Historien français, et professeur émérite des Universités à Sciences Po Paris, Pierre Milza est notamment un grand connaisseur du fascisme italien. Dans « Les fascismes », l'historien cherche à étudier la genèse et l'affirmation du fascisme tout au long du XXe siècle.
Selon l'auteur, le fascisme coïncide avec l'ère des impérialismes et de la concentration industrielle, dans le cadre de l'Etat Nation. Il est donc inscrit dans un contexte précis. C'est également le résultat d'une crise du système libéral auquel il apparaît comme un signal de détresse. Cette crise touche particulièrement la petite bourgeoisie. L'accès au pouvoir se fait grâce à l'alliance tactique entre grands intérêts privés et classes moyennes. Le fascisme, une fois au pouvoir, renforce la structure capitaliste. Enfin, il engendre une restructuration du corps social par l'embrigadement des masses.
Selon l'auteur, si ces conditions ne sont pas remplies, les Etats demeurent au stade du préfascisme.
La genèse du fascisme s'explique par un contexte socio-économique précis (I). Les exemples italiens et allemands (II) démontrent le processus de substitution de fascisme à l'Etat. Enfin, il est possible de s'interroger sur les émules du fascisme (III).
[...] leur sont fournis. Les fascismes ont donc échoué : ni les pays du Tiers Monde, ni les nations hyperindustrialisées ne constituent aujourd'hui des terrains favorables à l'éclosion de véritables régimes fascistes Les uns comme les autres auraient selon Milza dépassé le stade de développement économique à l'intérieur duquel s'insère le phénomène fasciste. Ainsi, après avoir étudié le fascisme dans tous ses Etats, après l'avoir défini et expliqué son succès éphémère, l'auteur décrète la mort du phénomène fasciste et que même les mouvements d'extrême droite auxquels on pourrait le rattacher ne peuvent pas trouver, pour l'heure et d'ici longtemps, de climat socioéconomique favorable pour nourrir une véritable idéologie fasciste. [...]
[...] Le fascisme est donc le fruit d'une longue crise politique et a comblé un vide. Fascisation de l'Etat : Au départ, c'est l'ère de la dictature légale. Mussolini maquille le pouvoir en demandant sa confiance au parlement, en réduisant le nombre de portefeuilles ministériels, limite le recours à l'ordre. Le Duce se veut rassurant. Il n'en demeure pas moins qu'il interdit la grève, se fait attribuer les pleins pouvoirs, et crée de nouvelles institutions tel le Grand Conseil du Fascisme, qui assoient son pouvoir. [...]
[...] Enfin, il est possible de s'interroger sur les émules du fascisme (III). L'ère du préfascisme D'emblée, l'auteur précise que le fascisme italien est un système idéologique qui se réclame à la fois du nationalisme et de la tendance sorélienne du syndicalisme révolutionnaire. Mais il faut replacer cette apparition dans un contexte européen de mutations que connaît l'Europe à la fin du XIXe, que Milza dénomme accélération de l'histoire (exodes ruraux, révolutions industrielles Mais également dans un questionnement intellectuel où se manifeste la volonté de dépassement individuel, l'exaltation du Moi, le culte de la vie et la fascination du danger. [...]
[...] Il s'inscrit dans un courant romantique et réactionnaire. Il se fonde sur une nation germanique qui plonge ses racines dans le passé, et qui se traduit dans la notion du Volkgeist, qui préfère exulter les gloires d'un passé germanique plutôt que de revendiquer une libéralisation politique. Aussi bien la bourgeoisie que le peuple se reconnaissait dans une idéologie imprégnée d'esprit féodal et de supériorité du capitalisme allemand. Cette synthèse entre passé fantasmé et volonté conquérante du Reich crée le pangermanisme. [...]
[...] Cela se traduit de la Pologne à la Bulgarie, en passant par la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie, et l'Albanie, et de la Corée à la Chine en passant par le Vietnam, par l'installation de régimes fascistes qui succombent dès que la stabilité économique revient. En Europe centrale et orientale à l'exception de la Hongrie et de la Roumanie, de même qu'en Asie, les poussées fascistes arrivées au pouvoir se sont vite décrédibilisées et ont cédé la place à des formes de régimes qui s'appuient désormais sur la petite bourgeoisie montante et les agrariens pour s'installer et utiliser ensuite la référence autoritaire. [...]
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