Denis PESCHANSKI est un historien français né en 1954 qui est spécialiste du communisme, de la France de Vichy et des « années noires ». Il est également directeur de recherches au CNRS à l' « Institut d'histoire du temps présent ».
L' « Histoire du temps présent » qui a pu être appelée « histoire immédiate » va, ici, nous intéresser pour étudier son texte. En effet, l'objectif de cette discipline est de réfléchir sur l'historiographie contemporaine et sur l'épistémologie de l'histoire du temps présent, c'est-à-dire qu'elle tente de remettre en cause les connaissances sur le XXe siècle ainsi que les méthodes scientifiques utilisées pour étudier cette période. Elle s'inscrit dans l'évolution récente de l'historiographie française qui privilégie l'interdisciplinarité afin d'étudier des évènements selon différentes perspectives.
Le texte de Peschanski s'inscrit dans cette même évolution. Il s'agit d'une contribution à un séminaire organisé par l'Institut d'Histoire du Temps Présent de 1988 à 1990, soit la période durant laquelle le bloc soviétique commençait à se disloquer pour ensuite disparaître. L'objectif était d'organiser une confrontation entre un « intervenant » et un « discutant », entre un historien et un représentant d'une autre discipline. Ainsi, dans sa contribution intitulée « Le concept de totalitarisme est-il opératoire en histoire ? », Peschanski s'est interrogé sur la validité scientifique du concept de totalitarisme face au philosophe Françoise Clévenot.
Le passage que l'on va étudier est en quelque sorte la conclusion de son intervention qu'il a intitulée « retour au concret ». On se demandera alors en quoi ce texte s'inscrit dans le courant historiographique, incarné notamment par Ian Kershaw, qui remet en cause l'utilisation du concept de totalitarisme par les historiens ?
[...] Un concept dépourvu de toute validité scientifique : il n'est pas opératoire Dès lors, ce concept est privé de toute validité scientifique. Quand Peschanski évoque les questions posées par le concept de totalitarisme il affirme que ce concept ne donne pas de réponses mais au contraire pose des questions et même des problèmes (l.30) comme il l'écrit plus tard dans le texte. Il remet ainsi en cause la pertinence de l'utilisation d'un tel concept pour expliciter l'histoire, s'opposant alors à l'école dite totalitariste qui s'inscrit dans la lignée d'Hanna Arendt. [...]
[...] Chaque forme de totalitarisme est unique et spécifique de la société dans laquelle elle est apparue. Ainsi, la tentation de conceptualiser c'est-à-dire de systématiser, de généraliser signale la contradiction constante de la démarche historienne (l.32), l'historien devant étudier chaque évènement de manière scrupuleusement spécifique même si la méthode comparative reste permise (Ernst Nolte(Méthode comparative permet de déterminer ce qui est spécifique de ce qui est général). L'école révisionniste face à l'école totalitariste : la recherche de spécificité Peschanski reprend alors les paroles de Pierre Hassner déclarant nous nous sommes trop occupés jusqu'ici du totalitarisme (l.24-25) mais pas assez [sur] le pôle opposé, de cette société civile ou de ces cultures nationales Cette opposition entre totalitarisme et société civile rappelle alors celle entre l'école dite totalitariste qui rejetait les recherches sociétales comme Stéphane Courtois et celle dite révisionniste dominante aux Etats-Unis dans les années 1980 et 1990, qui tentaient au contraire de réhabiliter l'histoire sociale. [...]
[...] On retrouve donc ce dialogue entre les disciplines autour d'un sujet sensé œuvrer au renouveau de l'historiographie contemporaine, dialogue que mène d'ailleurs Peschanski, historien, autour du concept de totalitarisme face au philosophe Françoise Clévenot. Le terme philosophie politique fait également référence à Pierre Hassner qui dénie l'utilisation du concept de totalitarisme en histoire et en sociologie politique mais le réserve à la philosophie. Redéfinition de la démarche historienne Tout au long de son texte, Peschanski s'adresse à ses collègues historiens afin de redéfinir les méthodes et les outils d'analyse de l'histoire contemporaine. [...]
[...] Ainsi, Peschanski parle tout d'abord de configurations successives (l.5) affirmant alors l'évolution des liens entre ces quatre acteurs au sein d'un même régime au cours du temps. Le concept de totalitarisme n'apparaît donc pas comme une entité fixe mais comme un concept évoluant en fonction d'un certain nombre de variables. Cela rappelle les travaux de Martin Broszat (l.13), partisan de l'école fonctionnaliste, qui refuse par exemple le lien de causalité affirmant que l'extermination des Juifs était déjà prévue dans Mein Kampf. [...]
[...] Je ne rapporterai pas ici l'ensemble des travaux évoqués par l'auteur mais seulement le commentaire de Peschanski à l'égard des recherches de Lewin et de Bartosek sur la société soviétique (l.16) affirmant que ceux-ci [mettaient] en premier plan le concept de société civile, une société qu'on disait détruite (l.18). On retrouve ici cette idée de rupture avec des études historiques qui vont à l'encontre d'une thèse rencontrant une certaine unanimité auprès des historiens contemporains. Cependant, pour Peschanski, c'est l'« histoire du temps présent et l'interdisciplinarité à laquelle elle est associée par ses promoteurs qui permet cette rupture dans l'historiographie contemporaine. Ainsi, dès le début du texte, il associe une des directions majeures des recherches menées (l.1) aux points de passage entre philosophie politique et histoire (l.3). [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture