La présente fiche de lecture traitera de l'ouvrage de Claude Lefort : L'invention démocratique : les limites de la domination totalitaire.
Notre plan tournera autour d'une réponse proposée à la problématique suivante : les Droits de l'Homme peuvent-il être une politique, ou sont-ils seulement un discours généreux ?
Pour ce faire, nous verrons dans une première partie, avant de nous plonger dans le cœur de notre problématique, le parcours de l'auteur. Il nous semble en effet pertinent de situer la vie et l'œuvre de l'auteur et ainsi mieux comprendre les enjeux que sous-tendent cet ouvrage (I). Puis, dans une seconde partie nous verrons les enjeux que soulève la mise en relation des Droits de l'Homme, de la politique et du totalitarisme (II). Puis, dans une dernière partie, nous aborderons plus en profondeur l'ouvrage de Claude Lefort pour tâcher d'en extraire une analyse globale (III).
[...] Le pouvoir politique est alors une partie de toutes les relations humaines. Ceci est facilité par une association entre l'administration de l'État et la hiérarchie du Parti. Un des éléments clefs du totalitarisme selon Lefort est donc une fusion entre l'espace public et le monde politique, il y a une affirmation de l'unité. Toute organisation, association ou profession doit donc être soumise au projet de l'Etat. La diversité des opinions, une des valeurs de la démocratie, comme nous l'avons vu, est abolie pour que toute la société tende vers un même but. [...]
[...] Les régimes totalitaires sont-ils réellement incompatibles avec une politique des Droits de l'Homme et en quoi ? Ce qui est en jeu ici, c'est de savoir ce qui peut garantir la liberté de l'individu face à la violence d'Etat. Il s'agit de constituer une théorie de l'Etat qui ne soit pas incompatible avec la notion de valeur inaliénable de l'Homme. Cela pose la question de la forme de l'Etat, mais aussi sur le fond. La démocratie est-elle le meilleur régime politique par lequel les Droits de l'Homme peuvent être garantis ? [...]
[...] Les syndicats ouvriers en Pologne et en Hongrie ont repris cette révolution démocratique comme une révolution antitotalitaire. La démocratie doit ramener la source du droit à l'humain, c'est-à-dire une déclaration humaine du droit comme droit à avoir des droits. La séparation de la société civile d'avec l'État, qui caractérise la démocratie moderne, est permise par cette désincorporation de la société. Un pays démocratique connaît également un caractère inventif, car tout groupe de citoyens peut chercher à faire établir de nouveaux droits ou défendre ses intérêts. [...]
[...] Lefort poursuit parallèlement une réflexion sur la démocratie en s'attachant à comprendre l'idéal révolutionnaire qu'il est amené à concevoir comme une composante essentielle du totalitarisme. La première analyse du totalitarisme est développée dans Un homme en trop en 1976 et continuera avec Les formes de l'histoire en 1978. C'est dans ces années 1970 qu'il développe une analyse des régimes bureaucratiques d'Europe de l'Est. Ses principales conceptions sur le totalitarisme stalinien sont publiées en 1981 dans un recueil intitulé L'Invention démocratique. [...]
[...] Lefort tente donc de définir ce qui fait de la démocratie moderne une forme de régime politique et de société qui rendrait effectifs les droits de l'Homme. Claude Lefort souligne dès le début de l'ouvrage que C'est une aberration ( ) de faire de la démocratie une création de la bourgeoisie C'est surtout par la suite, dans Droits de l'Homme et politique placé en tête de l'ouvrage[7] qu'il dégage le noyau dur de la démocratie. Il met alors en évidence la mutation symbolique qui fut à son origine c'est-à-dire la rupture avec la représentation de la société comme corps, et l'invention qui a permis son développement, et qui lui est nécessaire pour perdurer. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture