L'objet de la conférence d'Ernest Renan du 11 mars 1882 était d'apporter une réponse à la question "Qu'est-ce qu'une nation?" , qui se posait dans le contexte de l'annexion de l'Alsace et de la Lorraine à l'Allemagne, suite à la défaite française de 1870.Cette interrogation opposait à l'époque deux conceptions de la nation, dont la première (celle des opposants à l'Allemagne) consistait à privilégier une vision racialiste, ethnique, linguistique et géographique de la nation; la seconde, partagée par l'auteur de ce texte héritée des Lumières et de la Révolution, reposait sur "l'abdication de l'individu au profit d'une communauté".
C'est cette idée de la nation qu' Ernest Renan expose dans u premier temps, avant de préconiser, lors du règlement des problèmes de frontières, une consultation directe de l'avis des "populations disputées", plutôt que la démarche traditionnelle consistant à employer "la diplomatie et la guerre".
Ainsi Ernest Renan nous livre sa conception élective de la nation, basée sur le principe du choix individuel de chaque membre d'appartenir à la communauté, dont il choisit les critères sociaux,linguistiques,etc.
[...] C'est sur cet aspect de la part de la volonté individuelle dans les prises de décisions d'une population qu' Ernest Renan insiste en proposant sa propre méthode terre à terre de règlement des problèmes de frontières entre les nations. Consulter les populations C'est ainsi que se résument les propositions d'Ernest Renan, des moyens d'une simplicité enfantine Cette modeste solution empirique suppose que les populations disputées ont bien le droit d'avoir un avis dans la question de leur appartenance à une nation. [...]
[...] C'est pourquoi, dans le contexte de l'annexion de l'Alsace et de la Lorraine à l'Allemagne, E.Renan a pris position contre les méthodes (diplomatie, guerre) par lesquelles le conflit a été réglé, estimant que les populations concernées auraient dû pouvoir arbitrer le litige, qui les touchait au premier plan. C'est cette question particulière du règlement des problèmes frontaliers qui nous interpelle aujourd'hui, avec bien sûr le conflit israélo-palestinien, qui n'en finit pas d'échecs diplomatiques et militaires. Ne pourrait-on pas consulter directement les populations touchées par le conflit, afin qu'elles décident elles-mêmes de leur devenir, d'une solution plus légitime que les manoeuvres politiques et idéologiques des dirigeants des deux nations ? [...]
[...] "Qu'est-ce qu'une Nation conférence du 11 mars 1882, Ernest Renan "Je me résume, Messieurs. L'homme n'est esclave ni de sa race, ni de sa langue, ni de sa religion, ni du cours des fleuves, ni de la direction des chaînes de montagnes. Une grande agrégation d'hommes, saine d'esprit et chaude de coeur, crée une conscience morale qui s'appelle une nation. Tant que cette conscience morale prouve sa force par les sacrifices qu'exige l'abdication de l'individu au profit d'une communauté, elle est légitime, elle a le droit d'exister. [...]
[...] La conception de la nation d'Ernest Renan Tout d'abord, Ernest Renan opère une réfutation de la conception racialiste, ethnique, religieuse, géographique et linguistique de la nation, après quoi il explicite sa propre vision du concept, sa "conception élective" de la nation. La réfutation de la nation définie comme l'appartenance "automatique" à une communauté Lorsqu' Ernest Renan affirme que "l'homme n'est esclave ni de sa race, ni de sa langue, ni de sa religion, ni du cours des fleuves, ni de la direction des chaînes de montagnes", il fait bien entendu la critique des opposants à l'Allemagne (dans le cadre de son annexion de la Lorraine et de l'Alsace), qui soutiennent cette conception de la nation qui consiste à la considérer comme une somme de critères raciaux, ethniques, géographiques ou encore linguistiques. [...]
[...] Après avoir nié cette conception de la nation, E. Renan expose celle qu'il défend lui-même. L'affirmation de la conception élective de la nation Pour Ernest Renan, l'appartenance à la nation repose sur un critère plus subjectif, qui la rend moins immédiate que dans la thèse de ses contradicteurs. En effet, il définit la nation comme une grande agrégation d'hommes saine d'esprit et chaude de coeur une conscience morale l'abdication de l'individu au profit d'une communauté Toutes ces expressions impliquent une part importante de la volonté individuelle : chacun choisit les critères de son appartenance la nation. [...]
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