Emmanuel Todd est un démographe français qui a étendu ses recherches à la sociologie, la science politique, l'histoire et même l'économie. Il garde de sa formation initiale un goût prononcé pour les questions de population, voyant notamment dans les structures familiales traditionnelles des explications à l'organisation des sociétés. Il est devenu au cours des années 90 (et notamment suite à un malentendu qui en a fait le « père » de l'expression ensuite utilisée par le candidat Jacques Chirac de « fracture sociale ») un « intellectuel médiatique » dans le paysage français, appelé à s'exprimer sur un certain nombre de questions de société. Ses ouvrages ont, à partir de cette période, connu un succès grandissant auprès du grand public. Le livre qu'il nous est demandé de résumer et commenter, Après la Démocratie donc, est assez symptomatique de ce caractère un peu « double » d'Emmanuel Todd : chercheur d'abord, mais aussi essayiste relativement influent.
L'ouvrage mélange donc recherche sérieuse, données, hypothèses et théories « scientifiques » à un certain nombre de charges contre l'actuel président de la République, Ségolène Royal ou encore Henri Guaino (conseiller du président et ennemi intime de Todd). Cette ambiguïté manifeste dans le but et les moyens mis en œuvre par l'auteur provoque, comme tout bon essai de ce type des réactions contrastées de son lectorat, selon les affinités politiques, religieuses et idéologiques, ce qui a naturellement été le cas dans notre groupe de travail. Nous intégrerons ainsi une partie « critique » de l'ouvrage, avec des points de vue plus personnels sur le texte.
[...] Mais comment l'Angleterre, l'Allemagne ou les USA sont-elles parvenues à la démocratie sans que leur fond anthropologique ait inclus une valeur égalitaire ? La démocratie américaine s'est construite sur le principe de l'exclusion. En effet, l'attachement à la ségrégation des Noirs a été le moteur d'une certaine forme d'intégration : les Blancs regroupés ont ainsi établi un modèle égalitaire au sein de ce groupe sans s'attacher aux divergences d'origine ou de revenus. L'auteur compare ce mécanisme à la démocratie grecque fondée sur l'exclusion des esclaves. [...]
[...] Le système patine. Le couple droite/gauche ne fonctionne plus. Ainsi verrons-nous l'apparition d'un système politique autoritaire face à cela ? Cela parait exagéré, mais gardons en mémoire la violence des conflits sociaux. L'auteur se demande même si nous ne devrions pas inverser notre attitude face à la Chine et au lieu d'imposer nos droits de l'homme (alors que notre propre démocratie vacille), de nous inspirer de leur système de dictature, appelée chez nous gouvernance. L'opposition en France grandit entre classe dirigeante et population (exemple référendum 2005). [...]
[...] L'auteur manque quelque peu de rigueur : sa caractérisation de l'opposition droite gauche est peu satisfaisante. Le clivage peut sembler une évidence, mais comme l'auteur y a souvent recourt il aurait pu se donner la peine de le développer. On peut avoir un aperçu ici où là de la perception qu'il a des uns et des autres. Il décrit la trahison d'une gauche glissant vers la droite en l'accusant par exemple de carriérisme, mais on ne voit pas pourquoi ce travers devrait caractériser un glissement vers la droite. [...]
[...] Todd part d'un principe qu'il ne justifie pas : la démocratie est bonne par nature, et donc incompatible avec les problèmes rencontrés par la France actuellement. Cela signifie que les dérives rencontrées par la démocratie ne lui sont pas intrinsèques, mais au contraire la remettent en cause rien ne vaut mieux que la démocratie. Parti-pris qui pourrait être recevable s'il était argumenté. Sans aller jusque-là, sa conception politique de la démocratie est assez réductrice puisqu'il en a une approche structuraliste et déterministe. [...]
[...] Cette solution apparaît peu coûteuse, mais elle fait lever dans la société des forces d'une violence et d'une direction incontrôlable. Et peut finir par se retrouver la plus coûteuse. Solution 2 : la suppression du suffrage universel Ce suffrage produit de l'incertitude. Rappelons-nous de 2002. En 2007, l'exemple est différent nous avions le choix entre le candidat du conflit : (Nicolas Sarkozy) ou de la paix civile (Ségolène Royal). Et c'est cette violence du choix qui a conduit à une grande participation. [...]
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