L'auteur de cet article est Jean-Yves Dormagen, membre du Centre d'Études Politiques de l'Europe Latine (CEPEL-CNRS) à l'Université Montpellier 1. Il est notamment spécialiste du fascisme italien et, plus globalement, des phénomènes autoritaires et totalitaires. Cet article s'inscrit dans ce champ de recherches.
Le constat de départ de l'auteur y est que sous l'Italie fasciste, l'autorité de Benito Mussolini « apparaît presque sans limites et sa volonté toute puissante ». Il souhaite analyser une certaine facette de ce phénomène de divinisation du leader fasciste, à savoir « la (complète) soumission de l'état-major politico-administratif » à son égard. L'auteur entend par là la soumission croissante à partir du milieu des années 1920 de « tous ceux qui occupent une position d'autorité – que ce soit dans le Parti, les administrations ou les entreprises publiques », mais aussi, à partir de la même période, la disparition de tout concurrent à Mussolini. Cette soumission fut selon lui « décisive quant à l'émergence du mode de domination charismatique mussolinien ». Son hypothèse est que c'est parce que « le Duce exerce une emprise (quasi) absolue sur les dirigeants des appareils préposés à l'encadrement et au contrôle (tendanciellement totalitaire) de la population » qu'il jouit d'un tel pouvoir. Reste à l'auteur à démontrer et à expliquer au lecteur cette soumission.
[...] Difficile évidemment de traiter de la soumission à un chef charismatique sans faire appel à Max Weber. L'auteur nous dit donc que pour comprendre les raisons pour lesquelles un ensemble d'individus (la direction administrative) obéit aux ordres émanant d'un seul individu (le détenteur du pouvoir politique) et semble, dans de nombreux cas, incapable de s'y opposer, Max Weber attire notre attention sur deux facteurs essentiels : la solidarité d'intérêts entre le détenteur du pouvoir et la direction administrative et la possibilité (ou non) des membres de cette direction de se concerter et de s'organiser pour résister aux injonctions de celui qui détient le pouvoir.». [...]
[...] Cela va plus loin : seuls le Duce, et son secrétariat particulier (et bien que ce soit selon une règle officieuse), procèdent aux décisions et nominations jugées importantes. Cette situation est entretenue par l'usage ingénieux que fait le Duce de ce monopole du pouvoir de nomination : il fait très attention à ce qu'aucun autre centre de pouvoir ne puisse voir le jour au sein du dispositif politico- administratif, usant pour cela de relèves de garde régulières et massives. Cela a également l'avantage d'empêcher que certains des responsables aient le temps, grâce à des fonctions importantes, d'acquérir une aura, du crédit politique trop important, et rappelle aussi la toute- puissance d'un Mussolini seul maître des emplois On comprend donc mieux la dépendance des membres de l'état-major politico-administratif à Mussolini, puisqu'ils sont tous clairement conscients de n'être en charge de leurs fonctions que parce que le Duce l'a bien voulu. [...]
[...] Cette quasi complète soumission au Duce, cette extrême personnification du pouvoir, mène selon l'auteur à une patriominalisation de l'Etat. S'il s'appuie encore sur Max Weber, on peut également faire appel à Norbert Elias et à son analyse de l'Europe pré-Etatique, auquel semble donc faire un retour le fascisme mussolinien. Le système politique que nous venons de décrire concentre en effet le pouvoir entre les mains de Mussolini, qui en fait un usage tant privé que public, tant personnel qu'institutionnel. La frontière est floue. [...]
[...] Le Duce et l'état-major du fascisme : Contribution à une sociologie de la domination charismatique L'auteur de cet article est Jean-Yves Dormagen, membre du Centre d'Études Politiques de l'Europe Latine (CEPEL-CNRS) à l'Université Montpellier 1. Il est notamment spécialiste du fascisme italien et, plus globalement, des phénomènes autoritaires et totalitaires. Cet article s'inscrit dans ce champ de recherches. Le constat de départ de l'auteur y est que sous l'Italie fasciste, l'autorité de Benito Mussolini apparaît presque sans limites et sa volonté toute puissante Il souhaite analyser une certaine facette de ce phénomène de divinisation du leader fasciste, à savoir la (complète) soumission de l'état-major politico-administratif à son égard. [...]
[...] C'est la raison pour laquelle la durée moyenne d'appartenance au Grand Conseil était d'environ quatre ans. De même, plus une personnalité dispose de crédit politique et peut-être suspecté de nourrir des ambitions personnelles, plus elle sera soumise à des changements brusques et fréquents d'affectations.». Les personnalités de second plan, celles de fonctionnaires plutôt que de politiques, ont donc de bien plus grandes chances d'accéder à de haute responsabilité et surtout d'y rester plus longtemps. L'absence de légitimité personnelle devient quant à elle un atout, d'autant plus qu'elle est suppléée alors par une légitimité uniquement issue du Duce, faisant du responsable nommé un client d'une totale dépendance. [...]
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