Philippe Braud est l'ancien directeur du département de science politique de la Sorbonne. Il enseigne désormais à Science Po Paris.
Ses recherches sont donc axées sur la psychologie et la dimension symbolique du politique. Il est même l'un des premiers, si ce n'est le premier, à avoir jeté un regard scientifique sur les émois collectifs qui animent la vie politique.
Il a publié de nombreux ouvrages sur le sujet, à commencer par le Jardin des délices démocratiques (1992), puis très récemment le Petit traité des émotions, sentiments et passions politiques. Mais c'est véritablement dans l'Emotion en politique, publié en 1996, qu'il théorise de manière savante sa posture.
[...] Ou encore à Raymond Boudon, et le concept de frustration relative qui conditionne la mobilité sociale. Il y a également Olson qui analyse la participation d'un individu à une mobilisation collective à travers la notion d'incitation sélective. Il explique que les mobiles économiques ne sont évidemment pas les seuls qui existent ; les individus sont souvent motivés par une soif de prestige, de respect, des amitiés et autres objectifs psychologiques L'acteur stratège de Michel Crozier qui intègre dans ses calculs stratégiques des humeurs et des réactions affectives inconscientes et pourtant très efficaces. [...]
[...] L'assassinat de John Kennedy aura contribué à la construction d'une saga qui joue encore un rôle important dans l'imaginaire politique américain. La mythologie héroïque qui la sous- tend s'inscrit étroitement dans un univers de valeurs américaines traditionnelles. Philippe Braud propose trois grandes catégories d'objets symboliques, présents dans le champ politique. Le langage : il s'agit de mots-clés ou de concepts fortement investis de représentations. Ce sont des mots pour dire des valeurs, affirmer une identité, formuler de grandes causes évoquer de grandes figues historiques ou des événements fondateurs. [...]
[...] Certes l'alternance politique offre, dans un premier temps, une espérance nouvelle qui sera malheureusement vite déçue puisque les bénéfices effectifs seront évidemment moindres que les bénéfices escomptés. Au final, la vie politique est rythmée par le tempo illusion / déception. Enfin, Philippe Braud ne pourrait conclure son étude, sans commenter la dimension psychologique du politique sous l'éclairage de la démocratie. Le suffrage universel favorise chez les candidats des styles psychologiques déterminés. On l'a vu, une forte obstination dans la quête du pouvoir, mais aussi une grande labilité. [...]
[...] Il est difficile de donner une définition du symbolique, car il fait l'objet de multiples interprétations. L'ethnologue Edward Sapir est parvenu à dégager une définition à travers sa distinction entre symbole de référence et symbole de condensation. - Le symbole de référence, c'est une catégorie de signes utilisée dans une communication purement logique. On le retrouve dans les tableaux statistiques par exemple. - Le symbole de condensation se caractérise, à l'inverse, par un ancrage dans l'émotionnel. ( Il s'enracine au cœur de l'inconscient, et charge d'affectivité des types de comportement, des situations, qui n'ont pas l'air d'entretenir le moindre rapport avec le sens originel du symbole A noter qu'il suffit qu'il y ait une propagation affective inconsciente pour que le signe devienne un symbole de condensation. [...]
[...] Symboliquement, avec la laïcisation de l'espace public. Administrativement, avec triomphe de l'Etat légal rationnel et du fonctionnaire. Voilà pourquoi dans la culture occidentale, les émotions sont constamment perçues comme des états d'âme peu ou pas contrôlables, qui font appel à des facultés du cerveau inférieures à celle de la raison (ce qui rappelle le dualisme de base entre l'âme et le corps) alors que dans d'autres univers culturels, comme l'Inde contemporaine, il n'y a pas de dichotomie entre l'émotionnel et le rationnel. [...]
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