Cet article (écrit en anglais) des deux politologues américains Philippe Schmitter et Terry Lynn Karl a été initialement publié dans le numéro de l'été 1991 du Journal of Democracy puis repris sous forme de contribution dans l'ouvrage de Larry Diamond et Marc Plattner, The Global Resurgence Of Democracy en 1993.
Ecrit au début des années quatre-vingt-dix (à l'aube d'une nouvelle vague de démocratisation), cet article s'inscrit dans le prolongement des travaux du politologue américain Robert Dahl qui dénonçait une dilution du concept de démocratie et proposait de le remplacer par le terme « polyarchie ». En effet, les auteurs soutiennent la thèse que la démocratie est aujourd'hui un concept qui à force d'être utilisé a perdu de sa précision conceptuelle. C'est que la démocratie ne peut être réduite à un modèle institutionnel unique puisqu'il existe plusieurs types de démocraties Le but de cet article est alors bien de distinguer ce que la démocratie est… et ce qu'elle n'est pas.
[...] - Le système de partis : les dirigeants ne sont pas forcément issus de partis structurés et au programme cohérent mais si cela peut faciliter la formation d'un gouvernement. - Le pluralisme : le processus politique n'est pas forcément basé sur une multitude de groupes autonomes. Toutefois, là où il y a monopole de la représentation, la séparation entre sphères publiques et privées sera beaucoup moins marquée. - Le fédéralisme : il n'existe pas forcément de niveaux multiples (locaux ou fonctionnels) même si la dispersion du pouvoir entre différentes unités est caractéristique de toute démocratie. - Le présidentialisme : le chef de l'exécutif n'est pas forcément élu directement. [...]
[...] C'est cette interaction entre des acteurs antagonistes qui limite l'incertitude et contribue à générer une culture civique Ces concepts, procédures et principes communs n'empêchent pas l'existence de différents types de démocraties produits par la combinaison de différentes variables : - Le consensus : les citoyens peuvent ne pas être tous d'accord sur les buts de l'action politique ou sur le rôle de l'Etat - La participation : tous les citoyens ne participent pas avec la même intensité au jeu politique, même si légalement ils en ont la possibilité. - L'accès : les dirigeants ne prennent pas en compte de la même façon les préférences des différents individus et groupes même si ceux-ci doivent avoir les mêmes opportunités de les exprimer. - La capacité de réaction : les dirigeants ne suivent pas toujours les politiques préférées par les citoyens. Dans ce cas, si au nom de la raison d'Etat ou de l' intérêt national ils s'écartent de cette ligne politique, ils doivent en être responsables. [...]
[...] Pratiquement tous les adultes ont le droit d'être candidats à des charges élues Les citoyens ont le droit de s'exprimer librement sur les sujets politiques (au sens large) sans crainte d'une sévère répression Les citoyens ont le droit de chercher des sources alternatives d'information. Celles-ci existent et sont protégées par la loi Les citoyens ont le droit de former des associations et organisations relativement indépendantes, y compris des groupes d'intérêts et des partis politiques. Karl et Schmitter en ajoutent deux : 8. Les élus du peuple doivent ê à même d'exercer leur charge dans pression d'autorités non élues (exemple : l'armée) 9. [...]
[...] La démocratie repose donc sur la confiance mutuelle, la volonté de compromis. Toute démocratie implique un certain degré d'incertitude sur le gagnant des élections et la politique qui va être menée. Quand dans un pays un parti persiste à gagner les élections ou que la même politique est systématiquement appliquée, il existe toujours une possibilité de changement par l'intermédiaire d'une action collective indépendante. Si ce n'est pas le cas alors le système n'est pas démocratique (ex : Mexique, Sénégal, Indonésie). [...]
[...] - Les démocraties ne sont pas nécessairement plus efficientes administrativement (car plus d'acteurs concernés par processus de décision) - Les démocraties ne sont pas forcément plus consensuelles, stables et gouvernables que les autocraties qu'elles remplacent. Ceci eut être considéré comme le produit de la liberté d'expression, l'existence des canaux de protestation test dans la transition et les problèmes de gouvernabilité ensuite. - Les démocraties impliquent des sociétés plus ouvertes mais pas des économies plus ouvertes. Bibliographie KARL, Terry Lynn, SCHMITTER, Philippe, What Democracy Is And Is Not Journal of Democracy, été 1991, p. 75-88 in DIAMOND, Larry, PLATTNER, Marc, The Global Resurgence Of Democracy, Baltimore, MD, John Hopkins University Press p. [...]
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