté ici est parfois répétitif (on retrouve les mêmes éléments dans les chapitres 2,3,4 que dans le chapitre 5 et la conclusion, par exemple le cas des niches est développé d'une manière quasi identique aux chapitres 3 et 5). Mais d'autres éléments touchant à la forme sont contestables. L'auteur choisit en effet de traiter tous les groupements du même coup. Or, il semble que partis, syndicats, et associations n'aient pas connu exactement les mêmes évolutions. [...]
[...] ) ne permettent pas de cerner toute la complexité d'un champ de groupements volontaires aux multiples faces. L'ouvrage permet toutefois de comprendre certaines grandes tendances d'évolution de l'engagement et d'aborder plusieurs grands débats concernant la participation citoyenne, le lien social ou le pragmatisme . [...]
[...] Ou encore, on peut être né dans un milieu plutôt communiste et ne pas suivre cette voie. Ainsi, on cible bien l'autonomie des individus au sein des groupements, liée au processus global d'individuation de la société, et ce en faisant appel au simple sens commun. Enfin, le livre de Jacques Ion est intéressant dans la mesure où il évoque des thèmes et débats qui ne concernent au fond pas les seuls groupements mais aussi la société dans son ensemble. D'abord, le thème de la participation est récurrent, ou plutôt celui de la non-participation, ou de la crise de la participation. [...]
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