Elite, Birnbaum, système Giscard, république des fonctionnaires
Les manifestations concrètes de l'Etat dans son fonctionnement et son action dépendent pour beaucoup du personnel qui y travaille, de par son origine socioprofessionnelle, son réseau relationnel ainsi que ses stratégies et opinions politiques. Ainsi, les antagonismes qui peuvent exister au sein de la société se retrouvent dans les sphères étatiques et tout particulièrement au gouvernement et dans la haute administration.
Si elle peut paraître linéaire, l'histoire de l'Etat français et de son personnel que nous présente Birnbaum se révèle en fait très complexes, de par la variété des facteurs et variantes qu'elle entend incorporer : si l'Etat semble ainsi évoluer vers une plus grande spécificité de son appareil et autonomie de son action de par son recours massif aux membres de la haute administration, les liens qu'il entretient avec le monde des affaires comme le personnel politique professionnalisé évolue sans cesse, et si la plus grande autonomie de l'Etat entraine dans un premier temps une tendance à l'omnipotence de ce dernier (gaullisme), le rapprochement qui s'en suit avec les milieux des affaires (système Giscard) et une rétraction de son action reste toujours fragile, car soumis au suffrage qui pourrait se révéler hostile à une nouvelle fusion trop évidente des pouvoirs politico-administratifs et économique.
[...] Etudes Politiques Fiche de lecture : Pierre Birnbaum, Les sommets de l'Etat, essai sur les élites au pouvoir en France. L'auteur : Pierre Birnbaum est un sociologue français du politique, enseignant à l'Université Paris I (Panthéon Sorbonne). Il est également membre de l'Institut Universitaire de France depuis 1992, et professeur associé à l'Université de Columbia à New York. Ses spécialités sont l'étude comparée de l'Etat, l'étude de la citoyenneté et, pour ce qui nous intéresse, les élites au pouvoir. Le présent ouvrage est le prolongement d'une conférence prononcée par Pierre Birnbaum à l'Université d'Oxford en 1975, consacrée au pouvoir politico-administratif en France. [...]
[...] Le prestige lié à la fonction de parlementaire diminue encore, seul des députés non reconduits parvenant à améliorer leur situation professionnel par rapport à avant leur mandat, les variables partisanes et professionnelles étant encore essentielles. Les députés conservent cependant un rôle important à échelle locale, ou ils peuvent servir de moyen de connexion avec le pouvoir central du fait de leurs réseaux de relation. Le gouvernement quand à lui, n'est plus le reflet du parlement : le nombre de haut fonctionnaires est multiplié par trois dans les ministères, gardant sa spécificité fonctionnelle par rapport au privé pour construire une nouvelle division corporative. [...]
[...] Conclusion : Les manifestations concrètes de l'Etat dans son fonctionnement et son action dépendent pour beaucoup du personnel qui y travaille, de par son origine socioprofessionnelle, son réseau relationnel ainsi que ses stratégies et opinions politiques. Ainsi, les antagonismes qui peuvent exister au sein de la société se retrouvent dans les sphères étatiques et tout particulièrement au gouvernement et dans la haute administration. Si elle peut paraître linéaire, l'histoire de l'Etat français et de son personnel que nous présente Birnbaum se révèle en fait très complexes, de par la variété des facteurs et variantes qu'elle entend incorporer : si l'Etat semble ainsi évoluer vers une plus grande spécificité de son appareil et autonomie de son action de par son recours massif aux membres de la haute administration, les liens qu'il entretient avec le monde des affaires comme le personnel politique professionnalisé évolue sans cesse, et si la plus grande autonomie de l'Etat entraine dans un premier temps une tendance à l'omnipotence de ce dernier (gaullisme), le rapprochement qui s'en suit avec les milieux des affaires (système Giscard) et une rétraction de son action reste toujours fragile, car soumis au suffrage qui pourrait se révéler hostile à une nouvelle fusion trop évidente des pouvoirs politico-administratifs et économique. [...]
[...] Ces trois grands groupes ne sont ni complètement homogènes, ni sans lien les uns avec les autres, puisque ils constituent les trois piliers du personnel de l'appareil d'Etat, dans les assemblées parlementaires, les ministères ou l'Elysée. Par ailleurs, ces trois groupes sont détenteurs de valeurs, compétences et intérêts distincts, car positionnés dans le champ social, c'est à ce titre que l'on peut parler de personnel de l'Etat. Plus loin, Pierre Birnbaum s'intéresse aux ressemblances et différences entre le personnel parlementaire et le personnel gouvernemental, et l'utilité sociale des postes de parlementaires ou de ministres, en s'intéressant au devenir professionnel des uns et des autres. [...]
[...] Enfin, le gouvernement s'avère être peu ou prou le reflet du parlement, les ministres étant aussi députés. Cependant, si le corps politique a réussi à se constituer en ensemble autonome des milieux économiques et de l'administration, il ne parvient pas à s'imposer à ces derniers, qui restent fortement cooptés et socialement homogènes. En effet, les députés des IIIème et IVème Républiques non reconduits stagnent professionnellement, une minorité, et ce notamment en fonction de l'appartenance partisane (libéraux, centre droit) et de l'appartenance socioprofessionnelle antérieure (hauts fonctionnaires) parviennent à tirer avantage de leur passage au parlement, en s'insérant dans la haute administration publique ou privé, ce qui laisse à penser que la fonction parlementaire reste relativement neutre dans la mobilité sociale des députés. [...]
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