L'ouvrage est composé de six chapitres dont cinq correspondent au récit des grandes actions de l'œuvre de Bertrand Schwartz : le CUCES, l'action de formation collective de Briey, l'opération « Nouvelles qualifications », l'action MCA (Renault)- Maubeuge et le retour sur l'opération « nouvelles qualifications ». Il finit son livre sur un chapitre consacré à des réflexions sur la machine au service de l'homme. Nous présenterons cette fiche sans regroupement thématique mais nous aurons toujours à l'esprit les différentes thématiques que Schwartz aborde constamment pour chacune de ces expériences: la forme d'organisation même du type de formation, les méthodes de pédagogie, les procédés d'incitation à se former, les processus de négociations avec l'ensemble des acteurs.
Le leitmotiv des ressorts de l'action de Bertrand Schwartz, universitaire consulté par les gouvernements socialistes des années 80, il nous le délivre dès les premières lignes de son ouvrage : « parce que si l'égalité des chances n'existe pas- et l'admettant, je suis plus pragmatiste qu'idéaliste-, je ne puis me faire aux inégalités telles qu'elles existent, aux injustices qu'elles entraînent, et je refuserai toujours de m'y résigner ».
[...] Bertrand Schwartz partait dans ce début d'aventure avec beaucoup de réflexions qu'il s'était forgé ultérieurement et avait activées ou renforcées dès les premières rencontres avec les représentants de la CGT des mineurs. Par exemple, il savait qu'une formation extérieure au milieu des mineurs pouvait entraîner l'isolement de adultes en formation (phénomène qu'il avait déjà pu repérer l'existence en dehors des spécificités du cas en présence ; l'isolement, pour lui, provient, d'une distance culturelle et sociale entre auditeurs eux mêmes et entre l'auditeur et sa famille). [...]
[...] Par ce regain d'intérêt des tuteurs et leur décision de donner la parole orale- et non écrite source de blocage- aux jeunes, Bertrand Schwartz fit une découverte inattendue. Etait remise en cause l'idée traditionnelle du système éducatif et de formation français selon laquelle il faut savoir d'abord pour faire ensuite parce qu' il faut toujours, comme l'enfant qui explore le monde, faire avant de savoir, se risquer à agir pour n'apprendre qu'ensuite. Le savoir bien compris vient toujours après coup, une fois l'expérience acquise. [...]
[...] Une année entière de remise à niveau fut alors conçue. Plus encore, pour bien répondre à la volonté d'offrir aux ouvriers l'opportunité de cette formation, une année préalable avant l'entrée en première année du cycle fut elle aussi imaginée. Pour enseigner lors de cette année préalable, en délaissant des contenus abstraits, des tests à tiroirs proposant une progression dans la difficulté des exercices, furent expérimentées. Pour donner la garantie aux travailleurs qu'ils n'allaient pas pâtir, en se décidant à suivre cette formation, d'être en rupture avec leurs entreprises et menacés de licenciement, sans certitude d'être prémunis d'efforts finalement récompensés, la décision fût prise de donner à tous le diplôme en contrepartie de l'engagement des auditeurs à travailler et s'entraider. [...]
[...] Dans cet état d'esprit, j'ai très tôt adopté ce dicton en forme de moralité que La Fontaine, peut-être, n'eût pas renié : petit boulot deviendra grand si l'environnement est qualifiant. [...]
[...] Il comprit que les tuteurs se disaient qu'ils formaient des techniciens à leur égal, qui seraient ensuite recrutés par l'usine. Il les détrompa en leur faisant savoir qu'il s'agissait de nouvelles qualifications pour d'autres usines, alors les tuteurs, plus sereins, d'impliquaient davantage en étudiant, alors, les besoins de ses autres usines (aspect déclencheur de la recherche participante). Une question vint aussi donner du fil à retordre à Schwartz : pourquoi recruter seulement des jeunes de faible niveau ? il put ainsi constater qu'un partenariat ne se décrète pas, l'économie d'une maturation était impensable sans compromission de l'innovation. [...]
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