L'anthropologie politique est une discipline nouvelle et est depuis une vingtaine d'années étudiée à sa juste valeur sur la base des travaux des anthropologues spécialistes des sociétés africaines et de leur fonctionnement. George Balandier, professeur émérite à la Sorbonne et très souvent sollicité en France lors de colloques d'anthropologie politique, tente dans Anthropologie Politique de faire le point sur ces études et de donner à son lecteur une plus grande compréhension du but de cette discipline qui au premier abord paraît être une variante de l'anthropologie, un dérivé de celle ci. Mais elle est plus que cela, elle est une discipline à part entière qui, dans le cadre de nos sociétés occidentales où individualisme rime souvent avec ethnocentrisme, nous permet d'appréhender le politique hors de nos frontières, dans sa diversité. L'auteur a donc pour but de faire le point sur les perspectives de l'anthropologie politique en portant un regard critique sur celle-ci. Pour George Balandier, cette spécialisation tardive de l'anthropologie sociale a prouvé son intérêt mais doit encore améliorer sa perception du phénomène politique, et faire face au processus historique de déclin des sociétés traditionnelles ou à leur dépolitisation. Car si l'anthropologie au sens classique du terme a pour but l'étude scientifique des sociétés dites exotiques, l'anthropologie politique recherche quant à elle la présence du politique en leur sein, processus par lequel un certain nombre d'individus imposent à d'autres des contraintes qu'ils légitiment par des éléments propres au fonctionnement de la société et actions visant au maintien ou au bouleversement de l'ordre établi.
Mêlant synthèse de l'ouvrage et analyse, nous observerons dans un premier temps les grandes lignes directrices de l'ouvrage ainsi que la méthode utilisée par l'auteur, avant de nous attacher aux véritables perspectives de l'anthropologie politique, reprenant ainsi le titre de la conclusion de l'ouvrage.
[...] George Balandier dresse ensuite la liste des différentes méthodes et tendances de l'anthropologie politique et insiste sur la démarche dynamiste qui s'impose à ces yeux comme la plus complète, puisqu'elle prend en considération les incompatibilités, les contradictions, les tensions et le mouvement inhérent à toute société. (G. Balandier in Anthropologie Politique). La naissance de cette discipline ayant été décrite, il est tout naturel que l'auteur se penche sur l'identification du politique, qui semble être à la base de tout succès dans l'analyse d'une société qualifiée d'exotique. Nous reviendrons en détail sur la démarche suivie pour expliquer la difficulté que constitue l'identification du phénomène politique. [...]
[...] Il s'appuie sur de nombreux exemples et semble relativiser l'impact de certains de leurs travaux pour mieux mettre en exergue une démarche qu'il juge plus appropriée, la méthode dynamiste. Nous l'avons vu, l'œuvre de G.Balandier dresse un portrait des objets étudiés par l'anthropologie politique au cours de ces vingt dernières années. L'auteur jette en conclusion un certain regard sur cette discipline. Nous verrons donc dans cette partie ce que l'auteur prévoit pour l'anthropologie politique (perspective de l'anthropologie politique) avant de nous attacher à l'apport général de cette discipline dans le champ de la science politique. [...]
[...] Il donne notamment l'exemple des Tiv de la Nigeria dont la vie politique est régie par la généalogie. La démarche dynamiste appliquée aux sociétés lignagères se retrouve dans le fait qu'une véritable compétition s'instaure entre les familles, ayant un impact sur l'ensemble de la société. S'ensuit alors une nouvelle perspective de présence du politique dans ces sociétés, la stratification sociale et le pouvoir, ou comment la tache de l'anthropologie politique est aussi de montrer les formes particulières que prennent le pouvoir et les inégalités sur lesquelles il s'appuie dans le cadre des sociétés exotiques : des sociétés qui comportent, elles aussi, des classe sociales dont les relations annoncent les formes élémentaires de la lutte des classes selon R.Bastide. [...]
[...] L'ouvrage s'ouvre sur la construction de l'anthropologie politique, comment cette discipline est née. Son objectif est alors avancé : rechercher les propriétés communes à toutes les organisations politiques reconnues dans leur diversité. L'anthropologie est alors un mode de reconnaissance et de connaissance de l'exotisme politique des formes de pratiques autres que celles connues en occident. Montesquieu dans L'Esprit des Lois est érigé en précurseur de la discipline par son étude du despotisme oriental. L'auteur poursuit en présentant les premiers anthropologues, citant notamment L.H Morgan auteur de L'Ancient Society (1877), qui propose une typologie des gouvernements. [...]
[...] Il démontre alors que la classification pose à nouveau problème et critique ainsi la démarche structuraliste. Lucy Mair qui propose trois types de gouvernements (minimal, diffus et étatique) se heurte à cette difficulté et en citant les travaux de Leach, à partir de son étude sur les Kachins, l'auteur démontre l'hybridité de certains types de gouvernements. La typologie est aux yeux de George Balandier un véritable danger car pour être efficace, elle doit recourir à des moyens de différenciation qui sortent du contexte politique et de l'ordre qu'il impose. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture