L'organisation collective est par nature religieuse, car elle repose sur un système organisé de croyances (cf. Les formes élémentaires de la vie religieuse, E. Durkheim). Gouverner consiste donc à transmettre des valeurs et des messages par l'intermédiaire de signes et de symboles, ce qui conduit l'auteur à s'intéresser aux vecteurs des valeurs.
[...] L'homme d'Etat ne joue plus la distance (cf. Le fil de l'épée, C. de Gaulle) mais la proximité : l'individu remplace le symbole. Le chef de l'Etat n'a plus deux corps (individu / incarnation de l'Etat) mais un seul, ce qui démystifie le pouvoir suprême en l'assimilant à un individu ordinaire. La personnalisation (présence physique) ruine la personnification (incarnation morale). Séduire les nouveaux médiateurs (journalistes, animateurs) au point de privilégier l'exposition médiatique à la compétence pour constituer les gouvernements, ce qui explique la connivence entre les milieux politiques et médiatiques. [...]
[...] La stérilité : la médiatisation (moyen) remplace le message (finalité). L'annonce vaut acte. Tout au long de son ouvrage, Régis Debray sonne en réalité l'hallali de l'idée même d'Etat. En effet, ce n'est pas la symbolique du pouvoir, mais la nature même de l'Etat qui a changé avec la civilisation indicielle. L'enjeu civique du XXIe siècle est donc la survie de la symbolique de l‘Etat sa raison d'être au règne du visuel qui le démystifie et le rend par conséquent inutile. [...]
[...] La culture n'est plus synonyme d'éducation (connaissance, raison, sérieux, profondeur historique, culte des morts) mais de fête (émotion, spontanéité, légèreté, immédiateté). La fête culturelle n'est plus un événement symbolique porteur de sens (moyen) mais un événement autosuffisant (finalité). On ne célèbre plus quelque chose, on jouit du moment présent. La substitution de l'humanitaire à la diplomatie classique. L'humanitaire présente trois avantages du point de vue de l'indice : il est un narcissisme généreux, l'émotion valant engagement ; l'image de la souffrance court-circuite le raisonnement et se comprend sans décodage ; elle facilite l'ethnocentrisme en ignorant les différences culturelles. [...]
[...] L'Etat a perdu le contrôle des vecteurs de valeurs Histoire de l'Etat français par ses symboles En France, l'Etat a toujours exercé un contrôle étroit sur les vecteurs de valeurs ; notion abstraite - on ne dîne pas avec une personne morale - il n'existe en effet qu'à travers ses représentations (armoiries, portrait du roi, Marianne, photo du Président). Historiquement, ces représentations et ces valeurs ont été portées par différents vecteurs : - Moyen-âge : logosphère. Le vecteur est la parole révélée. - Monarchie absolue : graphosphère. Le vecteur est le portrait. - République : graphosphère. [...]
[...] Le vecteur est l'image. L'Etat moderne naît avec la graphosphère, l'écrit étant consubstantiel à l'administration. Mais l'Etat contemporain évolue dans le monde de l'image : photographie, télévision, écrans de toutes sortes. Or, l'Etat a subi ce changement, car le progrès technique le lui a imposé (cf. Le système technicien, J. Ellul). Vers l'Etat séducteur Dès lors que les nouveaux médias indiciels se sont émancipés de l'Etat (démantèlement de l'ORTF en 1974, etc.), contraint par le progrès technique a les libérer, celui-ci a perdu le contrôle sur les vecteurs de valeurs. [...]
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