Les droites en France, René Rémond, 1982, Aubier collection historique

Résumé du document

René Rémond, né à Lons le Saulnier le 30 septembre 1918, dans une famille franc-comtoise. Il étudie au lycée Carnot et Louis le Grand. Il est mobilisé en 1939, l'année de son admissibilité à l'Ecole normale supérieure, jusqu'en 1941. Il est agrégé d'histoire, docteur ès lettres, et professeur à l'Institut d'études politiques de Paris. Dans la nouvelle faculté des lettres de Nanterre, il est nommé sur la première chaire en France d'histoire du XXème siècle en 1964. Depuis 1981, il est président de la Fondation Nationale des Sciences Politiques. René Rémond a aussi siégé dans plusieurs instances de l'audiovisuel, tel que le conseil d'administration de l'ORTF, d'Antenne 2, et de Radio France. Il commente régulièrement l'actualité politique dans la presse et les médias. Le 18 juin 1998, il est élu à l'Académie française, au fauteuil de François Furet, le premier fauteuil. René Rémond est entre autre commandeur de la Légion d'honneur, grand officier de l'ordre national du Mérite, commandeur des Palmes académiques, mais aussi médaille de la Reconnaissance française.
Cet auteur s'est particulièrement consacré à l'étude des temps les plus proches et a présidé l'Institut d'histoire du temps présent de sa création en 1979 à 1990.
Les droites en France, paru en 1982, reste comme un ouvrage de référence dans le paysage historiographique français, avec l'ouvrage de Jean François Sirinelli Histoire des droites en France. Cet ouvrage nous propose une synthèse des différents courants formant les droites. Il marque aussi la reviviscence de l'histoire politique dans l'historiographie française, plongée dans le discrédit depuis l'école des Annales. Et encore, ce n'est pas une renaissance à l'identique puisque l'étude porte aujourd'hui sur la culture politique, et plus sur le seul récit des faits mis bout à bout.
Ce livre, déjà paru en 1954, sous le titre La droite en France, a été remis à jour en 1982 pour tenir compte de l'évolution rapide de la droite sous la cinquième République, mais aussi pour en changer le titre : Les droites en France, plus en accord avec la thèse de l'auteur. En effet, selon René Rémond, il n'existe pas une droite mais trois. Trois familles qui forment la base de cette partie de l'échiquier politique. D'abord le légitimisme, la droite contre révolutionnaire, l'orléanisme, la droite plutôt modérée et libérale, enfin le bonapartisme, droite plutôt autoritaire mais qui ne désire pas le retour du roi. Chacune de ces droites ne naît pas au même moment et évolue parallèlement aux deux autres. Après l'étude de ces branches, l'auteur va s'attacher à rallier chaque grand courant de la droite à l'une des trois catégories en analysant ses idéologies, ainsi que sa clientèle. En effet, la droite et ses idées, tout comme la ligne de séparation entre droite et gauche évoluent dans le temps et vont engendrer des courants politiques nouveaux qui consciemment ou non s'inscrivent dans la lignée des trois droites originelles.
Dans sa préface, René Rémond nous expose les difficultés inhérentes à l'écriture d'un livre portant sur une histoire qui n'est pas close. En effet, ce type d'analyse est soumis à l'épreuve du présent, du temps qui continue, mettant ainsi en difficulté toutes les conclusions de l'auteur. Qui pouvait prévoir tous les changements qui ont affecté le destin de la droite en 1951 quand René Rémond commençait à écrire ? Malgré tout, beaucoup de ses analyses se sont révélées justes, le temps n'a pas trop mal réussi à son essai d'explication. Mais s'en tenir à ce constat serait contraire au devoir de l'historien, il faut maintenant inscrire ces faits nouveaux dans le cadre de son raisonnement. Certaines hypothèses très controversées méritent aussi quelques mises au point. L'auteur souligne, en effet, que tous n'adhèrent pas sans réserve à son système d'explication. Par exemple, les historiens communistes ont ordonné presque toutes leurs réflexions autour du thème du fascisme dans les années trente et ce que l'auteur disait de son inexistence. La pluralité des droites est quant à elle devenue un classique. Enfin, l'auteur explique, dans la préface, les raisons d'une réédition de son livre. Le champ de l'observation historique s'est grandement élargi sous l'influence du développement des sciences sociales, l'essor des sciences politiques, l'analyse des discours politiques, mais aussi l'étude des phénomènes d'opinion. Ces nouveaux aspects permettent une meilleure interprétation du passé rendant utile une révision de l'ouvrage. D'autre part, l'interprétation du passé est dépendante du présent, les événements récents de notre histoire ne sont pas sans incidences sur notre lecture de l'histoire plus ancienne. Encore une raison rendant nécessaire plus qu'une mise à jour de l'essai entrepris au temps où la droite ne faisait guère parler d'elle et où on la croyait disparue.
L'auteur, à travers ce livre, se propose de nous présenter la ou plutôt les droites en France, et d'intégrer chaque fait de ce dernier quart de siècle dans une perspective à long terme afin les transformer en histoire.
Dans l'optique de cette démarche, René Rémond se lance d'abord à la recherche de la droite, pour ensuite décrire ses branches originelles, et enfin faire l'analyse des courants s'inscrivant dans leurs filiations.

