Dans les Discours sur la première décade de Tite-Live, Machiavel développe une morale politique inspirée par son analyse de l'Histoire ancienne, et particulièrement de la République romaine. Il examine dans un premier temps les luttes entre partis et groupes sociaux. Dans le livre I au chapitre 4, en prenant l'exemple de Rome, il cherche à démontrer que les troubles engendrés par la division entre le « Sénat », c'est-à-dire les nobles, et la plèbe auraient été le moteur de l'évolution de la cité, donc l'acquisition d'une plus grande liberté pour le peuple. Trois mouvements peuvent être discernés dans l'argumentation de Machiavel, tous trois étant construits sur un même schéma, en partant du cas particulier de Rome pour aboutir à une généralisation. Dans un premier moment, Machiavel expose sa thèse suivant laquelle les conflits entre « le peuple » et les « grands » permettent une plus grande liberté publique. Il illustre ensuite son propos en montrant que les troubles de Rome n'ont en rien porté préjudice à la liberté, bien au contraire. Il en vient, pour terminer, à affirmer qu'il faut laisser le peuple s'exprimer, qu'il doit conserver ses moyens pour faire pression sur les dirigeants sans qu'ils soient considérés comme des sauvages, c'est là la seule façon de pouvoir, en cas de besoin, avoir recours au peuple pour les dirigeants.
Ceci nous amène à nous poser plusieurs questions. Si Machiavel voit dans le conflit entre le peuple et les dirigeants un moyen d'acquérir plus de liberté, on peut se demander si c'est là la meilleure façon de faire évoluer la société. Peut-on vraiment imaginer qu'un peuple devienne libre alors qu'il reste dominé par une groupe de privilégiés, qui consent à lui donner plus de liberté simplement en vue de l'apprivoiser ?
[...] Pour lui il y a dans la République beaucoup d'exemples de vaillance cela signifie que des hommes ont le courage de protester contre leurs supérieurs. Il montre ensuite comment de bons exemples de vaillance existent, il dresses une sorte de cheminement suivant lequel les troubles entre les deux groupes sociaux sont le point de départ. Les troubles permettraient l'établissement de lois qui posent les principes de l'éducation. Ces rebellions doivent être considérées comme des phénomènes qui permettent la mise en place des lois et des institutions utiles à la liberté publique On ne doit pas seulement voir les répressions qui peuvent avoir lieu. [...]
[...] Pour lui cette division au sein de la société n'induit pas que la République ait été partagée. La cité aurait donc été divisée sur beaucoup de plans, mais pas sur celui de la République car les répressions n'étaient pas suffisantes pour engendrer une réelle scission. La République n'aurait pas été remise en question malgré cela, la formule restrictive en aucune manière employée, montre bien que pour Machiavel la division entre le peuple et les grands n'a pas de rapport avec le régime politique, en l'occurrence la République. [...]
[...] Si la lutte des classes est considérée par beaucoup d'auteurs comme une moyen d'évolution des sociétés vers la liberté, force est de constater que de telles idéologies n'ont pas pu être appliquées dans les faits. La dictature du prolétariat n'a jamais vu le jour, la lutte des classes n'a pas pu aboutir. Au travers de ce texte, Machiavel n'évoque pas une possible dictature du peuple car pour lui la prééminence de l'Etat prône sur tout et même sur l'autorité du Prince qui n'est ici à aucun moment mentionnée. Machiavel reste défenseur d'un Etat fort et porte un réel attachement à la liberté républicaine malgré tout le machiavélisme qui se dégage de son œuvre ? [...]
[...] Ces exemples nous permettent de voir que Machiavel n'est pas le seul penseur à voir dans la lutte des classes un facteur de l'évolution. Mais le conflit ne peut pas être considéré comme un élément purement positif Il reste cependant indéniable que l'idée de conflit porte en elle une connotation péjorative. Il semble donc difficile d'admettre que les troubles puissent être considérés comme entièrement positifs. Il ne faut pas oublier qu'ils sont porteurs d'une violence et que celle-ci ne peut pas être considérée comme un bien. [...]
[...] Ceci nous amène à nous poser plusieurs questions. Si Machiavel voit dans le conflit entre le peuple et les dirigeants un moyen d'acquérir plus de liberté, on peut se demander si c'est là la meilleure façon de faire évoluer la société. Peut-on vraiment imaginer qu'un peuple devienne libre alors qu'il reste dominé par une groupe de privilégiés, qui consent à lui donner plus de liberté simplement en vue de l'apprivoiser ? Au travers de ce texte, Machiavel tente donc de démontrer que la division de la société et donc par conséquent son opposition, est un facteur nécessaire pour qu'il y ait plus de libertés publiques. [...]
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