Né à New York en 1912, Moses Finley fit des études d'histoire du droit et de l'Antiquité à l'université Columbia. Il fut très tôt influencé par les problématiques développées par les sciences sociales. Pourtant, il émit toujours des réserves sur l'utilisation systématique des méthodes anthropologiques et ethnographiques pour l'étude d'une société sécularisée, lettrée et étatisée comme l'était celle de la Grèce archaïque et classique.
Victime du maccarthysme, il avait néanmoins sur le marxisme une position nuancée qui l'avait même amené à se déclarer «contremarxiste» à la fin de sa vie, politiquement, par refus d'un système totalitaire, et intellectuellement, parce que les postulats et méthodes marxistes ne lui paraissaient présenter aucun intérêt pour les périodes précapitalistes. Les similitudes qu'il avait relevées dans les analyses de Marx et de Weber lui permirent de formuler un de ses postulats fondamentaux, à savoir qu'«un aspect essentiel de l'histoire grecque était la marche en avant, main dans la main, de la liberté et de l'esclavage».
C'est pour l'étude de l'esclavage antique que l'apport de Finley est le plus riche de conséquences, car les catégories de servitude antique, qu'il s'efforça d'isoler ont été, dès lors, reprises par tous: il distingua l'esclavage-marchandise des formes de dépendance où interviennent des contraintes non économiques et il se démarqua de l'école marxiste en refusant une catégorie immuablement reproduite de l'esclavage et en soulignant la spécificité des formes antiques.
C'était l'homme des controverses et même des polémiques: «Toute polémique, disait-il, est une façon d'avancer.» Les titres de ses œuvres sont parfois significatifs de la façon dont ses idées avaient mûri: ainsi Slaveries in Antiquity. Views and Controversies ou Démocratie antique et démocratie moderne. Dans ce dernier, il répondait à des politologues anglo-saxons quand il analysait le fonctionnement interne des régimes antiques pour circonscrire l'essentiel de la démocratie...
[...] On assiste également à une stupéfiante progression de la bureaucratie : ce sont les experts sans lesquels la société moderne ne saurait fonctionner. Dans de telles conditions, il serait absurde d'établir une comparaison directe avec une petite société homogène, en face-à-face telle qu'Athènes. L'apathie publique et l'ignorance politique sont un fait fondamental aujourd'hui. La question est alors la suivante : compte tenu des conditions modernes, cet état de choses est-il nécessaire et souhaitable ? Ou de nouvelles formes de participation populaire dans l'esprit de l'expérience athénienne ont-elles besoin d'être découvertes ? [...]
[...] Comment expliquer ce paradoxe ? Les historiens modernes se sont beaucoup trop focalisés sur le régime politique athénien et ont oublié que derrière l'intolérance il y a toujours la peur, quelle que soit la forme de gouvernement. Qu'est ce qui effrayait les Athéniens dans ce dernier tiers du Ve siècle pour que soient acquis des condamnations et des châtiments ? Ce qui effrayait les Athéniens, c'était la disparition d'un mode de vie élaboré pendant un demi-siècle, sur les bases de l'empire et de la démocratie. [...]
[...] Pour des milliers d'entre eux, être rameur dans la flotte procurait un gagne-pain. Par ailleurs, un nombre d'hommes importants, peut- être vingt mille, recevaient une terre confisquée aux sujets rebelles tout en gardant la citoyenneté athénienne. Enfin, le contrôle des mers aidait à garantir un approvisionnement en blé suffisant et donc le maintien à des prix raisonnables des principales denrées. Les seuls avantages sont invisibles. Le premier était la possibilité d'engager des dépenses publiques extraordinaires, sans que le poids des liturgies n'augmente. [...]
[...] Après sa condamnation par contumace pour sacrilège, Alcibiade s'était réfugié à Sparte, où il semble avoir servi de conseiller militaire pendant deux ou trois ans. La foule athénienne (les polloi) dont on souligne si souvent le caractère irritable et soupçonneux, doit plus être accusée d'une confiance par trop débonnaire et accommodante, si l'on pense qu'elle gardait vivants en son sein les hommes même qui à la première occasion furent prêts à mener à bien une action subversive contre la démocratie John Stuart Mill Ils préparèrent le coup d'Etat oligarchique de 411, puis la venue au pouvoir des Trente Tyrans. [...]
[...] Quand l'esclave est acheté comme force de travail. Telles que celle des ilotes à Sparte Seymour Martin Lipset et W.H. Morris Jones ont pris dans la discussion ouverte sur la fonction de l' apathie dans la démocratie moderne une position radicale : l'apathie ne gêne pas, elle favorise le développement de la démocratie, car elle empêche le développement de l'extrèmisme politique et du totalitarisme. les modèles qu'ils nous ont proposés sont diamétralement contraires à leur énoncé ou à leurs intentions ; ils nous ont vanté la liberté de Rome et de la Grèce, et ils ont oublié [ ] que sur environ cinq million de têtes qui peuplaient la totalité de la Grèce, plus de trois millions cinq cent mille étaient esclaves ; que l'inégalité politique et civile des hommes était le dogme des peuples, des législateurs Leçons sur l'histoire, professées en l'an III à l'Ecole normale supérieure in Œuvres complètes de Volney, Paris p. [...]
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