Dans l'introduction, Lefort définit le politique comme « un ensemble de principes générateurs des relations que les hommes entretiennent entre eux et avec le monde » : plutôt que de restreindre son champ d'études en donnant d'emblée une définition précise du politique, l'auteur préfère se lancer dans une exploration libre de différents domaines - économique, religieux - à la recherche des « signes du politique ». Débusquer les manifestations du politique là où on ne les attend pas, tel est le fil directeur de l'ouvrage.
« La question de la démocratie » se propose plus spécifiquement d'opérer une « restauration de la philosophie politique » qui se distingue des conceptions en vogue de l'époque.
[...] La critique du marxisme Critique du matérialisme historique du marxisme qualifié de cynisme car il réduit la politique au simple jeu des forces de production Double critique de la science politique a. a. La définition de l'objet politique La science politique contemporaine à la rédaction est Essais part, selon Lefort, d'une conception arbitraire de l'objet politique et de la société, car elle néglige les perspectives comparatistes offertes par les sociétés lointaines et l'évolution des sociétés au travers de l'Histoire. Une approche interdisciplinaire, nourrissant la réflexion théorique d'apports empiriques, est nécessaire pour abattre un postulat qui rend caduque la science politique traditionnelle. [...]
[...] Sans tomber dans l'autre extrême d'un savant qui abandonnerait toute objectivité pour imposer ses jugements de façon arbitraire, Lefort nous montre que la philosophie ou la science politique doivent être politisées, c'est-à-dire qu'elles doivent oser confronter et comparer les sociétés et leurs valeurs au risque de perdre de leur objectivité. Sans cela l'étude risque d'être non seulement limitée, mais aussi stérile car elle ne traitera pas du centre même de ce qui fait la pensée politique : Faute de prendre le risque de juger, on perd le sens d'une différence entre les formes de société On ne peut pas penser des institutions, des structures sociales sans penser les valeurs qui les sous- tendent, d'où la nécessité de réhabiliter la philosophie politique. [...]
[...] ) en contraste remarquable avec le totalitarisme qui ( . ) se dessine concrètement dans le monde moderne comme une société sans histoire. 2. La démocratie, un lieu vide Mais les transformations sociales sont insuffisantes pour faire émerger la démocratie, il faut une mutation symbolique du pouvoir, c'est-à-dire une transformation profonde de la nature du pouvoir et de ses représentations que l'auteur va mettre en lumière à l'aide d'une comparaison avec l'Ancien Régime. Sous la monarchie absolue, le pouvoir (de Dieu, et plus tard de la Justice ou de la raison) est incarné par le Prince, qui symbolise l'unité du Royaume : c'est la théorie des deux corps. [...]
[...] Le nombre se substitue à la substance. Conséquence de cette transformation : la temporalité du pouvoir, soumis à l'impératif de la reproduction électorale, se retrouve en droit on voit se déployer pleinement la dimension d'un devenir en droit et dans le savoir l'autonomie reconnue du savoir va de pair avec un remaniement continu du procès des connaissances et une interrogation sur les fondements de la vérité. : loin d'être un simple agencement institutionnel, la démocratie inaugure un nouveau rapport au réel La démocratie comme acceptation des divisions sociales On touche là au cœur de la définition de la démocratie pour Lefort : L'essentiel, à mes yeux, est que la démocratie s'institue et se maintient dans la dissolution des repères de la certitude. [...]
[...] Claude Lefort, "Essais sur le politique" - la question de la démocratie À propos de l'auteur : Né en 1924 à Paris, Lefort fait partie avec Sartre, Merleau-Ponty, Lévinas et Ricœur d'une génération de philosophes désireuse de substituer au rationalisme idéaliste et abstrait de leurs professeurs une pensée «concrète». Ce projet se retrouve dans toute l'œuvre de Lefort par un passage de la phénoménologie à la pensée politique. Acquis à la cause ouvrière, Lefort adhère en 1943 au Parti Communiste International (PCI) trotskyste au Lycée Henri IV. [...]
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