La maxime « Quand dire c'est faire / quand faire c'est dire » résume bien le septennat de Jacques Chirac. Le manque d'autorité réelle du chef de l'Etat, du fait de la cohabitation et du discrédit personnel du président, et l'absence de pouvoir d'action de celui-ci expliquent la nécessité pour Jacques Chirac de gouverner par la parole.
Le fait que Jacques Chirac ne puisse pas agir, donne à chacune de ses paroles un pouvoir effectif. De plus, dans ses discours se concentre l'essentiel de son action politique. Ainsi, son impuissance politique passe par la puissance de ses mots. C'est pour cette raison qu'il est intéressant d'étudier et d'analyser la parole présidentielle, comme le fait Damon Mayaffre tout au long de cet ouvrage.
Damon Mayaffre est docteur en histoire, chercheur au CNRS en linguistique, il est spécialisé dans l'analyse du discours politique assistée par ordinateur. Il est l'auteur aussi de l'ouvrage le discours de gauche et de droite dans l'entre-deux-guerres.
[...] Son originalité est d'être un discours particulier, individuel. Deux objections peuvent être apportées. L'étude a mise à jour les spécificités des locuteurs par rapport à l'ensemble des autres, c'est-à- dire par rapport à une moyenne. En revanche, les rapprochements lexicographiques entre présidents ont été négligés. À insister trop sur les originalités, on a ignoré les proximités. C'est pourquoi, une vision éclatée ressort du discours présidentiel. D'autre part, il a été possible de traiter qu'une partie infime des spécificités de chaque président. [...]
[...] Pour répondre à ces objections, Damon Mayaffre se propose de regarder globalement la distribution de plus de 120 termes traités par la méthode factorielle. L'objectif est de situer les présidents les uns par rapport aux autres en fonction de l'utilisation qu'ils font des mots sélectionnés. Au regard du schéma, qui est mis sous la forme d'un axe horizontal et d'un axe vertical, on observe que l'identité lexicale du général de Gaulle se démarque aussi clairement et se trouve pour l'essentiel à l'opposé de celle de Mitterrand. [...]
[...] Ainsi le vocabulaire spécifique permet de souligner ce qu'il y a de remarquable dans un discours particulier par rapport à la norme que constitue le corpus dans son ensemble. Le logiciel indique les mots qui sont sur-utilisés par les présidents étudiés au regard de l'ensemble du corpus. III- Interprétation historique La liste du vocabulaire spécifique des présidents souligne deux types de mots. D'une part, il y a le lexique conjoncturel : celui qui se rattache à une thématique particulière d'un président qu'ils développent sous son mandat. [...]
[...] Enfin, nous interpréterons historiquement les discours du président de la République (III). Présentation des sources utilisées Le corpus sur lequel s'appuie Damon Mayaffre est composé de 2100 discours, allocutions ou articles personnels ou signés par Chirac. A ceux- ci il faut aussi ajouter les 294 communiqués officiels de l'Elysée. Cela correspond à une allocution chaque jour durant son septennat. Ainsi, la base de données est composée de 906 discours interventions télévisées conférences de presse interviews articles de presse lettres et messages dialogues de débats et 294 communiqués de la présidence de la République. [...]
[...] On constate que le mot le plus utilisé par Jacques Chirac est le mot naturellement Il a été utilisé 555 fois dans les discours du président fois dans le discours total des présidents de la république. Cela correspond à un écart de + 23 par rapport à l'ensemble du corpus. II- Explications informatiques La logométrie et le traitement assisté par ordinateur, apparaissent indispensables pour trois raisons complémentaires : - Seul l'ordinateur est susceptible d'ingérer des discours si nombreux : mots. [...]
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