Pierre Drieu la Rochelle, né en 1893, est sans doute l'un des écrivains les plus « étranges » de la littérature du XXe siècle. En proie à une sorte de malaise intérieur, incurable, toute sa vie durant, son œuvre se caractérise par des écrits teintés de cette difficulté de s'assumer (comme le roman autobiographique "Gilles" paru en 1939), il est aussi l'auteur d'essais dynamiques sur l'Europe (l'Europe contre les patries 1931, Genève ou Moscou…). Sa notoriété repose néanmoins sur un choix brutal : en effet, après les évènements de février 1934, il choisit définitivement le fascisme au communisme, après une hésitation source d'une véritable torture intellectuelle. Devenu peu à peu un inconditionnel de cette tendance politique symbole pour lui de la mystique de l'action, il collabore avec l'occupant dès 1940. Proche des conceptions nazies de l'Europe et de la société, mais moins des thèses racistes ou ayant trait à la philosophie de Hitler, il est néanmoins accusé en 1945 de trahison. Il se suicide la même année, geste « évident » selon ses biographes, comme étant logique compte tenu de sa personnalité, et de sa difficulté à avoir su trouver sa voie dans la littérature, et surtout une vision claire et réalisable dans un monde qui ne remplissait manifestement pas les conditions dont il rêvait pour parvenir à ses idéaux.
[...] C'est le cas du régionalisme, en premier lieu. S'il ne s'agit pas, en effet, de le définir comme les eurorégions, la volonté de voir l'importance des régions au sens économique et territorial en tant qu'entité locale apte à promouvoir un développement fertile (zones intermédiaires). Ensuite, l'auteur prend clairement conscience, et il est l'un des premiers, de l'importance future des pays de l'Est dans le cadre européen. Si bien évidemment, leur inclusion dans l'URSS empêchera leur intégration immédiatement après 1945, la place qu'ils occupent aujourd'hui dans l'Europe élargie montre bien que les relations entre vieille et jeune Europe prônées par Drieu la Rochelle étaient bel et bien inévitables et nécessaires. [...]
[...] Ensuite, l'analyse tend à montrer qu'au-delà de cette Europe pouvant être rapproché selon ces critères, il existe une zone où émergent lentement mais sûrement les dernières patries Allusion claire à l'Europe de l'Est naissante, derrière le rideau allemand, l'ouverture lui semble évidente autant que proéminente. Tout naturellement, Drieu la Rochelle semble vouloir insister sur le fait qu'au sein des différentes mouvances des peuples (croisement des Allemands avec les plaines slaves et les Balkans), le concept de race est une ineptie totale, et surtout dans ce contexte. [...]
[...] L'influence allemande semble donc diminuer, à l'heure où écrit Drieu la Rochelle, pour laisser la place au mouvement russe jouant dès lors un rôle déterminant. Par ailleurs, il est intéressant de noter que l'analyse souligne l'intérêt de la démarche de l'URSS naissante, visant à former une sorte de consensus fédératif encadrant dans le bon sens et via une gestion coordonnée de l'économie les nouveaux nationalismes qui, s'ils ne doivent pas s'exacerber, ne peuvent être brimés. Le moment semble idéal, dès lors, pour montrer que l'Europe a désormais deux visages distincts. [...]
[...] La critique est ici violente à la fois envers leurs rédacteurs et les révisionnistes. La notion de frontière doit donc acquérir une souplesse nécessaire à un essor économique autant inévitable compte tenu des rapports entres les deux Europe, qu'indispensable. Conclusion et Epilogue Ces deux formes de conclusion relèvent d'une importance capitale pour l'intérêt de l'ouvrage. Tout d'abord parce que la conclusion, très courte, souligne le fait que fatalement, une Europe soudée autour d'une économie nouvelle fera découler une politique nouvelle. [...]
[...] L'analyse se pose ensuite sur la notion de nationalisme. En effet, l'émergence de nouvelles patries à l'Est fait prendre conscience que ce dernier se lève lentement sous une forme nouvelle, alors même que les vieilles patries entament la phase finale de leur propre nationalisme à bout de souffle. A noter que Drieu la Rochelle fustige le nationalisme comme étant stérile ridicule ou encore sinistre A la fin de ce court paragraphe, le plus court de l'ouvrage, la notion d'Europe comme entité émerge comme étant une alternative logique et puissante, une sorte de nouvelle patrie reposant sur une extension de l'économie. [...]
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