Etienne de la Boétie est né en en 1530. De confession catholique, il devient très ami avec Montaigne, suite à la lecture par ce dernier de ses écrits. Dès son plus jeune âge, il est passionné par les auteurs grecs et latins. A seulement 18 ans, il a déjà entamé la rédaction du Discours de la servitude volontaire. Ce texte rédigé en 1549 et publié en 1576 peut surprendre par la maturité et l'érudition de son message quand on sait que La Boétie l'a rédigé si jeune. Il pose la question de la légitimité de l'autorité d'un homme sur le reste de la population.
Au fil de l'œuvre de la Boétie, des thèmes transversaux apparaissent. Selon lui, il ne peut pas exister de maître sans que le peuple soit conscient et approuve cette tyrannie. La domination d'un seul n'est pas concevable car elle est dure et déraisonnable. De ce point de vue, la servitude est donc par essence volontaire.
[...] De ce point de vue, la servitude est donc par essence volontaire. L'acceptation d'une domination, l'aliénation de notre liberté La puissance du tyran réside dans la subordination du peuple. Cet assujettissement est du au rayonnement du tyran. Ils lui obéissent parce qu'ils se sentent charmés, et selon La Boétie, ce charme n'est pas justifié dans la mesure où cette personne est seule et ne peut rester indéfiniment la meilleure. Il faut se méfier des apparences. Même lorsqu'un chef militaire qui un jour a fait le bien, ce n'est pas forcément bon qu'il prenne le pouvoir seul et qu'il acquiert des avantages particuliers car on l'ôte de là où il faisait le bien, pour l'avancer en lieu où il pourra faire mal. [...]
[...] Il existe enfin une dernière raison qui fait que du pouvoir du maître un pouvoir difficilement renversable une fois qu'il est installé : la tyrannie est relayée par le tyran mais également par sa cour c'est-à-dire par une partie de la population qui se met à son service par cupidité et désir d'honneurs. Ces hommes sont relativement peu nombreux (selon La Boétie tout au plus). Ils flattent leur maître espérant ses faveurs, sans voir que leur perte est peut être proche, car ils sont devenus complices du pouvoir. Il est évident qu'à partir du moment où ils touchent de près au pouvoir, les inimitiés peuvent facilement prendre le dessus. Ils sont donc encore moins assurés de rester à la tête. [...]
[...] Les reproches qu'il adresse aux victimes d'une servitude volontaire, assimilée par lui à un état corrompu, n'ont rien perdu de leur pertinence ni de leur modernité. La psychanalyse s'est servie des travaux de La Boétie et se les ait appropriés pour bâtir de nouvelles théories. Elle montre que l'autorité fonctionne bien parce qu'elle est intériorisée en nous-mêmes. Dominique Quessada emploie le terme de colle sociale Il a tendance à se lamenter sur la perte de l'autorité (société sans pères) et en vient presque à demander un retour à une autorité forte telle qu'elle existait auparavant. [...]
[...] Il est convaincu que c'est par l'arrêt de cette servitude volontaire que le pouvoir du maître va être stoppé. Or, les citoyens ont aliéné leurs droits de nature. Leurs sociétés d'abord caractérisées par la dénaturation des gouvernants se définissent désormais par la dénaturation des gouvernés Une corruption générale du sens humain a associé maîtres et esclaves, exploiteurs et exploités. L'aliénation de la liberté au profit du tyran est visible à tous les échelons de la hiérarchie tyrannique et notamment à travers sa cour Ceux qui aident à maintenir le pouvoir en place sont plus des usurpateurs que des fidèles. [...]
[...] Si le tyran a l'ambition de rester au pouvoir, il ne peut le faire que grâce à une cour avide de pouvoir et de privilèges. L'aliénation de la liberté, caractéristique de la servitude volontaire Toute l'œuvre de La Boétie est parcourue par les questions suivantes : Comment nommer cette lâcheté, le fait de ne pas s'opposer à un alors que nous sommes mille voire un million de personnes ? Est-ce de la couardise ? S'interrogeant sur cette aberration qui conduit un être, né pour profiter de la liberté dont les animaux jouissent naturellement, à se soumettre au joug du pouvoir, il découvre la raison de l'infortune qui pèse sur les hommes depuis des siècles : C'est le peuple qui s'asservit, qui se coupe la gorge. [...]
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