Les comportements politiques de Nonna Mayer et Pascal Perrineau

Résumé du document

Si l'on retient la définition selon laquelle la participation est 'l'ensemble distinct et homogène des activités par lesquelles la masse des citoyens est habilitée à entrer en contact avec le monde séparé du pouvoir, toujours de façon superficielle et en respectant certaines contraintes rituelles' (Denni, 1986), la participation politique comprend aujourd'hui le vote, les comportements liés au processus électoral et aux partis et les modes d'expression moins conventionnels, qualifiés souvent de protestataires

Extraits

[...] A l'Ouest, un peuple de paysans riches qui guignent, parfois depuis des décennies, une propriété foncière ecclésiastique abondante et souvent mal entretenue. A l'Est un clergé absent de la vie économique et sociale et un peuple de paysans pauvres et tisserands associés depuis longtemps à l'univers urbain où ils écoulent leurs tissus. Ces deux sociétés vont accueillir très différemment toute une série d'évènements liés au processus révolutionnaire. Le modèle du trauma historique et celui de la géographie humaine ont fait découvrir l'importance du contexte historique et du contexte social dans le façonnement des comportements politiques. [...]

[...] Elle s'atténue ensuite et c'est le milieu scolaire et les trajets professionnels qui prennent le relais, modelant les aspirations et les valeurs des adolescents. Mais une fois formées, les attitudes politiques exercent la décision électorale une influence plus directe et plus décisive que l'héritage familial, les trajectoires socio-professionnelles ou les préférences partisanes. Les auteurs concluent au développement de ce type de comportement à l'avenir, selon un processus cumulatif. L'influence des principaux groupe de référence, partis, syndicats, classe sociale, est en déclin. Les habitudes de vote se perdent. Et c'est la volatilité que les parents d'aujourd'hui vont transmettre aux électeurs de demain. [...]

[...] Partager les conditions de travail et d'existence développe des aspirations et des valeurs communes. On vote comme sa famille, comme ses voisins, comme ses collègues. La tendance est à l'homogénéité politique des groupes sociaux. Trois critères apparaissent déterminants, le statut socio-économique, la religion et le lieu de résidence. La campagne électorale n'a qu'un effet limité sur les choix politiques. La majorité des électeurs se sont décidés bien avant l'ouverture de la campagne et sont restés fidèles à ce choix initial. [...]

[...] Partout, elles sont associées aux mêmes attitudes et comportements politiques. Les postmatérialistes sont à la fois plus politisés, plus à gauche (autoplacement sur un axe gauche-droite), moins dépendants des partis traditionnels et plus enclins à des formes non conventionnelles d'action politique telles que le boycott, la grève, la manifestation, etc. Ils expliquent le développement récent des actions protestataires dans les démocraties occidentales par l'inadaptation des structures politiques aux aspirations postmatérialistes. Plus informés, plus instruits, plus politisés, les citoyens des sociétés industrielles avancées, surtout parmi les catégories aisées et cultivées, auraient des exigences de participation accrue et des demandes spécifiques non prises en compte par les partis et les syndicats traditionnels. [...]

[...] A ces deux zones géologiques se superposent presque parfaitement deux zones politiques d'où cette constatation, à laquelle on ramène trop souvent l'analyse d'André Siegfried, le granit vote à droite, le calcaire vote à gauche Le bocage granitique est ne zone d'habitat dispersé, de grande propriété, de forte catholicité et de structure sociale hiérarchique organisée autour des figures du noble et du prêtre. La plaine calcaire, en revanche, est une zone d'habitat groupé, de petite propriété, déchristianisée et à l'organisation sociale égalitaire. La logique des comportements politiques est avant tout recherchée dans leur enracinement dans des groupes sociaux. Cette tendance de la sociologie électorale a quelque peu ignoré les limites de la démarche siegfriedienne. [...]