Le cens caché - Daniel Gaxie (1996)

Thèmes abordés

Le cens caché, Daniel Gaxie, 1996, fonctionnement du système politique moderne, sociétés inégalitaires

Résumé du document

Daniel Gaxie est un renommé politologue français, né le 10 février 1947 à Paris. Ayant commencé sa carrière académique à l'Université de Picardie à Amiens en 1982, il intègre rapidement l'Université de Paris I, où il est professeur au sein du département de science politique depuis 1989.

Il est reconnu par ses travaux de recherche en matière de sociologie du vote, qui traitent de thèmes comme l'exclusion de certaines catégories de la société ou la professionnalisation de la classe politique, en s'efforçant toujours d'articuler à ses problématiques théoriques l'appui des données empiriques et statistiques.

Son ouvrage-clé traite ainsi précisément de ces thèmes : Le cens caché (étude publiée d'abord en 1978, mais actualisée, revue et agrandie pour sa troisième et définitive édition en 1993) démonte le postulat initial de la théorie démocratique qui régit nos sociétés occidentales selon lequel les choix de la majorité des électeurs sont légitimes et réfléchis puisqu'ils résultent d'individus politisés et attentifs. Gaxie noircit cet idéal, en mettant en évidence l'existence d'un cens, non pas officiel comme sous la Monarchie de Juillet, mais bien caché : le fonctionnement du système politique moderne favorise fortement les classes supérieures cultivées, qui disposent des connaissances politiques spécifiques et de la légimité pour les appliquer, perpétuant ainsi les clivages de nos sociétés inégalitaires.

Extraits

[...] Fiche de lecture Le cens caché de Daniel Gaxie Version utilisée Le cens caché de Daniel Gaxie, Éditions le Seuil, Paris, 3e édition (1993) Daniel Gaxie est un renommé politologue français, né le 10 février 1947 à Paris. Ayant commencé sa carrière académique à l'Université de Picardie à Amiens en 1982, il intègre rapidement l'Université de Paris où il est professeur au sein du département de science politique depuis 1989. Il est reconnu par ses travaux de recherche en matière de sociologie du vote, qui traitent de thèmes comme l'exclusion de certaines catégories de la société ou la professionnalisation de la classe politique, en s'efforçant toujours d'articuler à ses problématiques théoriques l'appui des données empiriques et statistiques. [...]

[...] II) Analyse de l'ouvrage Le cens caché de Daniel Gaxie est un ouvrage à replacer dans un contexte historique d'ouverture de l'enseignement secondaire, un processus qui se construisait parallèlement aux bouleversements économiques et sociaux du post-guerre : suite aux réformes éducatives du début des années 60, la question de la reproduction des inégalités sociales par l'école devient de plus en plus pertinente. Une parmi d'autres, la théorie culturaliste, défendue par Gaxie, Basil Bernstein ou Bourdieu, prétend ainsi expliquer les clivages existants dans la société par l'influence du climat éducationnel et de la sociolinguistique. [...]

[...] Ce processus s'aboutira par le triomphe de ces bureaucrates politiques qui, ayant dépossédé le monarque de toute sorte de pouvoir réel, se construisent les soi-disant états démocratiques modernes. La thèse même de la domination des masses par une élite de professionnels de la politique est commune aux deux penseurs. Ainsi, dans Les doxosophes[4], et ensuite dans Les usages sociaux de la science[5], Bourdieu reprend à Platon un concept qui remonte aux origines mêmes de la philosophie : celui de la doxa, qui désignait au départ l'opinion confuse que l'on se fait sur un aspect de la réalité, par opposition au vrai chemin de la vérité. [...]

[...] Reste finalement à se demander comment a évolué la politisation des agents au XXIe : or, malgré les changements sociétaux et économiques qu'a connus notre début de siècle, la situation n'a guère bougé. On peut citer à ce propos une enquête de 2007 menée par Braconnier et Dormagen sur la démobilisation électorale à Saint-Denis, La démocratie de l'abstention[8] : partant du constat de l'augmentation continue de l'abstention en France depuis la seconde moitié des années 1980, les auteurs essayent de déchiffrer ce phénomène. [...]

[...] À risque de voir la société française tomber dans l'abstentionnisme de masse à l'américaine, où la politique est faite exclusivement par et pour les classes moyennes puisque ce sont les seules qui votent, il semblerait urgent de commencer par le bas et remettre à plat le système éducatif pour revitaliser la participation électorale depuis le plus jeune âge. Moyenne des différents études concernant les EUA, la France, la Finlande, la Norvége et la Grande-Bretagne et dont les références respectives peuvent être trouvées en note p de l'ouvrage. [...]