Alfredo Joignant est professeur associé en science politique de l'Université du Chili et a été président de l'Association chilienne de science politique. Ses travaux s'intéressent à la sociologie de la socialisation et de la compétence politique, ainsi qu'aux les politiques de la mémoire.
Il fait partie des chercheurs adoptant une approche cognitive, remettant en question les postulats de la compétence politique.
Comme Daniel Gaxie, il définit la compétence politique comme la maitrise des schèmes politiques de classification selon les enjeux, les acteurs, et les évènements. L'intériorisation de ces savoirs, comme habitus, est alors le résultat d'un processus de socialisation. Ces dispositions s'activeraient alors au fur et à mesure des expériences des individus.
Cependant, il ne donne pas une place centrale à la connaissance savante du monde politique. Selon lui, les connaissances politiques ne seraient qu'une partie des savoirs dont les agents disposent pour fonder un rapport au politique.
Les individus peuvent donc avoir un rapport profane au politique. Ils possèdent des repères et des matériaux pratiques de la culture quotidienne, qu'ils ont intériorisés et stockés, et sont en mesure de bricoler afin d'appréhender, organiser et donner du sens au monde politique et de « s'y retrouver », à leur échelle, et non celle du chercheur.
[...] Comme le précisent Sophie Duchesne et Florence Haegel, l'entretien collectif apparaît comme une solution efficace de remplacement de la discussion politique informelle qui paraît difficile à observer. Il permet d'appréhender le fonctionnement du groupe aussi bien que celui de l'individu. Les différentes conceptions des entretiens collectifs La paternité de la tradition anglo-saxonne des focus groups. Le focus group, tel qu'il a été utilisé à l'origine par Merton dans les années 40, a pour but de faciliter le recueil de paroles individuelles à travers l'entretien collectif. Les entretiens collectifs : la sociologie française, la prise en compte d'autres dimensions. [...]
[...] Les conditions de l'entretien collectif L'entretien collectif tel qu'il est défini par Haegel et Duchesne nécessite la prise en compte de modalités : Alfredo Joignant s'attache à en respecter certaines : - L'homogénéité sociale des participants recrutés. - Les participants ne se connaissent pas. - Mais il a le mérite d'avoir étudié 12 groupes, alors que Duchesne et Haegel se reprochent le nombre réduit de groupes étudiés. Mais reste imprécis sur le respect d'autres conditions : - Giami : entretien dans un espace différencié des lieux sociaux habituels. [...]
[...] Les entretiens collectifs concernent une thématique relativement large et visent à recueillir des informations, des points de vue, des pistes de réflexion. L'entretien collectif insiste sur un mode interactif entre l'animateur et les participants dans un travail d'auto-analyse. Il se focalise de plus sur un processus de conflictualisation. L'entretien collectif : créateur de conflit et de consensus Sophie Duchesne et Florence Haegel définissent l'entretien de groupe, selon deux caractéristiques : - un lieu de conflictualisation, et d'opposition des points de vue. [...]
[...] Duchesne et Haegel préconisent l'affichage des propos sur de grands tableaux de papier au fur et à mesure de l'entretien afin de mettre le groupe dans une position réflexive et réactive. Alfredo Joignant, lui, ne parle que de relancer le dialogue par l'intervention du chercheur. Conclusion Alors, l'article d'Alfredo Joignant se démarque par une analyse précise de matériaux sociaux et culturels des individus. L'intérêt de sa démarche est indéniable dans la mesure où il s'attache à démontrer une conception peu reconnue de la compétence politique, à partir d'un rapport profane au politique. Cependant, l'utilisation de notions sociologiques complexes pourrait nécessiter plus qu'un rapport profane à la sociologie. [...]
[...] C'est dans cette optique qu'il rejette certaines méthodes de recherche telles que le sondage, ou l'entretien individuel. Ces enquêtes provoquent une certaine inhibition. C'est le cas de la catégorie des SO/SR (sans opinion, sans réponse), qui dans une situation sociale inhabituelle face au chercheur, ne vont pas se considérer assez compétents : c'est l'auto déshabilitation, traitée par Daniel Gaxie. Alfredo Joignant a donc privilégié la méthode de l'entretien collectif, focus group, mieux à même de révéler des compétences générales qui ne se révèlent que dans des situations de conversation, et sont reconnues par un travail d'écoute et d'observation du chercheur. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture