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« Qu'ils s'en aillent tous ». Tel est le titre d'un essai que Jean-Luc Mélenchon a publié en Octobre 2010. Revendiquant lui même le titre de populiste, il a été comparé à Marine Le Pen dans un dessin de Plantu, notamment sur cette dénonciation commune des dysfonctionnements de la démocratie représentative.
Tout deux exploitent un sentiment répandu chez les français : 57% d'entre eux pensent que la démocratie ne fonctionne pas bien en France (CEVIPOF, janvier 2011), signe que le principe de représentativité est en crise. Le populiste est un courant politique qui
exploite cette crise, quand bien même le terme est plus souvent utilisé comme une arme rhétorique
contre des adversaires politiques.
Deux chercheurs de Sciences Po, Yves Mény et Yves Surel, s'emploient à refonder un usage scientifique de la notion en étudiant la diversité du populisme et en identifiant des fondements communs comme la référence constante au peuple. Ainsi lorsque la
candidate Ségolène Royal proposa la mise en place de jury citoyens en 2006, sa démarche fut qualifiée de populiste par certains commentateurs.
Pour la candidate socialiste, cet élément de démocratie participative devait pourtant renforcer la légitimité des représentants politiques. Le politologue Loïc Blondiaux étudie les apports et les limites actuels des expériences de démocratie participative.
[...] Blondiaux souligne le risque de s'enfermer dans une politique essentiellement locale, où les citoyens ne viendraient que défendre leur intérêt (construire des jeux pour enfants près de sa propre résidence et non pas là où on en aurait besoin . De toute manière, dans bien des cas les élus locaux ont montré peu d'enthousiasme à abandonner une partie de leur pouvoir. Ils ont habilement manipulé la rhétorique sans pour autant donner les moyens nécessaires à la réussite de ces outils participatifs. C'est pourquoi la critique de populisme est souvent assénée aux personnalités manipulant ce discours. Ils utilisent le recours au peuple de manière pragmatique. [...]
[...] Le mandat impératif fut interdit et des contrepoids (checks and balances) furent mis en place pour que le pouvoir arrête le pouvoir La tendance récente fut très favorable au Constitutionnalisme puisque plusieurs prérogatives furent enlevées aux Parlements occidentaux comme par exemple celle de battre monnaie, avec la constitution de Banque Centrale indépendante. De plus la mondialisation n'a cessé de diluer le pouvoir national dans des instances supranationales et a accru l'indépendance du marché et des groupes financiers géants. Ainsi lorsque des crises économiques endommagent à répétition les économies occidentales, les citoyens se tournent vers des politiques qui n'ont plus, ou très peu de moyens d'action. Y. Mény et Y. [...]
[...] (C'est d'ailleurs ce dernier aspect qui a fait bondir les commentateurs lors de la comparaison effectué par Plantu : la divergence idéologique extrême entre le Front de Gauche et le FN nous fait nous demander si la simple référence constante au peuple suffit à définir le populisme). Le peuple est aussi entendu en tant que Nation : c'est l'aspect culturel : ici les populistes opposeront les immigrants aux nationaux, eux contre nous. Ils s'appuieront sur un peuple révé, imaginé, sur des symboles nationaux relevant de l'histoire nationale : défilé du 14 juillet au FN. Cette référence au peuple en tant que nation vient exploiter les peurs de perte d'identité nationale crée par la mondialisation et l'immigration. [...]
[...] Ainsi les Suisses de l'UDC, ancien parti agrarien, utilisent pleinement les instruments de démocratie directe pour imposer leur thème sur l'agenda politique. En 2009, ils réussirent à faire voter une initiative populaire interdisant la construction de minaret en Suisse. Dans ce pays où les votations sont de moins en moins fréquentées, la démocratie directe ne semble pas avoir augmenté l'intérêt à la politique. Conclusion La crise de la représentativité qui frappe nos démocraties occidentales découle de plusieurs facteurs économiques et politiques. [...]
[...] Ils vont notamment expliquer la diversité des populismes par les différentes acceptations du mot peuple. Les populistes revendiquent tout d'abord le peuple en tant que peuple souverain : c'est le côté politique étudié jusqu'à présent, commun à tout les populismes. Redonner au peuple le contrôle de la politique que des élites corrompues auraient monopolisées. Les affaires de corruption servent parfaitement cette critique car elles montrent que les représentants se sont peu à peu transformés en une sorte d'oligarchie, vivant sur le dos du peuple, ne servant aucunement ces intérêts. [...]
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