Nobert Elias, né à Breslau en 1897, est issu d'une famille juive. Il débute, dès 1918, des études de philosophie et de médecine. Finalement, il se décide pour les sciences sociales et fréquente le cercle de réflexion Weber tenu par sa veuve. Elias quitta l'université d'Heidelberg pour se joindre à celle de Francfort dans les années 30. Cette école s'intéresse plus spécifiquement à la psychanalyse sociologique. Cette orientation marquera ses travaux.
Ainsi, sa thèse sur la Société de Cour rédigée en 1933, qui ne sera jamais soutenue et publiée plus tardivement, dévoile la transformation de la sensibilité des individus par la Société de Cour. Il rédigea, grâce à la bourse d'une fondation juive, les deux tomes du Procès (ou processus) de civilisation : La civilisation des moeurs dont l'extrait fait parti et La dynamique de l'Occident. Ceux ci ne seront publiés en allemand qu'en 1939. Le livre réunissant les deux tomes n'aura que peu de succès. De même, il ne seront traduits en anglais puis en français (1973 et 1975) que plus tardivement. S'en suivit une carrière universitaire; il sera professeur dès 1954 à l'université de Leicester. C'est à titre posthume que Norbert Elias – mort en 1990 - devient une référence majeure en sciences sociales.
Celui-ci a une vision constructiviste et dépasse donc le traditionnel clivage: holiste/individualiste. En d'autres termes, l'homme serait toujours le produit de sa société. De même, la société reste la fruit des actions des individus. Il s'intéresse plus particulièrement à la structuration de l'Etat et ses effets sur les manières de voir, de ressentir le monde des individus par l'autocontrôle de la violence ainsi que l'intériorisation des émotions.
Par conséquent, dans quelles mesures la notion de civilisation succédant à celle de civilité ne peut être perçue comme une évidence mais plutôt comme le résultat d'un processus complexe ayant débuté lors du Moyen-Age à travers la Société de Cour?
[...] Ce processus de civilité est associé à la formation de l'Etat ainsi la monopolisation de la violence légitime en interdisant la violence maîtrise les pulsions. De même, la société de cour fait donc ici office de configuration, concept propre à Norbert Elias. En effet, les individus forment des réseaux. La promiscuité crée des relations d'interdépendance et a des conséquences sur la sensibilité de ces derniers. Le regard des autres vis-à-vis de soi rend nécessaire la maîtrise des émotions et des actes. Ainsi, Erasme montre l'embarras véhiculé par les individus autour d'une même table lors de repas. [...]
[...] Norbert ELIAS, extraits de La civilisation des moeurs (1969), pp 113-128 Norbert Elias, né à Breslau en 1897, est issu d'une famille juive. Il débute, dès 1918 des études de philosophie et de médecine. Finalement, il se décide pour les sciences sociales et fréquente le cercle de réflexion Weber tenu par sa veuve. Elias quitta l'université d'Heidelberg pour se joindre à celle de Francfort dans les années 30. Cette école s'intéresse plus spécifiquement à la psychanalyse sociologique. Cette orientation marquera ses travaux. [...]
[...] Il semble essentiel de contrôler ses pulsions et donc de ne pas se précipiter sur un plat que l'on apporte, ne pas chercher le meilleur morceau ou encore de donner à un autre ce qu'on a déjà à moitié dévoré De même, la pudeur devient nécessaire: ne te découvre pas sans nécessité Apparaît alors une certaine autocensure des actes, une normalisation des gestes. L'hygiène devient de plus en plus importante: dans la haute société on applique certaines règles plus raffinées: Erasme dit qu'il faut se laver les mains avant de se mettre à table De la sorte, ce traité montre aussi que les gestes sont différents selon les catégories sociales. Ainsi, les couches supérieures de la population ne se servent que de trois doigts pour manger. Ces règles seront donc transmises à la bourgeoisie puis au peuple par imitation. [...]
[...] La sensibilité change et les seuils de ce qui est considéré comme concevable ou non change. Ces changements remontent au Moyen Age et à l'apparition de la Société de Cour (contrôle de soi etc). Le traité d'Erasme développant la notion de civilité dans le but d'enseigner les nouvelles règles permet au lecteur contemporain de se confronter à son propre processus de civilisation et donc à ses censures, tabous . [...]
[...] Désormais, nous parlons plutôt de civilisation et non de civilité. Par conséquent, peut-on prendre du recul par rapport à notre propre civilisation? Celle-ci est-elle supérieure aux autres? II. Une prise de distance nécessaire envers la civilisation occidentale . A . dont nous sommes le produit À première vue, l'Etat est perçu comme une évidence, mais il ne l'est pas. L'extrait nous permet de nous interroger sur les comportements, les normes que les individus occidentaux intériorisent. Ainsi, notre fonctionnement, nos règles de savoir-vivre ne sont pas naturels, innés. [...]
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