"La défaite de la pensée", Alain Finkielkraut (1987)

Résumé du document

En réaction contre son temps et ses dérives, Alain Finkielkraut a joué, à partir des années 1980, un rôle important dans les débats et réflexions sur le monde et les évènements contemporains. Il s'est par exemple engagé pour une intervention occidentale en ex-Yougoslavie et pour défendre le droit de la Croatie à la sécession contre la Serbie.

Le fil directeur de toute son œuvre est une critique du modernisme, accompagnée d'une défense de la culture, de la liberté et de la pensée libre. Il tend ainsi à réveiller son temps en rappelant la valeur de la République, de l'école, du travail, de la morale, de la pensée, de la culture, de l'engagement, de la France.

Il s'est donc plusieurs fois positionné comme défenseur de l'école de la République contre des réformes pédagogiques qu'il jugeait néfastes, et a été en ce sens consulté par les gouvernements sur les questions scolaires. Il s'est opposé avec constance à la pensée de la période 1968, et au progressisme en général.

Extraits

[...] Mais, pour former la nation, l'individu doit se fondre, s'oublier dans la collectivité, et pose ainsi le problème de savoir où est la limite entre l'individuel et le collectif. Toutefois, cette révolution des mentalités ne s'est opérée que dans les pays d'Europe occidentale, grâce à des élites éclairées que n'avaient pas d'autres régions du monde. Et c'est ainsi que ces mêmes pays se sont sentis, du fait de leur puissance intellectuelle, culturelle, mais aussi économique, le devoir d'enseigner, aux pays dits sous-développés, leurs valeurs et leur culture qu'ils pensaient universelles et applicables à tous. [...]

[...] La prise de conscience de l'Autre donne toutefois naissance à la philosophie de la décolonisation qui tend à redonner à l'Autre toute sa valeur ; mais est-ce suffisant ? Troisième Partie : vers une société pluriculturelle ? La disparition des dreyfusards Une pédagogie de la relativité La culture en pièces Le droit à la servitude ( Si l'impérialisme européen a débouché sur la colonisation, c'est aujourd'hui le tiers-monde qui envahit l'Europe. Se pose donc la question de savoir comment les intégrer à une culture qu'ils n'ont pas nécessairement choisie et dont ils n'ont pas été imprégnés ? [...]

[...] Mais comment intégrer ces personnes ?Face à ce problème, deux avis s'opposent. Tout d'abord ceux qui voudraient soustraire l'Europe à l'influence d'usages étrangers et les tiers-mondistes, pour une société pluriculturelle, et le droit à la différence Un compromis entre les deux serait une pédagogie de la relativité. L'homme est culturel, il est baigné dans sa propre culture, et, de plus, il va, par instinct, tendre à nier l'autre ; le relativisme va donc lui apprendre à exister à la fois au-delà de son appartenance culturelle, et avec l'Autre, dans le but de rapprocher les hommes. [...]

[...] Qu'advient-il alors de la pensée, des traditions et des particularismes ? Sont-ils voués à disparaître ? Mise en perspective critique de l'ouvrage Alain Finkielkraut émet dans cet ouvrage une critique de la modernité et plus particulièrement du modernisme, en s'appuyant sur le malaise de la culture. Et il y a de quoi ; il semble, en effet, tout à fait justifié de parler d'une défaite de la pensée au profit d'un monde de divertissement et de plaisirs immédiats qui enferme les individus dans la recherche du confort, du profit maximum, de la jouissance. [...]

[...] Par son exigence morale et intellectuelle et par ses analyses de la société contemporaine, Finkielkraut prolonge la pensée d'Hannah Arendt. Bref résumé de l'ouvrage A l'ombre d'un grand mot : en guise d'introduction, l'auteur fait une distinction entre les deux significations que l'on donne aujourd'hui à la culture. Il nous montre quel sera le développement de l'ouvrage, à savoir les évolutions, temporelles et doctrinales, de la notion de la culture, jusqu'à l'avènement du tout culturel Première Partie : l'enracinement de l'esprit Le Volksgeist L'humanité se décline au pluriel La chaleur maternelle du préjugé Qu'est-ce qu'une nation ? [...]