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La démocratie providentielle sous-titrée Essai sur l'égalité contemporaine de Dominique Schnapper (sociologue et directrice d'étude à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales) parut aux éditons Gallimard en Février 2002 est un essai d'environ 300 pages dans lequel l'auteur répond en à un problème longtemps formulé par les philosophes et les théoriciens de la science politique, celui du statut de l'égalité au sein de la démocratie.
Selon Dominique Schnapper, la démocratie a, elle-même, crée une illusion qui, à son tour, la menace. Cette illusion, c'est l'idée d'égalité. En effet, l'affirmation de l'égalité politique (formelle) comme principe fondateur de la démocratie, s'est toujours heurtée à la réalité des choses, marquée par l'inégalité des conditions et aptitudes sociales : Comment légitimer l'égalité politique face aux exigences accrues des individus à accéder à l'égalité réelle ? L'Etat providence sociale et culturelle essaie de répondre à cette demande mais, elle aussi, se trouve limitée à son tour par une dynamique démocratique impatiente devant toutes limites. Ainsi, l'idée même de citoyenneté traditionnelle politique qui était la pierre angulaire de l'Etat nation et le moteur de l'Etat providentiel, s'affaiblie au profil d'une « nouvelle citoyenneté » économique, sociale, supranationale. Dès lors, se pose la question de la nature même de cette nouvelle citoyenneté et plus inquiétant encore, la question des motivations pour faire société aujourd'hui. Autrement dit, dans quelles conditions un individu peut-il se sentir aujourd'hui citoyen ? Est-ce en participant à la vie politique ou en revendiquant de nouveaux droits au nom de l'égalité réelle ? Etre citoyen d'aujourd'hui, répond l'auteur, c'est une transcendance vers un but commun, il ne pourra pas y avoir de société sans valeurs partagée.
[...] Dans le second, l'intervention est devenue catégorisante et particularisante, elle a fait de l'Etat un acteur direct de la vie sociale ou d'un milieu social. Elle n'est plus fondée sur le principe de l'égalité, mais sur celui de l'équité p L'individualisation croissante des relations sociales a conduit à ce que ces besoins qui se renouvellent sans cesse alors que les ressources sont limitées soient de plus en plus formulés comme des droits de la personne plutôt que des droits du groupe. [...]
[...] Cette dynamique conduit la logique de l'Etat providence à se substituer peu à peu de la logique classique de la citoyenneté dans l'Etat républicain. Le modèle classique de l'Etat républicain repose sur un Etat idéalement arbitre et neutre, rationnel et à prétention universelle, construit pour incarner l'intérêt général, au sens de Rousseau, contre les intérêts particuliers, pour garantir la cohésion sociale. Cette conception de l'Etat agissait à la fois comme une idée régulatrice et un principe d'action. Alors que l'Etat d'intervention quant à lui, vise à répondre à la dynamique infinie des besoins des citoyens. [...]
[...] Si les démocraties occidentales ont disposés des idéologies soviétiques et du totalitarisme hitlérien c'est bien pour que les peuples disposent d'eux- mêmes, l'autonomie des peuples fut le moteur de l'expansion de la démocratie. Cependant, poursuit Dominique Schnapper, bien que les révolutionnaires aient voulu affirmer l'universalité du citoyen en accordant la citoyenneté aux protestants, aux juifs, aux comédiens et aux bourreaux, ils continuèrent à promouvoir la distinction entre citoyens actifs et citoyens passifs. En effet, la qualité de citoyen actif seule, octroyée en fonction d'un déterminisme naturel (il fallait être homme) et d'une certaine indépendance matérielle (propriétaires et chefs de famille), donnait droit au plein exercice de la citoyenneté. [...]
[...] Et enfin, la nouvelle donne économique mondiale à fait que l'Etat nation s'affaiblit progressivement au profit des espaces économiques internationaux (Union européenne, Unité africaine, Accord de libre-échange nord-américain, Ligue arabe De ce fait, il devient impossible d'assimiler simplement le concept de la citoyenneté à celui de la nationalité. D'où selon Dominique Schnapper, la légitimité des arguments des théoriciens d'une nouvelle citoyenneté économique, culturelle supranationale. Autrement-dit, un étranger installé sur le sol français, y travaillant et capable de justifier un revenu au bout d'un certain temps ; peut, s'il le souhaite devenir citoyen français. [...]
[...] L'européen de la Belgique a quasiment les mêmes droits en France que le citoyen français. Tous ces constats ont fait que la transcendance qui était incarnée dans les valeurs républicaines s'est épuisée et a disparu dans la démocratie. Comment continuer à vivre ensemble si nous ne partageons plus les mêmes valeurs ? se demande l'auteur. Il nous faudra, répond-il, revenir au fondamental : le politique. Il ne faut pas que le souci de l'égalité réelle, ou celui de l'efficacité économique l'emportent sur le politique. [...]
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