Cette fiche de lecture se propose de présenter le célèbre ouvrage de la sociologue américaine Theda Skocpol : Etats et révolutions sociales. Ce livre est une référence en science politique, puisqu'il pose certaines bases de ce qui deviendra le néo-institutionnalisme historique. Il est aussi important pour les historiens et sociologues qui souhaitent s'intéresser aux révolutions française, chinoise et russe. Son ouvrage « s'adresse tant aux personnes intéressées par l'étude d'une révolution particulière, qu'à ceux qui veulent comprendre les causes, les réalisations et les perspectives des révolutions modernes en général. »
Theda Skocpol est une sociologue américaine, elle est professeur de sociologie et directeur du Center for American Political Studies d'Harvard.
On la considère généralement comme une des fondatrices du courant dit du néo-institutionnalisme historique, qui a proposé une nouvelle approche en science politique de la question de l'autonomie de l'État. En réaction aux théories pluralistes et néo-marxistes, cette idée renvoie à l'indépendance relative de la classe politique et des hauts fonctionnaires dans l'élaboration des politiques publiques.
States and Social Revolutions est son premier livre, publié pour la première fois en 1979, inspiré de sa thèse de 1975 et qui reprend déjà un des leitmotiv du néo-institutionnalisme : réintroduire l'État dans l'analyse . Ainsi, comme nous le verrons, son approche des révolutions sociales insiste sur le rôle des structures étatiques (elle est parfois qualifiée de « statiste »)
[...] Mais on ne parlera de révolutions sociales que si les crises sociétales ont débouché sur l'apparition de nouveaux dispositifs socio- politiques. (p. 212). Les révolutions sont totales (p. 222) que si naissent de nouveaux organes d'Etat, des administrations et des armées (ainsi en France Napoléon constituerait l'aboutissement de la révolution). Les crises sociales révolutionnaires déclenchent des luttes politiques et de classes, mais face aux invasions militaires étrangères, à la désunion et aux tentatives contre-révolutionnaires dans le pays, les directions politiques naissantes sont contraintes de consolider la révolution en construisant de nouveaux organes d'État. [...]
[...] Dans une première partie Skocpol s'intéresse aux causes des révolutions sociales en abordant les cas de la France, de la Russie et de la Chine, et en les comparant aux situations prussiennes et japonaises. Pour l'auteur les révolutions sociales naissent quand les États deviennent incapables de relever les défis que leur [lance] un contexte international en mutation (p. 75). Ces défis, qui peuvent être des menaces de guerre ou des compétitions avec des pays plus avancés économiquement, ouvrent une brèche pour que des révoltes aboutissent à des transformations sociales révolutionnaires. [...]
[...] Ainsi les Jacobins n'ont gouverné qu'un an le pays ; alors que le renforcement de l'État sous la forme du stalinisme en Russie était en contradiction avec les idéaux communistes. Les nouveaux régimes construits par les directions révolutionnaires sont plus ouverts au peuple, mais sont aussi plus forts, plus puissants et autonomes. Et les changements dans l'ordre social ne sont finalement, pour une grande part, que le produit des bouleversements de l'ordre étatique. Au final l'Etat sort donc renforcé des révolutions sociales : il est plus puissant dans la société et face à ses concurrents économiques ou militaires internationaux. Il est plus centralisé, bureaucratique et autonome (p. 364). [...]
[...] Implicitement elle nous indique donc que les révolutions sociales (réussies) ont été le théâtre de la violence révolutionnaire (et de sa répression). Mais ces conflits ne rendent pas compte de l'apparition même des situations révolutionnaires ni, ultérieurement, de la nature des régimes qu'ils engendrent (p. 364) Dans cet ouvrage, Skocpol s'intéresse principalement aux révolutions réussies (plus particulièrement à trois d'entre elles) et passe donc sur nombre de processus révolutionnaires (notamment ceux qui n'ont pas abouti à la création de nouveaux États)[4]. [...]
[...] Chez Calmers Johnson, dans Revolutionary Change un mouvement révolutionnaire se forme lorsque, dans une société, environnement et valeurs se désynchronisent. Les autorités en place perdent alors leur légitimité et, pour maintenir l'ordre, dépendent toujours davantage du recours à la force (p. 31). Si les autorités ne resynchronisent pas les valeurs et l'environnement, se crée alors un mouvement idéologique orienté vers des valeurs, prêt à utiliser la violence contre les autorités existantes (p. 31). Si un facteur intervenant par hasard vient saper les capacités des autorités, la révolution peut réussir et engager la resynchronisation des valeurs et de l'environnement social. [...]
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