Le 11 mars 1882, le professeur Ernest Renan propose dans une conférence restée célèbre sa définition de la Nation. Dans une France déchirée par une guerre civile sanglante et l'annexion en 1871 par la Prusse de l'Alsace et d'une partie de la Lorraine suite à sa victoire sur les armées de Napoléon III, la question nationale soulève alors toutes les passions, notamment dans la sphère intellectuelle...
[...] Qu'est-ce qu'une Nation ? Le morceau de ce volume [Discours et conférences, 1887] auquel j'attache le plus d'importance, et sur lequel je me permets d'appeler l'attention du lecteur, est la conférence : Qu'est-ce qu'une Nation ? J'en ai pesé chaque mot avec le plus grand soin : c'est ma profession de foi en ce qui touche les choses humaines, et quand la civilisation moderne aura sombré par suite de l'équivoque funeste de ces mots : nation, nationalité, race, je désire qu'on se souvienne de ces vingt pages là. [...]
[...] A travers l'analyse objective du processus historique qui mène à l'Etat- Nation dans sa forme moderne l'auteur met à l'épreuve les facteurs traditionnellement avancés. Il s'attache ensuite à examiner comment les peuples doivent vouloir conjuguer la conscience de ce passé complexe et la possibilité de la projeter dans un futur proche ou lointain. Un processus historique complexe: l'argumentaire pangermaniste à l'épreuve des faits Les arguments et les faits En Allemagne, Herder loue le repli de l'individu sur la spécificité de sa condition nationale, et Fichte soutient que l'Allemagne seule a gardé sa pureté linguistique et culturelle, ce qui justifierait un glissement du nationalisme messianique au pangermanisme. [...]
[...] En plus de bases théoriques indispensables, le texte nous fournit une démarche pertinente pour analyser le problème de l'identité collective à l'heure de l'Europe politique. [...]
[...] Or si côté italien, Garibaldi et les siens affirment leur nationalité dans le droit fil de l'article 3 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen selon lequel le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation - bien que par la suite la stabilité de l'ordre social reposait sur un compromis entre la Nation et la famille royale de Victor-Emmanuel - la Prusse de Bismarck, marquée par un darwinisme rampant, identifie la nationalité au droit du sang (aboli il n'y a que très peu de temps par les sociaux-démocrates allemands). Mais ce darwinisme que Renan semble combattre avec tant d'acharnement n'est-il pas lui même le produit d'une logique pas plus allemande que française- menant à laisser de côté le bon sens et l'exactitude scientifique pour renforcer dangereusement le sentiment national ? [...]
[...] Et la prise en compte de ce seul facteur induirait une guerre sans fin - Les intérêts : ils expliquent certes les attitudes des nouveaux conquérants, qui agissent dans les seuls intérêts de leurs dynasties respectives. Ils règlent les coupures par la force ou le caprice Mais cela n'a pas suffit à créer un sentiment national du jour au lendemain : encore une fois, une communauté d'intérêts dénuée de sentiments ne suffit pas : un zollverein ne fait pas une patrie - La religion : le christianisme est déclaré religion d'Empire par Hadrien mais les persécutions qui en suivent seront faute, crime, absurdité : en même temps qu'elle est facteur d'unité, l'effet inverse se produit lorsque ce facteur devient l'arme absolue d'une unité à marche forcée, cela contre la conscience de chacun Ainsi, dans l'intérêt de consolider leurs conquêtes, les barbares n'imposent-ils pas leurs religions, mais adoptent celle du vaincu. [...]
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