Face à la crise de la représentation décriée par Robert Dahl, le politologue Ian Budge tente, à partir d'une méthode empirique et comparative, de poser les fondements théoriques d'une démocratie directe, qu'il considère comme un « régime dans lequel les citoyens adultes dans leur ensemble débattent et votent sur les questions politiques les plus importantes, et dans lequel leur vote détermine les actions à mettre en œuvre » : la participation civique accrue.
S'il partage ce constat avec de nombreux autres théoriciens, Budge s'isole fortement dans les alternatives qu'il suggère : face au participationniste sans méditation que proposent ses confrères, lui pose les bases de ce qu'il nomme une party-based direct democracy, ou démocratie directe partisane. L'idée étant d'inclure au schéma de gouvernement direct des instances médianes qui permettraient de structurer l'expression ainsi que la participation.
[...] "Vers une démocratie directe partisane? En relisant Budge", Laurence Morel (2000) Face à la crise de la représentation décriée par Robert Dahl, le politologue Ian Budge tente, à partir d'une méthode empirique et comparative, de poser les fondements théoriques d'une démocratie directe, qu'il considère comme un régime dans lequel les citoyens adultes dans leur ensemble débattent et votent sur les questions politiques les plus importantes, et dans lequel leur vote détermine les actions à mettre en œuvre : la participation civique accrue. [...]
[...] C'est dans cette optique que Bernard Manin décrit une démocratie du public se substituant progressivement à la démocratie des partis : la prédominance du parti qui induisant la nature du lien entre le représenté et l'élu laisse place à une augmentation de la marge d'indépendance du gouvernant, rendant toute thèse d'un approfondissement démocratique en cours très incertaine. Tout au moins l'auteur constate-t-il que le parti n'a plus de rôle moteur dans le processus de renforcement du pouvoir des gouvernés. On assisterait ainsi à un phénomène conjugué de baisse de l'identification partisane en même temps qu'augmenterait la demande de libération publique. [...]
[...] En ce sens, les partis seraient les principaux promoteurs du débat public et leur institutionnalisation dans une démocratie directe devrait leur permettre une garantie d'existence et un renforcement de légitimité. En envisageant les avancées participationnistes comme un mouvement de facto des régimes représentatifs vers une directisation des démocraties, selon les mots de l'auteur, Budge réfute l'idée d'une crise brusque, soudaine, non anticipée. Au contraire, il considère les institutions comme étant soumises à d'inévitables variations conjoncturelles. Dans sa description d'un gouvernement aux lignes directrices mouvantes, seuls les partis revêtent un dénominateur commun entre le régime actuel et celui qui tend à le remplacer inéluctablement, semble-t-il si l'on s'appuie sur les propos de l'analyste. [...]
[...] C'est d'ailleurs en associant les partis au système participatif que Budge témoigne de leur impérieuse nécessité. L'auteur entend en effet en faire des organisations des opérations de démocratie directe : cette dernière n'est ici pas envisagée dans sa définition extrémiste. Ainsi, de même que les Parlements seraient toujours présents, mais dans une simple optique référençant les termes du débat populaire. Budge souligne la multiplicité des apports potentiels que pourraient faire les partis à la démocratie directe : conditions d'accès à la parole rendues plus équitables, cohérence des positions personnelles avec le programme envisagé plus largement, pluralité d'informations disponibles. [...]
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