Les désordres du travail, enquête sur le nouveau productivisme, Philippe Askenazy, conditions de travail, organisation du travail, société française, souffrance au travail, stress, harcèlement
Les conditions de travail et notamment la souffrance au travail incarnent actuellement un des problèmes majeurs de la société française. Ainsi, ces dernières années se sont multipliés dans l'actualité des cas de suicide, chez France Telecom, tristement célèbre pour ses 23 cas de suicide répertoriés pour l'année 2010, ou encore chez Renault. Souvent le résultat d'un rythme de travail et d'une pression patronale occasionnant un stress trop lourd à porter ou bien de harcèlements de la part de collègues et supérieurs hiérarchiques, la souffrance au travail est un phénomène qui, s'il n'est pas nouveau – il touchait auparavant surtout les agriculteurs et les ouvriers –, a pris de l'ampleur ces dernières années. A l'heure des difficultés économiques, des taux de chômage élevés, de la baisse du pouvoir d'achat, avoir un emploi est si précieux qu'il faut le garder à tout prix, quitte à en souffrir.
[...] Le modèle américain est donc la parfaite illustration de la thèse de Philippe Askenazy. Pour finir, l'auteur se penche une nouvelle fois sur les faiblesses françaises et expose quelques idées de réformes éventuelles La France se montre relativement peu dynamique face aux problèmes du travail. L'économiste précise ainsi que tous les jours en France 2000 employés subissent un accident du travail dans le secteur privé, contre seulement quatre fois plus aux États-Unis avec un nombre de travailleurs six fois supérieur et une durée du travail plus importante. [...]
[...] Ainsi les femmes sont souvent victimes d'inégalités de traitement vis à vis de leur collègues masculins, voire de harcèlement moral ou sexuel, elles ont moins de responsabilités pour des salaires moindres. [...]
[...] Philippe Askenazy s'intéresse alors au modèle américain qui contrairement à la France a su répondre de manière efficace au malaise des travailleurs Le productivisme réactif a tout d'abord, lorsqu'il a été mis en place aux États-Unis, un peu plus tôt qu'en France, eu les mêmes conséquences sur la dégradation des conditions de travail. Mais très rapidement, le pays a su réagir, et la décennie 90 signifia le début d'une forte amélioration des conditions de travail : c'est le “miracle américain“. Cela se traduit notamment par un recul des accidents du travail et des troubles musculo-squelettiques de plus d'un tiers, dans tous les secteurs, dans le cadre d'une économie dynamique normalement propice à l'élévation des statistiques. [...]
[...] Ce sont les politiques publiques françaises - notamment la réduction du temps de travail qui sont en cause, de par leurs effets contreproductifs. En se penchant sur le modèle américain, on voit que par une responsabilisation à la fois des entreprises et des syndicats, l'amélioration des conditions du travail n'est pas incompatible avec productivisme réactif et efficacité économique. Il faudrait donc en France réinciter les entreprises avec des possibilités de gains économiques et remobiliser les syndicats et l'État en prenant conscience que la souffrance au travail n'est pas un problème purement individuel et psychologique mais qu'il peut être résolu par certaines mesures globales et nécessite donc d'être pris en compte à sa juste valeur. [...]
[...] Certes, il est vrai que le droit prend en compte de plus en plus de maladies dans la catégorie des maladies professionnelles, mais il faut aussi savoir que l'augmentation des maladies professionnelles observées est en grande partie due à l'augmentation des troubles musculo-squelettiques, symptôme fort du nouveau productivisme, compris depuis longtemps par le droit du travail. Enfin, le malaise au travail apparaît comme trop global pour n'être qu'un mythe. Quant à l'idée qui souligne l'aspect psychologique de la souffrance au travail, elle apparaît selon Philippe Askenazy comme beaucoup trop centrée sur l'individu, alors que c'est le modèle qu'il faudrait remettre en cause dans sa globalité. [...]
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