"La démocratie des autres", Amartya Sen (2005)

Résumé du document

"La démocratie des autres" est une des œuvres majeures de l'intellectuel indien Amartya Sen, prix Nobel d'économie. Dans cette œuvre il s'attache à démontrer l'universalité des valeurs démocratiques, en empruntant des exemples historiques tirés de nombreuses civilisations. Ce faisant, il s'attaque de manière frontale à une idéologie, émanant de certains intellectuels occidentaux qui accrédite l'idée d'un choc des civilisations (Cf: Samuel Huntington, "Clash of civilizations").

C'est donc sur un véritable préjugé culturel qu'Amartya Sen concentre sa critique. Il s'agira donc d'aborder ici, à travers l'histoire des civilisations, mais également l'histoire des valeurs, comment réfuter ce préjugé encore tenace.

Sen débute son œuvre en relevant un constat indéniable, marquant un des paradoxes sociétaux contemporains. Il souligne ainsi le fait qu'à une époque où la détermination des peuples pour la démocratie est de plus en plus marquée, il existe de nombreuses difficultés à établir ce système dans des nations comme l'Irak ou l'Afghanistan. Le préjugé culturel doit-il prévaloir ici ?

Extraits

[...] Seules, elles ne permettent pas de sauvegarder la diversité des doctrines, l'existence du pluralisme (Rawls) et n'empêchent pas la prise du pouvoir par des tyrans (Russie, Irak de Saddam Hussein). De plus, l'origine de la démocratie est limitée au modèle occidental de l'Europe. Pourtant, le soutien au pluralisme fût d'une importance non négligeable dans l'histoire de nombreuses sociétés. La démocratie est un héritage global, non une notion uniquement occidentale. C'est pourquoi, il faut souligner ici que le processus de démocratisation n'équivaut pas intrinsèquement à un processus d'occidentalisation. Pour montrer cela, appuyons-nous sur le cas africain. B. [...]

[...] L'affirmation de la démocratie, résultat de faits historiques déconnectés. Loin d'être une invention du vingtième siècle, la démocratie est un régime qui comme vu précédemment s'est affirmé depuis la Grèce Antique. Dès lors, de grandes étapes ont contribué à une affirmation plus importante de ce régime. En premier lieu, en 1215, se produit la promulgation de la Grande Charte (Magna Carta). Ce premier texte démocratique entend conférer moins de pouvoir au roi d'Angleterre afin de préserver les libertés du peuple. [...]

[...] En effet, nous savons que le manque de transparence dans les affaires caractérise bon nombre de régimes autoritaires ou de démocratie non affirmées C'est ce qu'a montré la crise financière de 1997 qui a notamment touché la Corée du Sud, la Thaïlande, ou encore l'Indonésie. Cela s'est suivi effets dramatiques sur les plus vulnérables qui manquent alors du rôle protecteur de la démocratie. Nous voyons donc ici le rôle indispensable de la démocratie dans la bonne gouvernance économique. E. Les fonctions de la démocratie au service d'une finalité: le bien- être. [...]

[...] En effet, le pluralisme ou la tolérance furent liés à d'autres civilisations anciennes. Les Grecs eux-mêmes entretenaient des discussions en rapport aux traits démocratiques avec les Iraniens, les Indiens ou les Égyptiens. Et ce, beaucoup plus qu'avec les Goths ou les Wisigoths. Or, cette hypothèse sous-entend justement l'idée d'une opposition entre Occident civilisé et Orient barbare. D'autre part, il convient de souligner d'un point de vue historique qu'Athènes semble n'avoir eu aucun impact immédiat en France, en Angleterre ou en Allemagne tandis qu'en Inde ou en Iran existait déjà un conseil élu, une assemblée populaire et des magistrats proposés par le conseil et élus par l'assemblée. [...]

[...] On remarque aujourd'hui, que de tels critères ne sont pas présents seulement en Occident. Nous pouvons citer des pays tels que le Botswana, le Liban ou encore les pays d'Amérique latine qui appliquent de telles exigences. Malgré ce fait, ceux qui ne considèrent pas la démocratie comme valeur universelle le font au nom de différences culturelles. Ils soulignent à titre d'exemple que les pauvres demandent du pain, pas la démocratie. Pourtant le rôle protecteur de la démocratie est essentiel pour eux. [...]