Emilio Gentile est un historien italien, spécialiste du fascisme, il a écrit de nombreux ouvrages : La Religion fasciste, Qu'est ce que le fascisme ?, La voie italienne au totalitarisme. Il enseigne l'Histoire Contemporaine à l'université Sapienza de Rome et propose dans son ouvrage une étude du " fascisme ".
Son but est double : D'abord comme le laisse supposer le titre du livre énoncé sous forme de question socratique, il veut aboutir à une définition claire du fascisme. Ensuite, il souhaite resituer ce phénomène dans une perspective plus large, élargie à l'ensemble du XXème, siècle considéré par Hobsbawm comme l'âge des extrêmes qui n'a cessé de cultiver le fanatisme de la haine comme une vertu humaine noble. Il insiste particulièrement sur la spécificité du fascisme en tant qu'idéologie. Mais il veut surtout éviter toute banalisation du fascisme qui le réduirait au simple régime de Mussolini surtout dans le climat politique actuel de l'Italie où le MSI-Alliance Nationale, héritier du fascisme semble s'intégrer au système politique
Emilio Gentile bâtit sa démonstration en 2 grandes parties. La première " A la recherche d'une individualité historique " aboutit à une définition synthétique du fascisme. La seconde " cadres de l'interprétation " élargit la perspective. Le compte-rendu de lecture sera bâtie sur le modèle de l'ouvrage car la démarche semble parfaitement cohérente et se doit d'être conservée.
[...] Ce système de croyance permettait la mobilisation permanente des masses, leur assentiment actif et durable. En cela, les rites et les symboles devaient donner " de l'ordre, du rythme, de l'enthousiasme " aux masses. Le fascisme se livra d'ailleurs à une véritable " guerre des symboles " en détruisant les symboles de ses adversaires, comme les drapeaux rouges, pour imposer la vénération des symboles fascistes. Les cérémonies publiques étaient également là pour visualiser la puissance fasciste et l'union de cette " communauté morale " unie dans le " culte de la nation pour exalter le sentiment de la communauté. [...]
[...] Mais à force, Mussolini s'identifia au mythe qu'il avait lui-même créé. Convaincu de son infaillibilité, il " se statufia dans la pose du génie marqué par le destin Son réalisme politique s'amenuisa. Se voyant lui- même comme le prophète et l'initiateur d'une " nouvelle civilisation il méprisait l'humanité et affirmait que " les Italiens étaient un médiocre matériau pour réaliser ses grands desseins " Le mythe de Mussolini s'était totalement emparé de l'homme un homme qui se trouva dans la fin de son règne totalement dépassé par les événements. [...]
[...] D'autant plus que l'idéologie fasciste rejetait les principes fondamentaux du socialisme marxiste. Pour Gentile, l'historien ne doit pas considérer une " histoire du fascisme-idéologie faisant abstraction de l'histoire du fascisme-parti et du fascisme-régime sous peine de quoi ce serait une histoire tronquée. Pour comprendre la complexité du fascisme, il est nécessaire de rattacher l'idéologie à l'histoire du mouvement dont elle est l'expression, telle est la vision que défend l'auteur. En fait, l'origine de " l'identité fondamentale du fascisme " se trouverait dans l'expérience et le mythe de la Grande Guerre, et l'on assisterait par ailleurs dans l'idéologie fasciste à la confluence des idées et des mythes de mouvements antérieurs à la Première Guerre Mondiale, notamment le futurisme, les intellectuels de la Voce, le mouvement nationaliste, le syndicalisme révolutionnaire, et le radicalisme national. [...]
[...] A travers cette analyse, Gentile ne veut ni faire l'éloge du fascisme, ni dénigrer la modernité. En étudiant le rapport entre le fascisme et la modernité, il veut à la fois mieux comprendre le fascisme et la nature de la modernité au XXe siècle : " Après les expériences tragiques du XXe siècle, il faut constater que la société moderne a aussi été la matrice de nouvelles formes d'autoritarisme, comme le totalitarisme La crise du modèle rationaliste a en effet montré que la modernité pouvait être aussi synonyme d'irrationalité et d'autoritarisme, telle est la thèse que défend Gentile. [...]
[...] On assiste alors au passage au " mussolinisme fasciste proprement dit Pour illustrer cela, Gentile cite un extrait d'une dissertation rédigée par un jeune fasciste, en réponse au sujet " Pourquoi aimer le Duce ? " : " Tant que tu vivras, nous n'aurons peur de rien. Tous devront se plier à Ta volonté. Tu ne t'es jamais trompé. Tu as toujours raison Ce témoignage édifiant montre le passage à une véritable religion laïque centrée sur le " culte du Duce à une divinisation de Mussolini. Néanmoins, l'autorité que Mussolini revendiquait fut contestée avant et même après 1921. [...]
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