Diplôme d'études supérieures de Science politique, de l'institut des langues orientales et en histoire du XXe siècle, agrégé de science politique, Bertrand Badie a obtenu son doctorat d'Etat en science politique, à l'IEP de Paris en 1975. Il est Professeur des Universités à l'I.E.P. de Paris, directeur des collections des Presses de Sciences Po, directeur du Cycle Supérieur de Relations Internationales de Sciences Po, et enfin, depuis février 2002, directeur du Centre Rotary d'études internationales sur la paix et la résolution des conflits.
Son ouvrage, "La diplomatie des Droits de l'homme", est le reflet du monde contemporain. Il est en effet écrit à partir d'une réalité sans cesse croissante : l'après–Guerre froide, où il est de plus en plus courant de brandir les droits de l'homme dans les relations internationales. Politiste membre de l'école mondialiste des relations internationales, le professeur Bertrand Badie entreprend dans ce riche ouvrage une critique du discours des Droits de l'Homme sur la scène internationale.
L'ouvrage déclenche à partir d'une révision historique entre la diplomatie et les droits de l'homme, où la rencontre est parfois difficile et complexe. Les états, sont-ils bien armés pour défendre les droits de l'homme face aux résistances du réalisme, aux impératifs économiques, aux défauts de puissance dans un monde de plus en plis interconnecté et mondialisé. L'ouvrage de Badie met en cause le rôle des états comme défenseurs des droits de l'homme et sa place dans la politique internationale.
Une fois que le premier point sur les origines des droits de l'homme et son parcours historique sont expliqués, Badie concentre son analyse sur l'importance de l'approche réaliste, comme philosophie politique dominante de l'histoire occidentale de l'après renaissance. Lorsque l'approche réaliste est née, la relation entre états affronte une problématique fondamentale : seule la sécurité nationale fait sens, et c'est précisément le Prince machiavélien qui donnera la vie à des concepts tels que sécurité internationale et logique de puissance.
Mais, le discours de Badie est au-delà d'être interétatique, il approche les visions et illustre comment la guerre devient un élément constitutif de la nature même des États. Il explique que nous affrontons le paradoxe de l'Etat–nation telle qu'il est proposé par Hobbes : un corps politique civilisé et organisé à l'intérieur, mais qui conduit à la rivalité dès qu'il se trouve à l'extérieur et en relation avec les autres États-nations.
Le discours de l'auteur, qui n'est plus seulement interétatique, mais de plus en plus transnational (thème dominant de l'approche mondialiste qui s'oppose à l'approche réaliste) et en même temps, « stato-centrique », ne reconnaît guère que le jeu des égoïsmes nationaux comme paradigme d'une société internationale anarchique, et de l'apparition d'une “ humanité méta-souveraine ”, justification de diverses formes d'intervention en raison du « droit d'ingérence.» .
[...] Le nouveau contexte international l'a aussi doté d'une visibilité nouvelle et d'une capacité plus forte de se diffuser et de s'exporter». (p.131) Les mouvements transnationaux comme ceux liés aux manifestations altermondialistes mettent en lumière cette évolution où la démocratie transcende l'espace stato-national favorisant ainsi son exportation. Néanmoins, il va sans dire que l'effondrement du système soviétique reste la clé de l'exportation exponentielle de la démocratie qui répond à la demande nouvelle dans de nombreux pays notamment ceux qui avaient déjà eu une tradition démocratique. [...]
[...] Dans le climat très hobbesien de l'époque, tout restait rivalité de puissances À cet égard, l'auteur déclare que, les quêtes pour l'universel, sont des quêtes trompeuses. Même avec l'émergence de l'idéalisme wilsonien, puisque d'accord à Badie, le jeu des états reste un jeu de puissance et conduit toujours à la satisfaction de l'intérêt national, telle était la vision de Hobbes, et celle de Bismarck et de sa REAL POLITK L' ampleur de la catastrophe favorisa une revanche politique de ceux qui, nourris de Grotius (grand juriste hollandais), de droit naturel et d'idéalisme, pensaient que le prix de la paix supposait l'abandon du cynisme, de la realpolitik, de la compétition hobbesienne entre États et l'avènement d'un ordre fondé en même temps sur les valeurs et sur l'hypothèse d'une société internationale qui réunissait les États» (58). [...]
[...] Néanmoins, malgré cette apologie des Droits de l'Homme, comment expliquer que nous soyons tous les jours témoins de leur non-respect ? Tout d'abord, la mondialisation est source d'une double dynamique dans notre rapport avec l'Autre. Le processus de mondialisation a rapproché les êtres humains et eu deux conséquences : d'une part, nous souhaitons voir les droits de l'Autre respectés au même titre que les nôtres, mais il est également devenu plus facile d'exploiter cet Autre. Il ne faut donc pas oublier que l'utilitarisme régit le monde et que les droits de l'Homme peuvent constituer le parfait déguisement des logiques de puissance des États. [...]
[...] D'autre part, elle montre que la notion globale d'Humanité fait face à l'État et devient l'exigence la plus haute. Cette juridiction est d'ailleurs en train de naître (quand Badie écrit son ouvrage, les 60 états n'ont pas encore ratifié le Statut de Rome) et des individus pourront êtres poursuivis pour génocide, crimes contre l'humanité, crimes de guerre et crimes d'agression. Ils pourront être simples citoyens ou chefs d'État en exercice. Selon son statut, cette juridiction pourra être saisi par un État ou par le Conseil de sécurité sur la base du chapitre VII ou encore par un individu» (p.231) qui devient ainsi (et l'évolution est remarquable) sujet direct du droit international. [...]
[...] des élections trop rapprochées avalisent des conflits plus qu'elles ne les résolvent et donnent une victoire facile aux extrémistes et aux ultranationalistes» (p.179). ces élections venues d'ailleurs sont manifestement pensées pour permettre un retrait progressif de la communauté internationale pourtant, bien au contraire, ce type d'élection compromet sans cesse davantage ceux qui veulent s'en aller au plus vite et les condamne presque fatalement à une manipulation qui contredit violemment les principes démocratiques les plus évidents» (p.185). Lorsqu'il y a échec, c'est davantage sous l'effet d'un mauvais usage de la puissance, ou plus exactement du refus de l'inclure dans le jeu d'une gouvernance mondiale (p.188). [...]
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