De 1600 à nos jours, la France n'a jamais cessé de connaître, avec une intensité variable selon les époques, des agitations populaires. Dans La France conteste de 1600 à nos jours, publié en 1986, Charles Tilly propose une synthèse de ses enquêtes sur la contestation en France durant les quatre derniers siècles.
Charles Tilly est un sociologue américain. Il a également été professeur à l'Université du Michigan et à la New School for Social Research. Il a publié un nombre impressionnant d'articles et de livres, dont plusieurs ont marqué l'histoire des sciences sociales. Il est en outre le premier chercheur à incarner un courant qui allait changer radicalement la façon de faire des recherches en sciences sociales en les mariant avec celle de l'histoire. En effet, le travail de Tilly s'accompagne d'une volonté affirmée d'intégrer les autres outils de la panoplie historienne tels que la démographie, l'économie, l'étude des mentalités, le cadre politique...
Dans l'ouvrage ici étudié, Tilly tente d'inventorier et d'analyser l'action collective populaire selon une approche familière aux universitaires anglo-saxons, à savoir indiquer à partir d'un certain nombre d'études de cas, ce qui suppose une liaison étroite entre la théorie et le concret. C'est à partir de cinq larges ensembles, cinq villes et leurs régions considérées comme typiques du fait de leur position géographique et de leurs activités que Tilly s'engage à élaborer une histoire de la contestation en France.
[...] À travers ces études comparatives, Tilly s'attache ainsi à répondre à la question : comment la formation de l'Etat et le développement du capitalisme ont-ils influencé les modalités de l'action collective du peuple ? Tout d'abord, nous allons étudier les quatre siècles de lutte mis en lumière dans l'oeuvre et tenter d'apercevoir les innovations et les contraintes des mouvements sociaux collectifs. Puis, en analysant les thèses sociologiques développées par Tilly dans le livre, nous essaierons de catégoriser l'auteur dans un courant sociologique ou historique pré existant. Enfin, nous mettrons en valeur les apports de l'oeuvre et des modèles avancés par Tilly mais aussi nous critiquerons de manière constructive l'oeuvre. [...]
[...] La première critique que l'on peut formuler est que pour Tilly la mobilisation ne peut provenir que de l'appel d'un centre à la mobilisation des ressources nécessaires à l'action collective. On peut prendre comme exemple les centrales syndicales qui lancent des appels en direction de leurs bases après avoir pris, au sommet l'initiative de certaines actions. De fait, il néglige la possibilité que certaines mobilisations peuvent être impulsées à partir d'initiatives plus dispersées, et parfois même prenant forme à l'écart de toutes organisations constituées. [...]
[...] Un rapprochement à la micro storia ou à l'individualisme méthodologique? 2. Une vision centraliste ou instrumentaliste? 3. Le précurseur du processus politique III. Critique de l'oeuvre 1. Les apports du modèle de Tilly 2. L'ouvrage en question Bibliographie Source Charles TILLY, La France conteste de 1600 à nos jours, Fayard, Paris Ouvrages généraux Erik NEVEU, Sociologie des mouvements sociaux, Éditions La Découverte, Paris Olivier FILLEULE et Cécile PECHU, Lutter ensemble : les théories de l'action collective, L'Harmattan, Paris, 1993. [...]
[...] Pour comprendre les notions qu'avance Tilly tout au long de son oeuvre nous devons revenir sur un point important de sa thèse. Il explique son raisonnement à la fin du premier chapitre qui fait office d'introduction à son ouvrage. Ainsi, il expose ses théories des quatre facteurs inhérents à toute contestation. Tilly met en place une grille applicable à l'action collective en tout temps et en tous lieux et qui sont selon la terminologie de Tilly sont l'intérêt, c'est-à-dire les motivations du mouvement, l'occasion, ou les circonstances spécifiques à l'origine du mouvement, l'organisation, se posant la question de savoir si le phénomène est spontané ou bien provoqué et pris en charge par une organisation et enfin l'action, c'est-à-dire les formes du mouvement. [...]
[...] Cependant, la problématique de Tilly doit s'interpréter avec souplesse. Le changement des répertoires est rarement un événement brutal et datable. Ces répertoires peuvent se survivre, se superposer. Au début des années 70 en Europe et plus précisément en Italie se développe un nouveau courant de recherches historiques : la micro histoire ou micro storia qui est un complément évident à l'histoire sociale qui s'est développée dans les années 1950. Tilly a été longtemps classé comme faisant parti de ce courant. [...]
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