En janvier 2002, lorsque Cécile Amar et Ariane Chemin, toutes deux journalistes politiques publient leur livre Jospin et Cie, il s'agit de dresser sur le vif le bilan de la gauche plurielle au gouvernement de 1995 à 2002 à la veille des élections à la fois présidentielles et législatives. Le travail résulte de recherches minutieuses et précises, ce qui n'empêche pas le ton d'être léger comme en témoigne le titre qui fait plus penser à une bande dessinée qu'à un ouvrage de réflexion politique. En réalité, l'analyse côtoie l'anecdote, les noms font place aux surnoms tandis que le discours direct est très présent. La forme nous donne encore plus d'indications : l'ouvrage est séparé en quatre actes comme une pièce de théâtre, l'expérience de la gauche plurielle devenant ainsi une intrigue, le suspense étant toujours ménagé. Dégageons-en la structure. Le premier acte témoigne de la création politique de la gauche plurielle et présente en quelque sorte les personnages : c‘est l‘exposition. L'acte deux nous permet d'entrer réellement au cœur du sujet avec la mise en place de l'action de ce « drôle d'attelage » tandis que l'acte trois introduit les « éléments perturbateurs ». L'acte quatre va plus loin dans les difficultés et prépare le dénouement à savoir les élections de 2002 (qui n'ont pas eu encore lieu au moment de la parution de l'ouvrage). Somme toute, le bilan dressé est assez positif : la gauche plurielle a tenu bon, coûte que coûte malgré les nombreuses difficultés. Ceci ne signifie pas pour autant que cette construction soit tenue pour bonne. Pour les deux journalistes, elle semble insuffisante et instable, la conjoncture politique et le rôle de leader de Lionel Jospin y étant pour beaucoup. En conclusion, elles suggèrent qu'il s'agirait d'un possible pas vers « un grand parti démocrate à l'américaine » (p.273) : la gauche plurielle serait donc une piste qui mérite d'être creusée. C'est en cela que l'ouvrage prend un sens non seulement historique même s'il s'agit d'histoire proche mais aussi une valeur d'actualité face à la crise de la gauche française entamée depuis 2002. D'ailleurs, Lionel Jospin, dans son livre L'Impasse paru en septembre 2007 refait lui aussi du credo de la gauche plurielle une piste salvatrice.
[...] Les élections font le reste, la gauche plurielle l'emporte, le report des voix fonctionne et Lionel Jospin est nommé premier ministre. Acte 2 : gauche plurielle, mode d'emploi Nous avons vu que le calendrier avait été précipité par l'annonce de la dissolution, la gauche plurielle s'est donc construite en avançant. C'est l'intérêt de cet acte : il revient ainsi sur les rapports avec Jean Pierre Chevènement, la place accordée aux communistes, aux Verts ainsi que sur les règles du jeu de manière générale. [...]
[...] Les deux hommes se rapprochent, Lionel Jospin reprenant les informations recueillies par Cambadélis. Or, celui-ci a du mal à réunir la gauche : les Verts d'Antoine Waechter restent dans leur stratégie de ni droite ni gauche le PCF a des réticences et Georges Marchais refuse d'y accorder de l'importance, mais le plus difficile sera encore de réunir ces deux familles que tout oppose. Lionel Jospin commence alors l'aventure, la scène deux s'appelle les dîners du Bistrot de Paris et explique la lente persuasion des acteurs en particulier des Verts où il a fallu composer notamment avec Yves Cochet : celui-ci ne pensait pas que les Verts allaient écraser le PS à terme ni que le ni-ni d'Antoine Waechter était une bonne solution, il croyait au contraire à un rapprochement. [...]
[...] Lionel Jospin est forcé de le constater assez vite notamment grâce à Robert Hue. La mutation est presque trop violente : en 2000 est organisée au siège du PCF une soirée mondaine sous l'enseigne de Prada Or le PCF était censé représenter la gauche rouge au sein du PCF, cependant malgré cet incident ceci a parfaitement fonctionné. Trois postes seront finalement confiés aux communistes : Jean Claude Gayssot au ministère des transports, de l'équipement et du logement, marie George Buffet à la jeunesse et aux sports et enfin Michelle Demessine, secrétaire d'État au tourisme. [...]
[...] Par ailleurs au sein de l'Union européenne, l'axe Schröder - Blair se renforce évinçant ainsi quelque peu le premier ministre français. Celui-ci et son gouvernement sont ainsi mis en difficultés. Ensuite, l'ouvrage revient sur le premier divorce avec l'opinion (p. 143) en janvier 1998 alors que les chômeurs s'insurgent contre le gouvernement en raison du refus d'une prime de Noël action que 70% des Français approuvaient La situation est on ne peut plus délicate. Les groupuscules de défense des chômeurs se multiplient et montent en popularité tandis que les Verts et les communistes affichent ouvertement leur soutien. [...]
[...] De même, les emplois jeunes ne sont pas évoqués, la reforme de la sécurité sociale On peut également citer l'interdiction de cumul des mandats de maires et ministres étant donné que le maire est sous le joug du préfet lui-même sous le joug des ministres or quand ceux-ci sont les mêmes le problème est évident. L'affaire corse et l'assassinat du préfet Erignac auraient également mérité plus d'attention de par l'importance de ces affaires à l'époque et leur statut aujourd'hui historique. [...]
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