En dehors de sa carrière politique au sein du Front National, Louis Aliot a aussi suivi des études de Droit Public. En 1997, il obtient un DEA de sciences politiques, et en 2002, il est docteur en droit public. Sa thèse est publiée aux éditions François-Xavier De Guibert en 2003. La même année, il publie un article dans la Revue du droit public Nº 1, à propos des présidents français et de l'Europe sous la Vème République française. Et en avril, il publie L'élection du Président de la Vème République au suffrage universel direct, l'ouvrage que nous traiterons par la suite.
Cet ouvrage est au cœur de la pensée de Louis Aliot sur la cinquième République. En effet, l'auteur y analyse les effets de la proclamation en 1962 de l'élection du président au suffrage universel direct sur les institutions et le régime de la Vème République. Pour caractériser la pensée de l'auteur sur ce sujet, une des citations lors d'une interview nous semble pertinente : « Dans notre société de consommation, de communication et de spectacle, la présidentielle a changé de dimension. Elle relève plus de la corrida que du débat d'idées ! Le pire c'est qu'elle donne l'illusion du pouvoir, alors qu'une fois élu, le président ne peut même pas appliquer son programme puisque le pouvoir est ailleurs et qu'il est menotté par les promesses qu'il a faites aux uns ou aux autres pour se faire élire ! C'est un grand mensonge qui finira par exploser » . Ce qui est intéressant est que pour l'auteur, c'est en quelque sorte la révision de 1962 qui est à l'origine de cet état de fait, et c'est ce que nous tenterons d'expliquer par la suite.
[...] Or, pour l'auteur, la révision de 1962 est justement la principale erreur du général de Gaulle, car au lieu d'affermir le pouvoir présidentiel en vue de doter la France d'un Etat fort, elle ne va contribuer qu'à rendre le pouvoir inefficace. En quoi les situations de cohabitation vont-elles révéler l'inefficacité du pouvoir ? Une élection contraire à l'efficacité du pouvoir L'élection du président au suffrage universel direct, votée par référendum le 6 novembre 1962, va favoriser l'apparition du fait majoritaire en France. En effet, l'élection étant majoritaire à deux tours, le deuxième tour va favoriser la bipolarisation des partis politiques. [...]
[...] Mais non seulement de Gaulle supprime la dyarchie de l'exécutif, mais sa pratique du pouvoir entérine durablement la soumission des pouvoirs législatif et judiciaire face au pouvoir exécutif. En effet, par la naissance du fait majoritaire (soutien au président) et les techniques de rationalisation du parlementarisme mises en place, le Parlement se retrouve dominé. Et de plus, le président est irresponsable, et il préside le Conseil général de la Magistrature. Le déséquilibre des institutions de la Vème République est donc visible dès le début. [...]
[...] L'élection présidentielle de 2002, qui voit l'accès au second tour de Jean- Marie Le Pen, en est pour l'auteur la preuve éclatante. Que reste-t-il dès lors de la vision gaullienne des institutions, et du présidentialisme ? L'élection du président au suffrage universel direct instaurée en 1962 est bien pour l'auteur la cause de ce dysfonctionnement du régime, car elle exige que le président de la République devienne un leader de parti, et parce qu'elle place sa légitimité en concurrence avec celle des parlementaires, sans que la question du règlement des pouvoirs entre Président de la République et Premier Ministre soit réglée. [...]
[...] L'élection présidentielle acquiert en France une importance qui n'existe dans aucune autre démocratie parlementaire. On peut citer à ce sujet Olivier Duhamel, dans son ouvrage Droit constitutionnel et Institutions politiques : L'élection présidentielle divise les grands partis en écuries présidentielles Le terme écurie est très fort, et il souligne bien la réorganisation complète et l'adhésion forcée des partis pour l'élection du Président de la République. Mais l'auteur a une vision bien particulière de cet état de fait. En effet, Louis Aliot semble voir dans toute cette concentration, cette attirance pour les élections présidentielles comme quelque chose de malsain, de fiévreux, comme un obstacle à la stabilité du régime. [...]
[...] Suite à son engagement politique au parti de Jean-Marie Le Pen, Louis Aliot mène au sein du FN une carrière brillante. En 1990 il y adhère formellement, et dès 1991, il est major de l'université d'été du FNJ. Progressivement remarqué par Jean-Marie Le Pen, il devient directeur de son cabinet de janvier 1999 à septembre 2000. D'avril 2001 à mai 2002, il coordonne la campagne présidentielle de M. Le Pen, étant le principal investigateur d'un des axes fondamentaux de cette campagne: La République référendaire Après la présidentielle, il est envoyé à Perpignan pour relancer le FN et en 2004, il devient président du groupe Front National. [...]
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