En 1997, Quentin Skinner, sous sa nouvelle qualité de Regius Professor d'Histoire Moderne à l'Université de Cambridge, profère sa leçon inaugurale. L'essai Liberty Before Liberalism (traduit en français: La Liberté avant le libéralisme, Seuil) publié un an plus tard en est la transcription. Q. Skinner est l'un des plus éminents spécialistes contemporains de la pensée politique—à en croire sa décoration au Prix Balzan en 2006. Il est, de manière générale, perçu comme l'un des deux principaux membres de ce qu'on a appelé The Cambridge School, conjointement à J.G.A. Pocock. Cette 'école de Cambridge' est connue pour son étude du "langage de la pensée politique" ("languages of political theory", Pagden), qui se nourrit particulièrement des travaux de Skinner. C'est dans des ouvrages fondamentaux tels The Foundations Of Modern Political Thought (1978), ou Visions of politics (2002), que Skinner jette les bases de la "révolution skinnérienne" (Hespanha, 2003) de l'histoire des idées—sur laquelle je reviendrai.
[...] Skinner, penser le libéralisme sans passer par la compréhension des idées qui en étaient les concurrentes au moment de sa création. C'est pourquoi l'étude historique chez Skinner passe par la lecture de textes non canoniques. C'est ce que certains ont appelé "histoire des losers". Et de surcroît, dans Liberty before liberalisme, Skinner accorde une importance particulière aux auteurs mineurs au sein même du courant néo-romain. Skinner comprend ces textes d'abord comme des discours s'adressant à un public immédiat. Et il emprunte des outils analytiques à la théorie des speech acts de J. Austin selon laquelle le discours est un acte. [...]
[...] Cette 'école de Cambridge' est connue pour son étude du "langage de la pensée politique" ("languages of political theory", Pagden), qui se nourrit particulièrement des travaux de Skinner. C'est dans des ouvrages fondamentaux tels The Foundations Of Modern Political Thought (1978), ou Visions of politics (2002), que Skinner jette les bases de la "révolution skinnérienne" (Hespanha, 2003) de l'histoire des idées sur laquelle je reviendrai. Liberty Before Liberalism a une place particulière dans le projet skinnerien.Skinner y opère un travail "d'archéologie des idées" (Skinner,1998). L'auteur nous amène dans le Royaume-Uni de Charles I pour nous faire découvrir la Théorie Néo-Romaine des Etats-Libres. [...]
[...] C'est pourquoi Liberty Before Liberalism est une oeuvre quintessentielle du projet skinnérien, et inaugure une nouvelle histoire des idées. Le livre en question est divisé en trois grands chapitres: "La théorie néo-romaine des Etats-libres", "Etat-libre et libertés individuelles" et "La liberté et l'historien". Skinner y décrit l'ascension et la chute de la théorie néo-romaine, puis analyse la conception de liberté que celle-ci met en exergue( et qui sera critiquée par les libéraux) pour enfin discuter du rôle de l'historien des idées. [...]
[...] Il ne s'agit pas de proposer une alternative à la théorie libérale, mais plutôt de nous permettre "d'acquérir une compréhension bien informée de concepts que nous employons aujourd'hui sans y penser". Il aura fallu retourner à l'Angleterre des débuts de l'ère moderne pour retrouver ce "trésor intellectuel"; il aura fallu remonter au moment même de la fondation de la théorie libérale pour voir que la liberté des modernes a été pensée autrement. Mais ce que Skinner tente de démontrer par son étude de la théorie néo-romaine est que " les historiens des idées feraient mieux de ne pas s'attacher exclusivement ou même principalement à un canon de textes prétendument classiques, mais plutôt à la place qu'occupent ces textes au sein de traditions et de contextes de pensée plus larges". [...]
[...] Lisez Skinner. Même si ces auteurs sont plutôt convaincus " que lorsque nous parlons de volonté du peuple nous faisons référence, en réalité, à la volonté de la majorité. Il en découle que la tyrannie comme toute forme de gouvernement monarchique soient incompatibles avec le maintien de la liberté publique, ce qui vient contredire l'analyse de Hobbes. La servitude apparait avec l'existence de pouvoirs discrétionnaires. Un débat sur "liberté positive" et "liberté négative" a été soulevé par Isaiah Berlin; je ne le traiterai pas. [...]
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