Évoquer la méfiance des Français vis-à-vis de la mondialisation n'a rien d'original. A cette suspicion, il est possible d'attribuer des causes spécifiquement françaises : attachement au rôle protecteur et redistributeur de l'Etat, menace de la perte des « acquis sociaux » face à une concurrence internationale accrue, crainte de voir l'identité, la langue, la culture française dissoutes sous les assauts d'une américanisation…
Le Rapport pour le Président de la République sur la France et la mondialisation commence par rappeler cette méfiance, tout en la nuançant. Si les Français ont majoritairement une opinion négative de la mondialisation, il ne s'agit pas d'une « exception française ». Une enquête du Financial Times, au printemps 2007, démontre que cette attitude est amplement partagée en Europe et outre-atlantique. Selon Hubert Védrine, la spécificité française résiderait davantage dans « le manque de confiance en eux» qu'auraient les Français face à la mondialisation. Aussi, l'ancien ministre des Affaires étrangères a-t-il entrepris d'élaborer, sur la demande du Président Sarkozy, un ensemble de propositions concrètes visant à lutter contre ce sentiment d'impuissance.
Dans l'extrait étudié, l'auteur plaide en faveur d'une position active de la France, non plus face à la mondialisation, mais dans la mondialisation (I). Il présente les grands traits d'un « consensus à atteindre » (II), corollaire indispensable d'une « stratégie offensive » de la France.
[...] En effet, la perspective de Védrine rappelle la mention du Traité établissant une Constitution pour l'Europe ayant provoqué tant d'émois, faisant référence à une économie sociale de marché Il est peut-être préférable que l'équilibre se fasse non par le consensus, mais par la confrontation d'idées parfois adverses, qui peuvent parfois résulter en compromis fructueux ; le consensus ne doit pas précéder le débat .à celles de sa vision de la régulation mondiale. Comme le faisait judicieusement remarquer le premier ministre Lionel Jospin, la France a une véritable culture du volontarisme. [...]
[...] C'est l'indispensable point de départ à toute prise de position sur la question de la mondialisation, selon l'auteur. Si la mondialisation est loin de se réduire à son volet économique, c'est son aspect le plus ancien ; en effet, ce sont les transactions économiques et financières transnationales qui ont permis de parler, à l'instar de Suzanne Berger, de première mondialisation[3] C'est également l'une des dimensions qui portent le plus à controverse, dans une France à la tradition étatiste de la population active est employée par l'Etat) qui s'est pourtant fortement libéralisée depuis le revirement de 1983. [...]
[...] L'Europe doit être un niveau où il faut mener une politique beaucoup plus offensive, de solidarité et de régulation A ce titre, J. Chirac, en juin 2000, avant d'accéder à la présidence de l'Union Européenne, a pu dire : Il n'y a pas d'alternative à la construction européenne si nous voulons [ ] conserver les valeurs qui sont les nôtres face à une mondialisation porteuse de progrès, mais aussi de risques que les Européens ne pourront maîtriser qu'ensemble[2] La politique de la France doit donc œuvrer à ce que l'Europe devienne la régulatrice du monde global et donc un rempart pour la France contre les méfaits éventuels de la mondialisation. [...]
[...] Extrait du Rapport pour le Président de la République sur la France et la mondialisation Hubert Védrine septembre 2007 Evoquer la méfiance des Français vis-à-vis de la mondialisation n'a rien d'original. A cette suspicion, il est possible d'attribuer des causes spécifiquement françaises : attachement au rôle protecteur et redistributeur de l'Etat, menace de la perte des acquis sociaux face à une concurrence internationale accrue, crainte de voir l'identité, la langue, la culture française dissoutes sous les assauts d'une américanisation Le Rapport pour le Président de la République sur la France et la mondialisation commence par rappeler cette méfiance, tout en la nuançant. [...]
[...] La France, actrice d'un monde globalisé La stratégie pour laquelle plaide Hubert Védrine relève d'« un domaine d'intérêt national La France forte est à la fois l'horizon rêvé et l'unique moyen de ne plus subir les effets non désirés de la mondialisation pour en tirer pleinement profit. Pourtant, l'échelle nationale n'est pas le seul niveau d'action auquel l'auteur se réfère ; il n'oublie pas l'échelle européenne, qui est citée comme le 5e volet de sa stratégie Une France forte Aux souverainistes qui craignent de voir l'identité nationale dissoute et la souveraineté rognée par les organisations multilatérales et les mouvements transnationaux en tout genre, Hubert Védrine répond que sa stratégie sera au service d'une France forte Une France forte, c'est d'abord une France qui parvient à préserver sa place à tous les niveaux, diplomatiques, économiques, culturels, etc. [...]
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