David Cosandey cherche dans son ouvrage à expliquer de manière scientifique comment l'Europe s'est avérée être un terrain plus favorable pour l'avènement des sciences et des techniques que le reste du monde. Il s'est intéressé en outre aux grands berceaux de civilisation tels que la Chine, l'Inde ou la péninsule arabique et a réfuté une à une les précédentes explications traditionnelles quant à l'essor de la civilisation européenne. Le scientifique propose donc deux nouveaux facteurs- une division politique stable et une certaine prospérité économique- qui, conjugués en Europe occidentale et nulle part ailleurs, auraient permis ce spectaculaire développement des sciences sur notre continent. Il regroupe cette conjoncture propice aux sciences et techniques sous le nom de méreuporie. Toutefois, il se grade bien de faire une apologie irraisonnée des sciences ; il laisse au lecteur le soin de se forger une opinion sur l'apport des sciences dans la vie quotidienne des Européens et précise seulement l'importance de l'avancée du savoir et de la connaissance pure grâce au développement des sciences.
[...] Par ailleurs, la deuxième condition méreuporique, c'est-à-dire une bonne situation économique, est pleinement remplie par les pays asiatiques et plus spécialement par le Japon et les quatre dragons. Un transfert des centres de recherche s'est aussi opéré de l'Occident vers l'Asie: après une phase de copie des principales innovations occidentales, l'Asie a proposé au monde ses propres découvertes au détriment de l'Occident. L'avenir de l'Europe face aux concurrents asiatiques était incertain il y a huit ans, mais l'est toujours aujourd'hui : l'Asie réunit toutes les conditions, méreuporiques et thalassographiques, pour connaître un essor scientifique extraordinaire. [...]
[...] Cependant, cette hypothèse, même si elle peut se justifier en de nombreux points, trouve rapidement ses limites ; par exemple, les civilisations indienne et chinoise ont amorcé leur déclin scientifique, et ce même avant l'arrivée des Européens en Asie (XVIe siècle). L'hypothèse du souffle créateur grec est alors proposée : l'avènement de la civilisation hellène expliquerait l'extraordinaire développement du continent européen. Pourtant, la civilisation arabe a disposé des manuscrits grecs de l'Antiquité au moins trois siècles avant les Européens, et ils n'ont pas supplanté les occidentaux pour autant. Pour Cosandey, il ne reste plus qu'à aborder l'hypothèse du hasard, celle que d'après lui on invoque lorsque toutes les autres ont été invalidées. [...]
[...] Cosandey applique alors son hypothèse thalassographique aux civilisations étudiées précédemment : les terres d'Islam, constituées de deux blocs (le Levant et le Couchant) ne sont pas marquées par une thalassographie articulée et n'offrent que peu d'obstacles qui pourraient permettre de favoriser la division politique. Le climat rude, essentiellement désertique qui y règne a été qui plus est un élément néfaste pour le développement. De plus, la même pauvreté thalassographique se retrouve en Inde. Toutefois, une dichotomie peut- être observée dans la complexité du littoral indien : au Nord, l'intérieur des terres est très éloigné des mers alors qu'au Sud (la pointe du triangle indien) le transport maritime était davantage rentable. Puis, Cosandey étudie la structure du littoral chinois afin d'étayer sa théorie. [...]
[...] Premièrement, certains historiens ont pensé que le christianisme avait favorisé les sciences en Europe. Pour Cosandey, le christianisme est fondé sur un texte révélé, la Bible, qui ne doit pas être remis en question, attitude opposée au questionnement nécessaire au scientifique. L'Eglise n'incite pas non plus au libre- arbitre et à la réflexion personnelle : les théologiens et membres du clergé explicitent la religion à la place des croyants. Enfin, l'auteur remarque que si le christianisme était source de progrès scientifique, l'orient européen, lui aussi chrétien, aurait connu la même effervescence scientifique, ce qui ne fut pas le cas. [...]
[...] En outre, les Etats- Unis et l'URSS ont été sensibles au ralentissement économique dû aux chocs pétroliers des années soixante- dix, mais dans une moindre mesure puisque ce sont toutes les deux de puissances pétrolières. Par conséquent, les crédits affectés à la recherche diminuent et le déclin technologique s'amorce. Enfin, selon l'auteur, l'ère néo- européenne serait engagée dans une phase de déclin qui serait consécutive à une régression économique de longue durée et à la chute de l'URSS. Néanmoins, ce déclin serait également imputable à la dissymétrie Ouest/Est. En effet, les écarts économiques trop importants ainsi que l'inégalité thalassographique ont eu raison de la rivalité des deux super- puissances. [...]
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