Le nouvel esprit de la démocratie. Actualité de la démocratie, participative, Loïc Blondiaux, participation
Lors de l'élection présidentielle de 2007 en France, deux visions différentes du pouvoir se sont affrontées, l'une incarnée par Nicolas Sarkozy, l'autre par Ségolène Royal. Le premier s'inscrit dans un modèle remontant au XVIIIe siècle de démocratie représentative : le président est délégataire de la volonté générale, solitaire et omniscient, capable de décider seul et sur tous les sujets. La seconde met en place des jurys citoyens afin de fonder un programme politique et d'évaluer l'action des gouvernements. Cette initiative de permettre à la parole citoyenne de se manifester davantage dans l'espace public a soulevé de nombreuses interrogations : relève t-elle d'une « démocratie d'opinion » en recherche de modes nouvelles ? Vise t-elle à manipuler les citoyens en leur faisant croire que davantage de proximité est synonyme de changement alors que le socle de légitimité de la décision politique reste inchangé ? N'affaiblit-elle pas encore davantage les structures traditionnelles de représentation sans réelle promotion de la participation citoyenne ?
[...] La recherche d'un jugement public éclairé, parce que informé et issu d'une délibération large et approfondie, conduit à rendre plus transparent la nature du débat public et à faire jouer un rôle nouveau aux médias. Le sixième est l'apparition d'une exigence de justification continue de la décision politique et de l'exercice du pouvoir en démocratie. Même si le pouvoir de décision reste entre les mains des représentants élus, ceux-ci ont l'obligation de rendre des comptes en permanence sur leurs choix. [...]
[...] Dans la conclusion, Loïc Blondiaux explore la question de savoir s'il est possible de dégager les conditions d'une véritable démocratisation de la représentation par la participation. Le bilan nuancé des expériences participatives présenté dans les chapitres précédents l'amène à énoncer six recommandations : prendre au sérieux les formes matérielles de la discussion en portant par exemple une attention particulière au cadre de la participation, aux règles de la discussion, aux moyens accordés ; encourager l'émergence de pouvoirs neutres sous la forme d'un acteur tiers, garant du bon déroulement des opérations de participation ; promouvoir une constitution démocratique mixte qui consiste à reconnaître au citoyen le droit d'exercice permanent d'un pouvoir informel de critique, d'évaluation, de contestation : ce que Pierre Rosanvallon décrit sous le nom de contre-démocratie ; jouer sur la complémentarité des dispositifs car il ne saurait exister de formule idéale ou de procédure reine, aucune forme de dispositif participatif ne pouvant prétendre à lui seul répondre à toutes les finalités qui peuvent être recherchées au travers de la participation ; préciser la relation de la participation finale à la décision car c'est la condition pour que les citoyens jugent de l'opportunité de participer et en acceptent les droits et les devoirs. [...]
[...] Actualité de la démocratie participative Le livre comporte une brève introduction, quatre chapitres et une conclusion. Dans le premier chapitre, Loïc Blondiaux mène une enquête rétrospective sur les dispositifs participatifs en France et à l'étranger. Dans le second, il examine les écrits théoriques qui inspirent l'idéal de participation et analyse comment les tensions sur le plan théorique se manifestent sur le plan de la pratique dans le cas de trois dispositifs participatifs particuliers qui recueillent aujourd'hui une forte adhésion. Dans les troisième et quatrième chapitres, il s'intéresse respectivement aux limites et dérives des dispositifs participatifs et à leurs apports. [...]
[...] Terminons en rappelant que les lignes d'analyse nous ont semblées trop implicites et les deux premiers chapitres mal structurés. En effet, l'étude détaillée des trois dispositifs participatifs, au deuxième chapitre, déstabilise un lecteur qui se serait attendu à plus de détails au moment où les-dits dispositifs furent cités pour la première fois, c'est-à-dire au premier chapitre. Aussi, il convient de mentionner en dernier lieu que l'auteur fait montre d'un parti pris excessif : il ne développe pas ce qui a échoué en matière de démocratie participative et se contente seulement d'énoncer quelques thèses contraires à la sienne en introduction L'objectivité semblerait être délaissée au profit d'un discours implicitement moralisateur : comment en effet un citoyen ordinaire peut-il s'opposer à un élargissement des ses prérogatives en ce qui concerne son droit de regard sur l'activité politique ? [...]
[...] De plus, il faut se rappeler que la notion d'intérêt général n'est pas la simple addition d'intérêts particuliers et on peut se demander comment la démocratie participative peut arriver à les transcender. Par ailleurs, il semble oublier que dans le cas de référendum, très souvent en France jusqu'à présent, les électeurs ne se prononcent pas réellement sur la question mise en vote, leur démarche est uniquement en réaction à une situation politique préexistante. On peut cependant peut- être espérer qu'avec une pratique plus systématique, comme en Suisse, ce type de perception de la procédure référendaire s'atténue. [...]
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