Depuis Karl Marx et Max Weber, la question des causes et modalités de la formation de l'Etat moderne est au cœur des réflexions de la sociologie historique du politique. Après les multiples développements qu'a connus cette question tout au long du XXe siècle, les sociologues Bertrand Badie et Pierre Birnbaum tentent, en 1982, dans Sociologie de l'Etat, de contribuer à ce débat en répondant à une interrogation simple : Comment et pourquoi l'Etat moderne fut-il « inventé » dans l'Europe occidentale de la fin du Moyen-Âge ?
Jusqu'alors, l'approche dominante, en sociologie historique du politique, de l'apparition de l'Etat, était l'approche fonctionnaliste : l'Etat serait né pour remplir certaines fonctions ; sa formation aurait été rendue nécessaire par certaines évolutions économiques et sociales.
Mais cette approche, en assimilant la fonction de l'Etat moderne à sa cause, apparaît trop simpliste. En effet, elle ne prend pas assez en compte les circonstances culturelles et historiques précises qui ont marqué ce processus de formation de l'Etat moderne. C'est pourquoi ce texte se propose de dépasser cette approche, franchissant en cela un pas substantiel dans la théorie sociologique de l'apparition de l'Etat.
Dès lors, en quoi ce texte dépasse-t-il l'approche fonctionnaliste de l'apparition de l'Etat moderne ?
Nous montrerons ainsi d'abord comment les auteurs contestent la thèse selon laquelle l'Etat moderne serait apparu parce qu'il était fonctionnel et permettait d'adapter les sociétés aux nouvelles transformations socio-économiques. Puis, nous étudierons en quoi ils passent de cette vision fonctionnaliste à une vision génétique de l'apparition de l'Etat, privilégiant dans leur étude les circonstances historiques de cette apparition. Enfin, nous verrons comment la prise en compte des contextes culturels différents, variables niées par l'approche fonctionnaliste, conduit à s'éloigner encore plus de l'analyse fonctionnaliste.
[...] Enfin, nous verrons comment la prise en compte des contextes culturels différents, variables niées par l'approche fonctionnaliste, conduit à s'éloigner encore plus de l'analyse fonctionnaliste. La contestation de l'explication fonctionnaliste de l'apparition de l'Etat II) L'Etat comme solution de crises de la féodalité : d'une vision fonctionnelle à une vision génétique III) La prise en compte d'éléments culturels La contestation de l'explication fonctionnaliste de l'apparition de l'Etat Depuis Emile Durkheim et De la division du travail social, un lien a été fait chez les sociologues entre l'apparition de l'Etat moderne et les transformations socio-économiques que connaissent les sociétés du Nord- Ouest de l'Europe à la fin du Moyen-Âge, en particulier le processus de division du travail social. [...]
[...] Eglise réformée : en brisant tout lien avec Rome, le clergé s'est retrouvé avec les Princes pour contribuer à la formation d'un sentiment national. Le protestantisme a contribué à limiter la croissance de l'Etat car le champ du politique s'est moins autonomisé que dans les sociétés à culture catholique. - Culture de droit romain. Le droit romain, redécouvert dès le XIe siècle (Code Justinien) par les légistes se caractérise par la dissociation entre institutions privées et institutions publiques (organisées selon les exigences de l'intérêt public). [...]
[...] Bibliographie Ouvrage étudié - Bertrand Badie, Pierre Birnbaum, Sociologie de l'Etat, Hachette Ouvrages de sociologie historique du politique par des sociologues contemporains - Perry Anderson, L'Etat absolutiste, La Découverte, Maspero tomes ; - Norbert Elias, La Dynamique de l'Occident, Calmann-Lévy [1re édition 1939] ; - Alexander Gerschenkron, Economic Backwardness in Historical Perspective, Harvard University Press ; - Guy Hermet, Sociologie de la construction démocratique, Economica ; - Ernst Kantorowicz, Les deux corps du Roi, Gallimard [1re édition 1957] ; - Ernst Kantorowicz, Pro Patria Mori, Presses Universitaires de France - Immanuel Wallerstein, The Modern World System, Paradigm Publishers [1ère edition 1974]. Manuels - Yves Déloye, Sociologie historique du politique, Repères, La Découverte, 3e édition ; - Jacques Lagroye, Bastien François, Frédéric Sawicki, Sociologie politique, Presses de Sciences Po et Dalloz, 5e édition ; - Jean Picq, Histoire et droit des Etats, PFNSP, Paris, 2005. [...]
[...] De manière plus originale, outre l'analyse éliassienne classique, les auteurs ajoutent un second aspect de la crise de la féodalité : le renforcement de la bourgeoisie, peuplant les villes rivales de l'aristocratie rurale et féodale. Ce renforcement eut pour conséquence la nécessité d'une forme politique autre que la féodalité, à titre de substitut exigé par la bourgeoisie. Soulignons toutefois que l'analyse de Badie et Birnbaum souffre ici d'un concept central en sociologie historique du politique : la dépatrimonialisation, et l'institutionnalisation. [...]
[...] Bertrand Badie et Pierre Birnbaum, Sociologie de l'Etat Depuis Karl Marx et Max Weber, la question des causes et modalités de la formation de l'Etat moderne est au cœur des réflexions de la sociologie historique du politique. Après les multiples développements qu'a connus cette question tout au long du XXe siècle, les sociologues Bertrand Badie et Pierre Birnbaum tentent, en 1982, dans Sociologie de l'Etat, de contribuer à ce débat en répondant à une interrogation simple : Comment et pourquoi l'Etat moderne fut-il inventé dans l'Europe occidentale de la fin du Moyen-Âge ? [...]
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