C'est en 1823, suite aux guerres napoléoniennes auxquelles il a participé, que Jean Frédéric Auguste LE MIERE DE CORVEY (1770-1832), officier alors en retraite, publie deux ouvrages. Il s'agit des Mémoires militaires du Baron SERUZIER, consacrés à l'artillerie, et Des partisans et des corps irréguliers, ou manière d'employer avec avantage les troupes légères... ouvrage utile dans les guerres régulières, et indispensable dans le cas d'une invasion étrangère. Dans ce dernier, il tire ses enseignements des insurrections vendéennes (1793-1796) et espagnoles (1808-1813) qui se sont produites durant les guerres révolutionnaires françaises et dont il a été le témoin privilégié. En effet, sa participation à ces insurrections lui conféra un champ d'observation et de réflexion que l'on peut qualifier d'exceptionnel sur la petite guerre, terme usité au XVIII et XIXème siècle pour désigner le type de combat par les partisans et les corps d'irréguliers. Toutefois, le terme correspondant utilisé aujourd'hui est guérilla. C'est d'ailleurs avec la résistance espagnole que le mot guérilla, qui signifie littéralement « petite guerre », avait fait son apparition.
Pour Gérard CHALLIAND, dans son Dictionnaire de la stratégie militaire, la guérilla correspond à « une forme de conflit caractérisée par le refus du combat frontal décisif, par l'emploi du harcèlement et de la surprise» et selon Eric DENECE, elle cherche à faire « mûrir la victoire politique par une multitude d'actions isolées entrant dans un plan d'ensemble très simple, celui de la guerre d'attrition ou de grignotage. » Elle est normalement menée par des unités régulières ou des partisans. Ce terme est associé aux guerres populaires, insurrectionnelles, subversives, ou encore révolutionnaires. Ils revoient tous à la guerre irrégulière qui peut être définie comme tout affrontement qui n'opposerait pas de manière frontal et décisif deux forces armées régulières ; la tactique employée durant ces guerres irrégulières n'est autre que la guérilla.
Ce phénomène de « petite guerre » est très ancien, il est même possible d'en trouver des traces dans l'Antiquité chinoise ou égyptienne ou encore à travers les écrits des historiens de cette époque tels que Appien, Plutarque ou Salluste. Au Moyen Age, ce mouvement perdure à travers les jacqueries (révoltes paysannes) dont la guerre des paysans dans le Saint-Empire Germanique au XVIème siècle.
Toutefois, ce n'est qu'après les guérillas de la Révolution Française, dans les années 1820, (Vendée, Chouan, Tyrol, Espagne, Russie) qu'une grande vague de théorisation de ce mouvement particulier va être accomplie. Parmi ces théoriciens, on trouve en tête de pont DAVIDOFF (Essai sur la Guerre des Partisans), CLAUSEWITZ (De la guerre), Von DECCKER (La petite guerre ou Traité des opérations secondaires de la guerre) et enfin LE MIERE DE CORVEY, ce qui rend cet extrait sur Des partisans et des corps irréguliers d'autant plus important à étudier.
Cela nous amène à nous interroger sur la perception qu'à LE MIERE DE CORVEY sur la guérilla en tant que phénomène tactique. Quels sont les moyens et les stratagèmes nécessaires à la mise en place d'une guérilla efficace selon lui? Dans quelle mesure ses idées dans l'époque contemporaine semblent-elles pertinentes?
Ainsi, afin de répondre de manière circonscrite à cette problématique, nous expliquerons dans une première partie en quoi l'occupation du terrain est d'une importance capitale en tant que moyen (I). Enfin dans une seconde et dernière partie, nous nous attacherons à démonter l'importance du renseignement comme aboutissement à la préparation de stratagèmes (II).
[...] Conclusion Le mérite du MIERE DE COREY est d'avoir traité à la fois la guerre partisane mais aussi son opposé, la contre guerre de partisan. Bien des principes énoncés par cet auteur restent encore en vigueur dans les guérillas actuelles que ça soit sur la topographie du terrain ou encore sur le renseignement, même si les guérillas ont depuis le temps du MIERE DE CORVEY évolué technologiquement et dans les manières de les appréhender. Bibliographie Baron SERUZIER, LE MIERE DE CORVEY, Mémoires militaires du Baron SERUZIER mis en ordre et rédigé par son ami M. [...]
[...] Les découvertes de nouvelles voies permettent ainsi une certaine mobilité tout en restant caché. Enfin, cet ensemble aura un impact important sur le plan psychologique de l'ennemi. En effet pour LE MIERE DE CORVEY, puisque les partisans sont difficiles à débusquer, l'ennemi se retrouve alors paralysé car dans l'incapacité d'agir. Il préférera dans ces conditions abandonner et s'enfuir de sa position, plutôt que d'être tourné et attaqué sur plusieurs points, dans un poste où il n'aurait aucune retraite s'il était forcé. [...]
[...] LE MIERE DE CORVEY, Paris, Garnier pages LE MIERE DE CORVEY, Des partisans et des corps irréguliers, ou manière d'employer avec avantage les troupes légères . ouvrage utile dans les guerres régulières, et indispensable dans le cas d'une invasion étrangère, Paris, Colin de Plancy Gérard CHALLIAND, Arnaud BLIN, Dictionnaire de la stratégie militaire, Paris, Perrin pages Gérard CHALLIAND, Anthologie mondiale de la stratégie : des origines au nucléaire, Paris, Robert Laffont pages Eric DENECE, Forces spéciales, l'avenir de la guerre? [...]
[...] Quels sont les moyens et les stratagèmes nécessaires à la mise en place d'une guérilla efficace selon lui? Dans quelle mesure ses idées dans l'époque contemporaine semblent-elles pertinentes? Ainsi, afin de répondre de manière circonscrite à cette problématique, nous expliquerons dans une première partie en quoi l'occupation du terrain est d'une importance capitale en tant que moyen Enfin dans une seconde et dernière partie, nous nous attacherons à démonter l'importance du renseignement comme aboutissement à la préparation de stratagèmes (II). [...]
[...] Cela nous amène à nous interroger sur les apports du renseignement. Un enjeu essentiel : le renseignement Dans cette seconde et dernière partie, nous expliquerons pourquoi le renseignement, ou l'information préalable comme l'appelle SUN TZU, est une étape indispensable au maintien de la petite guerre. Pour cela, nous nous étalerons sur le fait qu'il permet la ruse et la sûreté du partisan avant de constater que le renseignement peut être un atout d'attaque et de défense en étant manipulé La mise en place de stratagèmes On peut constater que, dans l'extrait du texte, la notion de renseignement est totalement présente, en particulier à la fin du texte car la connaissance est un atout majeur dans la pratique de la guérilla et notamment dans la mise en place des stratagèmes. [...]
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