La crise de l'Etat-providence est divisée en trois chapitres bien définis. Rosanvallon part d'un constat ; l'Etat-providence et le modèle social-démocrate sont en crise. Puis, il s'attache à décrire, pour mieux le réfuter, le principal opposant à ce modèle ; le libéralisme. Enfin, il tente d'apporter des solutions pour sortir de l'impasse dans laquelle se trouvent nos sociétés. Le but de ce livre est clair : afin d'éviter la progression des idées (néo-)libérales qui profite de la crise en cours, il faut modifier de façon radicale la société, l'Etat, et les rapports qu'ils entretiennent. Rosanvallon tente de trouver une troisième voie viable entre la social-démocratie et la démocratie libérale, entre le marché et l'Etat. Il veut modifier le modèle keynésien en gardant éloignées les idées libérales.
Nous allons donc voir comment se décompose son analyse qui le mène à constater la crise de l'Etat-providence, à refuser le libéralisme et enfin à proposer de nouvelles ouvertures à la démocratie...
[...] Bentham refuse l'intervention de l'Etat dans le marché, mais admet que celle-ci peut être parfois nécessaire dans certaines situations. La pensée de Burke se fonde sur la distinction public-privé ; selon lui, seulement ce qui est strictement public appartient au domaine de l'Etat, c'est-à-dire l'ordre et la prospérité publics. Mais lui aussi reconnaît des exceptions pour la conservation de l'ordre social. Enfin Guillaume de Humboldt limite l'action de l'Etat à la sûreté intérieure et extérieure, il défini l'Etat minimal comme Etat de droit. [...]
[...] Ces deux scénarios ne satisfont pas l'auteur qui leur reproche de ne pas “penser les progrès sociaux de l'avenir”, ils ne prévoient pas l'apparition de nouvelles demandes sociales (comme le droit à la culture par exemple), qui pourrait agrandir le domaine des services publics. La redéfinition des rapports entre société et Etat doit se substituer à ces deux scénarios qui réduisent le problème à son aspect économique. Rosanvallon rejette l'idée selon laquelle le service collectif doit être non-marchand, sous la tutelle de l'Etat, et porteur d'égalité alors qu'au contraire le service privé correspondrait au marché, serait lié au profit et donc à l'inégalité. [...]
[...] Comment assurer l'égalité des chances sans renier les principes libéraux en passant par un Etat redistributeur ? L'œuvre de John Stuart Mill n'apporte pas de réponse, John Rawls, lui, propose l'idée de redistribution mais seulement départ”, ce qui sert d'alternative à l'Etat-providence. Une fois l'égalité des chances assurée à la naissance, il n'y a plus d'injustice possible, et les inégalités qui apparaissent ensuite ne sont que le fruit des choix des individus. La légitimité du système du marché se trouve ainsi renforcée. [...]
[...] L'auteur s'emploie donc tout d'abord à les combattre puis propose une autre voie possible. Le libéralisme oppose le marché à l'Etat, ce dernier représenterait le problème, le marché, la solution. Il critique l'interventionnisme étatique et sa bureaucratie trop pesante. Le marché serait le meilleur mode de régulation pour la société. Cette doctrine est avant tout une critique de l'Etat "social" valorisant l'efficacité du marché. Mais elle semble, du point de vue de l'auteur ne devoir rester qu'une critique étant donnée son incapacité à décrire ce que serait un Etat libéral. [...]
[...] Avec une vingtaine d'années de recul, on s'aperçoit de la pertinence de ses observations quant aux dilemmes se posant au Parti Socialiste. En effet, comment ne pas remettre en cause le développement de l'Etat- providence sans augmenter les impôts ou sans grever le budget de l'Etat ? Comment rester de gauche tout en suivant une politique libérale ? On voit que la crise actuelle du PS a bien des liens avec la remise en cause du modèle keynésien. Certaines des propositions qu'il fait ont été en partie appliquées. [...]
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