Extraits

[...] Le bonapartisme des campagnes reste une force, mais le bonapartisme des notables devient plus discret, comme honteux de ses origines. III : Les trois droites et leur filiation A : Droite contre-révolutionnaire et Nouvelle Droite Chaque tradition de droite n'a pas gardé la même apparence toute sa vie, un contexte politique particulier, un désaccord peuvent être à l'origine d'un nouveau mouvement ou d'un nouveau parti qu'il convient de placer dans la lignée des trois droites originelles. Repartons donc une dernière fois à la recherche de nos droites, mais cette fois ci analysons les formations de droite plus contemporaines. [...]

[...] Malgré tout, les deux droites restent inconciliables, deux traditions, deux sociétés s'affrontent en elles. L'historien orléaniste Ballante dira même que les légitimistes auraient sans doute préféré la République ou l'empire au chagrin de se voir gouverné par les hommes de la France moderne À la fin de l'année 1848 les premières élections présidentielles vont avoir lieu. Le candidat du parti de l'ordre, Louis Napoléon Bonaparte va profondément bouleverser l'équilibre des forces politiques en créant une troisième droite : le bonapartisme. [...]

[...] Ils vont se confondre avec le parti de la résistance au point de lui emprunter sa couleur son esprit, son programme. Malgré tout, la position d'un groupe dans l'hémicycle ne suffit pas à dire s'il est de droite ou de gauche. À part si l'on parle des extrêmes on est toujours à la droite de quelqu'un. Leurs préoccupations constantes à se maintenir et à conserver, leur politique de conservation menée en 1831, ainsi que l'idée d'un ordre naturel les placent définitivement à droite. [...]

[...] Leurs exigences outrepassent pourtant celles de leur roi et vont les mener à repousser cette Charte. La naissance du royalisme ultra est à peu près contemporaine de la Chambre introuvable. Les élections de 1815 envoient siéger au Palais Bourbon une assemblée qui va doter l'ultracisme de ses traits les plus durables. Ils disposent d'une majorité écrasante et sont alors bien décider à être sans pitié. C'est la Terreur Blanche. Les membres de cette tradition de droite ont une vision très manichéenne de la politique, la révolution est le mal, et tous ceux qui voient en elle un bien verront s'abattre leur intransigeance. [...]

[...] Trois familles qui forment la base de cette partie de l'échiquier politique. D'abord le légitimisme, la droite contre-révolutionnaire, l'orléanisme, la droite plutôt modérée et libérale, enfin le bonapartisme, droite plutôt autoritaire mais qui ne désire pas le retour du roi. Chacune de ces droites ne naît pas au même moment et évolue parallèlement aux deux autres. Après l'étude de ces branches, l'auteur va s'attacher à rallier chaque grand courant de la droite à l'une des trois catégories en analysant ses idéologies, ainsi que sa clientèle. [...]