Fiche de lecture portant sur les chapitres 4, 6 et 19 du livre I du Capital de Marx et dans lesquels l'auteur développe sa théorie du surplus en régime capitaliste, selon lui au fondement de l'exploitation du salarié par le capitaliste. Le propos est organisé en trois parties : une situation des extraits étudiés dans l'œuvre de Marx, une analyse didactique du texte, suivie d'une série de commentaires visant à montrer qu'une lecture strictement économiste ne permet pas d'épuiser la complexité d'un texte qui doit également être envisagé d'un point de vue sociologique voire philosophique.
[...] Cette construction a toutefois été vivement critiquée. Joseph Schumpeter développe ainsi une série d'objections à la théorie de la plus- value le conduisant à écrire qu'« un tribunal de juges compétents en matière de technique économique doit condamner Marx Raymond Aron, lui, relève dans ces passages deux inconsistances majeures dans la théorie marxiste de la plus-value. D'une part, la définition de la valeur de la marchandise travail définie au chapitre 6 par le temps de travail nécessaire à sa production mesuré la valeur des moyens de subsistance nécessaires à la reproduction de ces forces est problématique, la détermination de la valeur de ces moyens de subsistance n'obéissant pas elle-même à la loi de la valeur puisque déterminée en partie par l'état des mœurs dans une société donnée. [...]
[...] Ces passages du Livre I n'ont pas manqué de susciter des débats d'interprétation. Cette discussion finale s'en fera l'écho en mettant l'accent sur la triple tension qui traverse ce texte oscillant entre héritage et critique de l'économie politique classique, réflexion économique, analyse sociologique et considérations philosophiques, démarche analytique et posture partisane. Les extraits étudiés sont le reflet de la solide éducation économique de Marx et de la continuité d'objet qui existe entre son analyse et l'économie politique classique[1]. Ainsi, le concept de division du travail (chapitre dont l'existence est une condition de l'apparition du travail comme marchandise est emprunté à Adam Smith qui fut le premier à en donner une exposition systématique[2] ; de même, la théorie de la valeur travail l'idée que la valeur d'une marchandise est déterminée par le temps de travail socialement nécessaire à sa production est directement reprise de Ricardo[3], dont Marx emprunte aussi la méthode d'analyse, la mise en relation systématique de deux variables ici le salaire versé au travailleur et la plus-value récupérée par le capitaliste. [...]
[...] Il faut donc trouver une marchandise dont la consommation crée une valeur supérieure à celle qu'elle possède elle-même, c'est-à-dire dont la valeur d'usage soit source de valeur d'échange. La force de travail est la seule à présenter cette propriété. Pour que celle-ci se réalise, il faut d'abord que la force de travail existe comme marchandise, ce qui n'est le cas qu'à deux conditions. D'une part, le possesseur de la force de travail doit en être libre propriétaire c'est-à-dire pouvoir la vendre librement et seulement pour un temps déterminé car dans le cas contraire, c'est le possesseur de la force de travail lui-même qui devient marchandise. [...]
[...] Dans la société capitaliste, ce processus est invisible. En effet, alors que dans le système du servage, le surtravail apparaît explicitement le serf garde pour lui le résultat de son travail nécessaire à sa subsistance et réalise les corvées pour le seigneur et que dans le système esclavagiste même le travail nécessaire apparaît comme du surtravail le rapport de propriété dissimule le travail de l'esclave pour lui-même dans le système du salariat même le surtravail a l'apparence du travail payé. [...]
[...] Les citations sont de Joseph A. Schumpeter, op. cit., p et p. 43. [...]
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