C'est au rayon « droit électoral » qu'on peut trouver dans les bibliothèques l'ouvrage d'Olivier Durand, intitulé le vote blanc, pour un suffrage vraiment universel. Mais, en vérité, ce plaidoyer pour la prise en compte du vote blanc dans l'ingénierie démocratique dénote plutôt d'un véritable problème de société : la désillusion de la classe politique et la désaffection du corps électoral, avec des taux d'abstention allant fréquemment jusqu'à 40%…
Olivier Durand a créé l'Association pour la reconnaissance du vote blanc en 1994 et la dirige depuis. En 1999, un an après un sondage IFOP en partenariat avec le Parti Radical et enquêtant sur la place du vote blanc dans l'acte électoral en France, il s'applique à défendre ce que le Centre d'Information Civique appelle la « non-participation volontaire ». Son association, à l'initiative du Collectif 1848 pour le vote blanc, milite pour faire du vote blanc une valeur numérique ayant sa place dans le calcul de majorité…afin d'éviter l'iniquité entre les électeurs, garantir le respect du principe fondamental de la liberté du citoyen…pour un suffrage vraiment universel.
Le référendum de 2000 portant sur le quinquennat a battu le record du taux d'abstention (69,81%). Si le résultat final s'élève à 73,21% pour le « oui », c'est évidemment parce qu'il a été calculé par rapport au nombre de suffrages exprimés (= ‘nombre d'inscrits' moins ‘nombre d'abstention' moins ‘nombre de bulletins blancs ou nuls'). En le recalculant par rapport au nombre des inscrits on parvient à un résultat assez effarant : 18,55% de « oui » effectifs . La réforme constitutionnelle de juin 2000 a donc été adoptée par moins d'1/5ème de la population en âge de voter. Est-ce notre définition de la démocratie ?
[...] Durand le déplore, mais l'acte électoral peut être perçu comme ayant une fonction utilitariste, il serait ainsi fait pour les candidats plus que pour les électeurs. Le suffrage universel a amené avec lui le spectre de l'atomicité ; le maître mot devient la volonté générale. Le système actuel de partis canalisateurs d'opinion s'avère pourtant relativement contraire à cette notion ; les partis politiques ont aujourd'hui, selon Olivier Durand, perdu tout lien avec la classe sociale, se bornant à proposer des personnalités à l'électorat dans l'espoir d'accéder au pouvoir. [...]
[...] Si on considère la démocratie comme représentative, c'est-à-dire comme une exigence de permanence, le vote blanc serait alors un danger pour la stabilité et la perpétuation du fonctionnement républicain ; ainsi, dans le cas de votes à la proportionnelle, la reconnaissance du vote blanc pourrait conduire, de façon purement logique, à la vacance de certains sièges. Mais, d'une autre façon, si l'on définit plutôt la démocratie comme la nécessité d'une participation effective, le droit au mécontentement et la reconnaissance d'une alternative à un choix finalement étriqué et imposé par le jeu des partis s'avèrent deux éléments essentiels ! Pourquoi le non-choix ne serait pas lui aussi une sorte de choix ? [...]
[...] La réforme constitutionnelle de juin 2000 a donc été adoptée par moins d'1/5ème de la population en âge de voter. Est-ce notre définition de la démocratie ? 1. Quelle conception de l'acte électoral dans notre régime démocratique ? La règle selon laquelle les bulletins blancs ne sont pas comptabilisés parmi les suffrages exprimés semble être traditionnelle dans le droit électoral français. Elle remonte au décret réglementaire du 2 février 1852 et a été reprise dans la loi du 29 juillet 1913. [...]
[...] Après cette considération, il est alors possible de souligner la représentativité tout en reconnaissant, pour des raisons techniques, le caractère inopérant d'une assimilation aux suffrages exprimés : il est en effet tout à fait faisable d'offrir au vote blanc une existence juridique en le distinguant simplement du vote nul. Cela aurait également pour effet de contribuer à ne pas prendre les électeurs pour des irresponsables, griffonnant forcément des injures sur leur bulletin. Il faut en effet préciser que le vote blanc est l'essentiel des suffrages non exprimés. De plus, l'évolution sémantique de l'adjectif nul qui évoque aujourd'hui la mauvaise qualité n'a pas lieu d'être : entre 60 et 90% des votes annulés sont des enveloppes vides le bulletin-impulsivité est devenu bien marginal. [...]
[...] Durand (Olivier), le vote blanc, pour un suffrage vraiment universel C'est au rayon droit électoral qu'on peut trouver dans les bibliothèques l'ouvrage d'Olivier Durand, intitulé le vote blanc, pour un suffrage vraiment universel. Mais, en vérité, ce plaidoyer pour la prise en compte du vote blanc dans l'ingénierie démocratique dénote plutôt d'un véritable problème de société : la désillusion de la classe politique et la désaffection du corps électoral, avec des taux d'abstention allant fréquemment jusqu'à 40% Olivier Durand a créé l'Association pour la reconnaissance du vote blanc en 1994 et la dirige depuis. [...]
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