La formation d'une « science moderne » a été rendue possible, à partir du XVII siècle, par la présence simultanée de deux facteurs: la dimension plurielle des esprits et la capacité d'assimilation constructive par les individus, éléments repérables dans la notion cartésienne du cogito. En principe, chacun pourrait créer ex novo des systèmes théoriques ou empiriques, mais, de facto, les expériences passées constituent un passage fondamental, nécessaire pour la formation de réflexions critiques de l'homme.
Longtemps, les sources de légitimité de la rationalité scientifique ont été doubles : « la cohérence logique des principes et la précision des prévisions ». Les théories étaient maîtrisables par des individus, des savants, développant une autonomie de la science vis-à-vis de la technique. Néanmoins, aujourd'hui, le concept selon lequel l'individu est « en mesure de vérifier et de prouver tout ce que les autres ont imaginé, expérimenté et démontré » apparaît trop mythique, voire naïf, et ses principes sont mis en cause. En premier lieu, le mot science résulte excessivement générique, car il désigne des réalités trop hétérogènes, utilisant des procédures et des méthodes très différentes. En outre, la division entre science et technique devient de plus en plus arbitraire et limitante.
L'auteur, alternant les approches philosophiques et scientifiques, se demande comment faut-il concevoir le rationalisme qui vient, quelles sont les bases d'une nouvelle conception de la rationalité scientifique.
Dans la première partie de son essai – Le rationalisme classique au regard des défis nouveaux- il propose au lecteur une réflexion sur les divers aspects du rationalisme. Comment peut-on le concevoir dans le cosmos, s'appuyant sur une double perspective individualité/universalité ? (I) Comment les différentes procédures scientifiques s'insèrent dans un « monde organique » ? (II) Dans quelle mesure est-il possible de distinguer les nouvelles frontières des sciences de la vie et comment contribuent-elles à la formation d'un nouveau rationalisme ? (III).
[...] La vocation universelle de l'épistémé (science et connaissance) est compréhensible par l'étymologie du mot : le préfixe epi sur, confère au terme une connotation divine. C'est pourquoi les hommes, ayant l'obstacle du particularisme et étant des êtres finis, ne peuvent pas l'atteindre de façon absolue. Or, la science a vocation universelle, mais elle poursuit grâce à des «aventures singulières qui unissent productivement imitation et création Un nécessaire fil conducteur pour se situer dans le monde Aujourd'hui les sciences assurent une sorte de continuum, qui permet à l'humanité de se repérer dans l'univers, mais les hommes ont même un «besoin philosophique de sorte que les deux approches, dans la pratique, sont mêlées et difficilement distinguables. [...]
[...] La chimie et la physique réfléchissent sur des phénomènes universels à travers de lois et des théorèmes ; en revanche, la biologie essaie d'atteindre l'objectif de rendre davantage compréhensibles des réalités singulières, uniques, mais que, en même temps, elle constitue la communauté des vivants. Pour reprendre Cournot, l'originalité des opérations biologiques réside dans le fait que ni le monde inorganique, ni le monde naturel ne sont saturés. C'est pourquoi l'action pratique de l'humanité est encore possible : elle peut avoir un pouvoir soit bénéfique, soit destructeur. En chimie, la découverte de particules élémentaires, a rendu possible la synthétisation d'éléments naturels. [...]
[...] Par conséquent, la notion de causalité organique est très compliquée et elle nécessite aussi d'une approche philosophique. Le vitalisme supporte aussi la notion d' univers en devenir , qui ne part pas d'un dogme, mais résulte de différentes hypothèses empiriques qui puissent aider l'homme à résoudre un problème. Whitehead développe l'idée de relations internes, en introduisant, dans l'étude des relations entre les entités réelles, une perspective cosmologique : la relation a une place fondamentale dans les divers ordres de la nature, car il y a une interconnexité des entités réelles. [...]
[...] Bertrand Saint-Sernin, Le rationalisme qui vient Gallimard Première partie : Le rationalisme classique au regard des défis nouveaux (p. 29-133) Introduction La formation d'une science moderne a été rendue possible, à partir du XVII siècle, par la présence simultanée de deux facteurs: la dimension plurielle des esprits et la capacité d'assimilation constructive par les individus, éléments repérables dans la notion cartésienne du cogito. En principe, chacun pourrait créer ex novo des systèmes théoriques ou empiriques, mais, de facto, les expériences passées constituent un passage fondamental, nécessaire pour la formation de réflexions critiques de l'homme. [...]
[...] Au fur et à mesure, les phénomènes, étant des apparences (fainomai, sembler) cessent d'avoir de la visibilité et, au même temps, le concept d'intuition accroît son importance, comme clé de compréhension, gardant une vision totale moins particulariste. Aujourd'hui, la cosmologie scientifique aide les humains à percevoir l'immensité et l'étrangeté de l'univers qui lui font prendre conscience de diverses dimensions, tout en gardant l'attitude métaphysique qui va au-delà des phénomènes physiques de l'unicité de l'univers Une séparation entre esprit et corps est-elle possible ? [...]
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