L'Essai de géométrie sociale, écrit par Hervé Le Bras et paru en 2000, souhaite établir une géométrie démographique. L´objet de l´ouvrage est ainsi posé dès l´introduction ; Hervé Le Bras souhaite y étudier le mécanisme, la logique, du processus spatial de peuplement humain, en s'intéressant autant aux causes qu'aux conséquences des différents phénomènes observables, en partant des déterminants principaux de la démographie (migrations, invasions, ou bien encore mariages), tout en étudiant ses représentations (utopies urbaines, mythes et légendes grecques, ou bien encore l'étude des romans de Kafka), et de tenter d'appréhender des généralisations par lois mathématiques (comme le recours aux fractales). Par ces différents procédés, l'auteur entame une réflexion critique autour de thèmes populaires – pour ne pas dire populistes – comme le risque d'une « invasion » migratoire, ou bien concerné le postulat de l'existence d'une « population de souche ».
[...] L'auteur atteint donc à la fin de ce chapitre un de ses objectifs initiaux : la géographie humaine n'est pas figée dans le temps ni surtout l'espace ; les sciences sociales sont donc bien une géométrie. Hervé Le Bras, a publié de nombreux ouvrages, comme Les Trois Frances, Une autre France, la Démographie, Immigration positive. Avant d'exercer sa profession actuelle de démographe, de directeur de recherche à l'Institut National d'Études Démographiques (l'INED), et de directeur d'études à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales (l'EHESS), il a suivit des études de polytechnicien avant de s'orienter définitivement vers la géographie humaine. [...]
[...] "Essai de géométrie sociale", Hervé Le Bras (2000) L'Essai de géométrie sociale, écrit par Hervé Le Bras et paru en 2000, souhaite établir une géométrie démographique. L´objet de l´ouvrage est ainsi posé dès l´introduction ; Hervé Le Bras souhaite y étudier le mécanisme, la logique, du processus spatial de peuplement humain, en s'intéressant autant aux causes qu'aux conséquences des différents phénomènes observables, en partant des déterminants principaux de la démographie (migrations, invasions, ou bien encore mariages), tout en étudiant ses représentations (utopies urbaines, mythes et légendes grecques, ou bien encore l'étude des romans de Kafka), et de tenter d'appréhender des généralisations par lois mathématiques (comme le recours aux fractales). [...]
[...] Néanmoins, Hervé Le Bras retrouve une approche plus conventionnelle dans les deux chapitres suivants : le second chapitre d'étude est merveilleusement précis et instructif, et le troisième comprend une démonstration implacable, remarquablement bien menée, dans lequel les thèses adversaires sont pertinemment réfutés au fur et à mesure du développement logique ; quant à l'utilisation de formulations mathématiques, elle est ici plus rationalisée, et s'inscrit normalement comme un procédé tant illustratif que démonstratif, et n'est donc plus un procédé rhétorique de pure forme, un artifice occultant par son omniprésence le fond même du propos, comme c'est le cas dans le premier chapitre. L'Essai de géométrie sociale n'en reste pas moins un ouvrage de qualité, novateur et complet, démonstrativement implacable, écrit par un auteur au parcourt et à l'ouverture d'esprit incomparable. [...]
[...] Dès le début du chapitre, Hervé Le Bras y développe l'exemple de la loi rang-taille, selon laquelle la population de chaque ville est proportionnelle à son rang élevé à une puissance donnée alpha. L'auteur tente une généralisation de cette loi par le biais de formules algébriques, et s'essaie à l'établissement d'une modélisation schématique, tout en s'appuyant sur des théories pré-existantes d'Auerbach, d'Alfred Lotka ou de Georges Zipf entre autres. Puis, en conservant cette même méthodologie, il élargit son objet d'étude à la gravitation humaine dont il s'emploie à tirer une loi universelle synthétisable en formule algébrique et logarithmique, modélisable sous la forme de fractales, afin d'effectuer des rapprochements théoriques entre la loi rang-taille et le modèle gravitaire. [...]
[...] En effet, si le propos de Hervé Le Bras est louable nier l'existence d'une population de souche, nuancer le phénomène invasion migratoire son objectif l'est nettement moins. Soutenir que la géographie humaine est une géométrie sociale à grand renfort de formules algébriques et logarithmiques semble nettement abusif. Le premier chapitre à étudier est ainsi plutôt opaque, voire totalement incompréhensible pour le néophyte, tant l'omniprésence de caractères mathématiques semble nous éloigner du propos initial, et de la méthodologie habituelle des sciences sociales. [...]
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