Discours radiophonique du secrétaire d’État Foster Dulles - John Foster Dulles (1954) - Justification de l’intervention de la CIA dans le coup d’État de juin 1954 au Guatemala

Thèmes abordés

Foster Dulles, Guatemala, endiguement, Jorge Ubico, United Fruit Company, Jacobo Arbenz, réforme agraire de 1952, coup d'État, révolution guatémaltèque, communisme international, gouvernement Arbenz, révolution communiste, Kremlin, expansion soviétique, théorie du complot, Amérique, enjeu diplomatique, traité de Rio, intervention militaire, Truman, réforme agraire, économie

Résumé du document

Comment Foster Dulles justifie-t-il ce qui n'est rien d'autre qu'une ingérence dans la politique intérieure guatémaltèque ? En quoi l'interprétation de la réalité guatémaltèque à l'aune de la guerre froide (ou comment la guerre froide guide la politique étrangère américaine) cache-t-elle des ambitions strictement américaines moins avouables ?

Extraits

[...] NIEDERGANG, Marcel, Les 20 Amériques latines, Paris, Seuil (1[ère] édition Plon 1962), vol pp. 67-96 KASPI, André, « John Foster Dulles », Encyclopédie Universalis. ARTAUD, Denise, Les États-Unis et leur arrière-cour. La défense de la troisième frontière, Paris, Hachette, 1995. [...]

[...] Discours radiophonique du secrétaire d'État Foster Dulles - John Foster Dulles (1954) - Justification de l'intervention de la CIA dans le coup d'État de juin 1954 au Guatemala Nature : Discours radiophonique du secrétaire d'État Foster Dulles, adressé au peuple américain afin de justifier l'intervention de la CIA dans le coup d'État de juin 1954 au Guatemala. Auteur : John Foster Dulles (1888-1959) : Homme politique américain, membre du Parti républicain, il est nommé secrétaire d'État par le général Eisenhower, en 1952 (NB : Eisenhower est l'ancien commandant en chef des troupes alliées pendant la Seconde Guerre mondiale, puis de l'OTAN à partir de 1950). [...]

[...] Une vision manichéenne du monde = Un monde bipolaire, divisé selon la dialectique amis/ennemis. Vision moralisante : vision d'un monde en noir et blanc, propre à Foster Dulles (cf. influence de son père, pasteur presbytérien). Gentils/méchants : « projet diabolique du Kremlin » (l. « despotisme soviétique » « subversion » Paix/guerre : « intégrité pacifique » l 3 = projet soviétique de « détruire » l 2 Vision conspirative du monde : la théorie du complot communiste qui constitue une « menace » 28) et un « danger » 33) imminent. [...]

[...] Au contraire, le sec d'État se positionne sciemment à l'échelle continentale (cf. II). Au-delà de cette vision bipolaire du monde, classique en temps de guerre froide, tout le langage et l'argumentation de Foster Dulles sont donc habilement orientés vers un seul objectif : travestir la réalité guatémaltèque, réinterprétée à l'aune du schéma bien rôdé de la guerre froide, afin de légitimer aux yeux de l'opinion publique américaine et du monde ce qui ne constitue rien de moins qu'une ingérence pure et simple dans la politique interne d'un pays indépendant, au seul bénéfice des EU. [...]

[...] Universitaire exilé, il ouvre une période de démocratisation unique dans l'histoire du pays : c'est le début de la « révolution » guatémaltèque. En réalité, révolution plutôt modérée à ses débuts, comme le montre la Constitution de 1945, inspirée de la Constitution mexicaine, qui démocratise la vie politique (suffrage universel) et établit notamment un code du travail avancé, mais déjà en vigueur ailleurs sur le continent : journée de 8 heures, salaire minimum, droit de grève, légalisation des syndicats. Aussi protection sociale, campagne contre l'analphabétisme. [...]