Dans quelles conditions et sous quelles formes la vie associative fonde-t-elle aujourd'hui un renouveau de la participation ? La promotion de l'autonomie associative fait-elle des associations un lieu politique propre appelé à compléter, voire à concurrencer, la démocratie représentative ? Comment s'organise la rencontre entre la légitimité du suffrage universel qui, dans la tradition républicaine, définit, seule, l'espace du politique et la légitimité 'participative' des associations ?
[...] L'effacement du politique n'est donc pas intrinsèquement lié au monde associatif, et au contraire il serait souhaitable de rendre au politique sa légitimité. Ce retrait du politique est pourtant réel actuellement, et visible notamment à travers la montée en puissance du registre du faire pour les autres (bénévolat, dons, etc.) aux dépens du faire ensemble (militantisme, adhésion ) dans le discours et dans la pratique associative. D'autre part, depuis le début de la décentralisation, selon l'auteur, les espaces territoriaux ouverts sur le registre du partenariat et de la concertation favorisent une logique consensuelle et le bénévolat paramunicipal plutôt que le militantisme Pour changer la donne, il faudrait que les rapports entre l'Etat et les collectivités publique, d'une part, et les associations, d'autre part, soient redéfinis L'auteur dénonce ainsi les insuffisances de la loi de 1901, comme le contrôle étroit de l'utilité sociale des associations par l'Etat, selon des critères qui sont mal définis, et qui menace l'autonomie financière, et donc l'indépendance des associations. [...]
[...] Comme forme de participation, la vie associative rénoverait la démocratie, comme forme de sociabilité, elle reconstituerait le lien social Ainsi le thème de la solidarité est particulièrement mis à l'honneur, car il allierait les deux registres du respect des droits de l'homme et de la lutte contre la crise qui engendre l'exclusion. Parallèlement, c'est la redécouverte du mythe de l'économie sociale, tiers secteur qui permettrait de régénérer la société civile par la promotion de la solidarité. La citoyenneté est un thème également souvent repris, notamment par la mobilisation associative issue de l'immigration. [...]
[...] Les associations sont liées au changement social, dans le sens où elles créent de la sociabilité, là où on observe une dissolution progressive des cadres traditionnels de la sociabilité (famille, voisinage, etc. Ainsi observe-t-on une relation globale entre développement de l'urbanisation et développement associatif. La croissance des ‘classes moyennes' est apparue également comme le premier facteur du développement associatif, que la composition sociale des associations illustre (sur-adhésion associative des professeurs et professions libérales, prédominance des professions intermédiaires Les associations peuvent être considérées d'autre part comme la partie émergée, cristallisée de mouvements sociaux plus profonds. [...]
[...] La rhétorique de l'immédiat, du concret et de la solidarité au quotidien se substitue de plus en plus au projet politique. C'est le temps des marches des mobilisations de mal-logés (qui donneront naissance à l'association Droit au logement des ‘Restaurants du cœur' ou encore des associations suscitées en liaison avec l'actualité internationale, tels les mobilisations en faveur de la Bosnie. Parallèlement, on assiste à l'effritement des traditions associatives, avec le déclin relatif des mouvements de jeunesse laïques ou confessionnels ou bien encore des associations de parents d'élèves (Fcpe et Peep). [...]
[...] Cette reconnaissance concédée et encadrée par l'Etat ne va pas sans ambiguïtés. II. Les associations légitimées Les associations peuvent être considérées de deux points de vue opposés : elles relèvent principalement de l'initiative des individus et des groupes (le développement associatif s'analyse alors comme un indicateur de changement social mais elles peuvent être également envisagées comme le prolongement des pouvoirs institutionnels, notamment l'Eglise, l'Etat et les collectivités locales, qui régulent et favorisent leur action (la vitalité associative s'inscrit alors dans une stratégie de contrôle social L'essor associatif, dans tous les cas, est réel. [...]
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